Bernard Ollivier est l’auteur de plusieurs récits de voyage dont «Longue marche», trois volumes dans lesquels il raconte son périple à pied, sur la route de la soie, d’Istanbul à … la Chine ! Un récit d’une grande richesse à la fois historique et géographique, mais surtout humaine, car Bernard Ollivier aime s’arrêter sur les nombreuses rencontres qui ponctuent les étapes de ses voyages.
L’«Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main» est son premier roman, et c’est une réussite. Rosa est une jeune paysanne, mariée à seize ans à un homme de quarante ans, alcoolique. Après quelques années de mariage, la situation se dégrade encore quand Mathieu, le mari de Rosa, tombe malade. Pour survivre et payer les traitements, Rosa a ouvert au voisinage la grande salle de sa ferme, pour en faire un débit de boissons, vite fréquenté par les quelques ivrognes du coin.
Un soir, une discussion un peu enflammée entre les habitués du bistrot improvisé se termine en un défi stupide : les hommes s’engagent dans un concours visant à déterminer … leur virilité. Et comme pour toute compétition, il faut un arbitre, et plus précisément une femme ! Surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer les prouesses des hommes du village !
Je n’en dirai pas plus pour préserver le suspense, mais ce concours original aboutira néanmoins à forcer le destin sans espoir de certains des participants et même à leur offrir de belles surprises. Rosa est, parmi ces rustres -dont certains ont le cœur tendre, on s’en doute-, une héroïne intelligente, fière, courageuse et profondément humaine. L’auteur dresse ici le beau portrait d’une femme qui évolue dans le monde paysan du tout début du XXème siècle, tiraillée entre les traditions et la modernité. Le contexte politique est d’ailleurs très intéressant : l’affaire Dreyfus est encore au centre des débats, tandis que la séparation de l’église et de l’Etat se prépare.
Au total, j’ai beaucoup apprécié ce roman drôle, très agréable à lire, qui ressemble à un conte, dans une ambiance de campagne normande qui a « un petit quelque chose » de Maupassant !
Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main, Bernard Ollivier, Libretto, Paris, 2013, 264 p.
Merci. Ca a l’air pas mal du tout… tout en me faisant un petit peu peur pour Rosa entourée d’alcoolos prêts à tout j’imagine pour imposer leur virilité… Ca me flanque les jetons !
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Il ne faut pas. Rosa est un petit bout de femme, mais elle sait se faire respecter ! Et puis certains de ces alcoolos ne le sont pas tant que cela, et ils sont même attendrissants !
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sympathique ! Je le note, bon week-end
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