Le meunier d’Angibault, de George Sand

Le meunier d'AngibaultGeorge Sand a écrit Le meunier d’Angibault en quelques semaines au cours de l’été 1844, puis l’a publié sous forme de feuilleton entre janvier et mars 1845. Elle y entrecroise deux histoires d’amour, celle d’un couple campagnard et d’un couple originaire de la ville, dont chacun des deux membres proviennent de milieux sociaux différents.

La jeune Marcelle de Blanchemont est veuve depuis un mois et rencontre en secret Henri Lémor, l’étudiant dont elle est profondément amoureuse depuis quelques temps déjà. Son amour désormais légitime, Marcelle espère pouvoir l’afficher aux yeux de tous, une fois la période de deuil accomplie. Mais Henri pense qu’il aime trop Marcelle pour lui demander des sacrifices à venir : elle est riche, tandis qu’il n’est qu’un pauvre étudiant. Il ne peut se résoudre à cette mésalliance. Au contraire, Marcelle ne conçoit pas que les idées romanesques d’Henri puissent représenter un obstacle à leur amour, et cela la plonge dans le désespoir.

Prétextant le besoin de mettre de l’ordre dans les affaires de son défunt mari, mais parce qu’elle a choisi de quitter Paris pour offrir à son fils Edouard une vie plus saine à la campagne, Marcelle décide de se rendre sur la terre de Blanchemont que lui a léguée son époux. Elle écrit à Henri et lui demande de l’attendre pendant une année.

Arrivés à quelques lieues de Blanchemont, Marcelle et son équipage font la connaissance de Grand-Louis, le meunier d’Angibault, proche voisin du château de Blanchemont. Charmée par l’accueil que lui réservent le meunier et sa mère, Marcelle devient rapidement amie avec lui, d’autant qu’elle découvre que Grand-Louis et elle-même vivent la même situation. Grand-Louis est en effet amoureux de Rose, la fille de Bricolin, un ancien paysan enrichi qui a profité du manque d’intérêt des châtelains de Blanchemont pour leur domaine. Or, Bricolin, pour qui ne compte que l’argent, ne consentira à donner sa fille qu’à un homme riche et il ne permet donc pas à Grand Louis de fréquenter Rose. À la campagne, comme en ville, c’est bien l’argent qui règle la hiérarchie des rapports sociaux.

Certes, Le meunier d’Angibault est une double histoire d’amour : Marcelle et Henri, l’aristocrate et l’étudiant pauvre d’une part, Rose et Grand-Louis, la riche paysanne et le meunier sans bien d’autre part, parviendront-ils à s’unir ? Peu importe au fond, car Le Meunier d’Angibault est aussi un roman social, qui permet à son auteur de démontrer la nécessité d’abolir la hiérarchie sociale fondée sur l’argent. Les deux intrigues amoureuses sont finalement secondaires, même si elles sont très bien menées et maintiennent en éveil l’attention du lecteur, en ménageant le suspense jusqu’au bout.

L’intérêt du roman est donc principalement historique : il doit en effet être replacé dans son contexte si l’on veut comprendre ce qu’étaient les rapports sociaux de l’époque, en particulier au sein du monde campagnard. Un classique à découvrir, tout particulièrement dans cette édition de poche, avec la préface et les commentaires éclairants de Béatrice Didier, Professeur à l’ENS de la rue d’Ulm.

Le meunier d’Angibault, George Sand, édition présentée, établie et annotée par Béatrice Didier, Classiques de poche n° 6047, Le livre de poche, Paris, 2004, 511p.

 

Livre lu dans le cadre du défi Le siècle des Lumières chez Parthénia, du challenge romantique chez Claudia Lucia, et du challenge Un classique par mois, chez Stephie.

Défi Le siècle des Lumières

Challenge romantique

Challenge un classique par mois

7 réflexions sur “Le meunier d’Angibault, de George Sand

    • Oui, elle était en effet très en avance pour son temps, dans ce domaine, comme dans bien d’autres.
      Après « Mauprat » et « Le meunier d’Angibault », je pense continuer dans mes lectures de Sand, certainement avec « Consuelo ».
      A bientôt !

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  1. Merci pour ta contribution !

    Je me rends compte avec tes billets que je ne connais finalement que les oeuvres les plus célèbres de George !
    La réflexion sociale de l’auteure semble très intéressante, et surtout très moderne !

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    • Oui, avant de lire « Mauprat », « Le meunier d’Angibault » et la correspondance entre Musset et Sand, je ne connaissais que « La petite fadette » et « La mare au diable », lus quand j’étais adolescente. Mais l’œuvre de Sand est immense et il y a beaucoup à découvrir, et comme tu dis, la réflexion de Sand est très moderne pour l’époque, surtout dans son milieu. Bref, encore beaucoup de lectures en perspective !
      Bon week-end, à bientôt !

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