Après s’être intéressée à Nietsche, Henri Miller ou Rilke, Béatrice Commengé a choisi d’explorer les lieux parisiens de Patrick Modiano, ceux de sa vie, comme ceux de ses romans. Nous suivons ainsi le parcours de celui qui écrit pour retrouver un Paris qui n’existe plus, celui de son enfance, de son adolescence, mais aussi le Paris de l’Occupation que l’écrivain né en 1945 n’a pas connu. Béatrice Commengé met ses pas dans ceux de Modiano et explique :
« Sans cesse résonnent en moi les mots de l’écrivain. Obsession de la topographie, avec l’espoir que de sa précision surgira un peu de la vie qui se cache derrière un nom, un numéro, une rue, de cette vie qui n’est plus, mais qui a laissé sa trace ».
La promenade commence Quai de Conti devant la maison d’enfance de Modiano et explore l’univers du petit Patrick et de son frère Rudy qui disparaîtra trop tôt. Elle passe par le quartier latin que Modiano arpentait adolescent, puis se poursuit sur les traces de la mère de Modiano, la jeune comédienne Louisa Colpeyn, qui a rencontré le père de Modiano, pendant l’Occupation, dans un bel immeuble du XVIème arrondissement. L’exploration permet de croiser la figure mystérieuse du père, puis elle s’élargit, lorsque Patrick Modiano erre seul dans Paris, vers les boulevards de ceinture, sans oublier les « zones neutres » chères à l’écrivain, que Béatrice Commengé essaie de définir.
Au passage, on rencontre Raymond Queneau, Boris Vian, Jean Mermoz. On visite les cafés préférés de Modiano, comme Le Condé, les cinémas et même les arbres et leur bruissement, dont Béatrice Commengé souligne la place importante qu’ils occupent dans l’œuvre de Modiano.
Peu à peu, se dessine le Paris intime de Modiano : les lieux évoqués dans les romans de Modiano, souvent à plusieurs reprises, comme les échos multiples d’un même rêve. Béatrice Commengé parvient très bien à restituer l’atmosphère onirique des romans de Modiano à travers cette exploration menée pendant l’hiver 2015.
J’ai juste regretté que la mise en page ne soit pas plus aérée, ce qui est certes difficile compte tenu du petit format du livre. Et j’aurais beaucoup apprécié disposer d’une carte de ce Paris intime de Modiano qui est très vaste et s’étend à une quinzaine d’arrondissements. J’imagine que cela aurait pu être une aide précieuse pour les lecteurs qui ne connaissent pas, ou pas assez bien, certains quartiers de Paris. Cela dit, « Le Paris de Modiano » plaira sans doute à tous les inconditionnels de Modiano, ce qui est mon cas !
Le Paris de Modiano, Béatrice Commengé, Editions Alexandrines, Collection Le Paris des écrivains, Paris, mai 2015, 89 p.
Je remercie le site Babelio et son opération Masse critique, ainsi que les éditions Alexandrines, de m’avoir fait découvrir cet ouvrage. À noter que les éditions Alexandrines proposent d’autres titres très intéressants dans la récente collection « Le Paris des écrivains », ainsi que de nombreuses balades littéraires dans la collection « Sur les pas des écrivains ».
très tentant, c’est vrai…
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup la géographie parisienne de Modiano mais je préférerais d’abord lire d’autre romans de lui avant de m’attaquer à un ouvrage analytique… Avoir une carte de Paris sous les yeux peut être utile en effet, mais j’ai cru comprendre que Modiano invente certains lieux ?
J’aimeJ’aime
Oui, le Paris de Modiano est à la fois inventé et bien réel. Mais il s’appuie toujours sur des endroits qui existent vraiment, avec parfois des adresses très précises. Et Béatrice Commengé nous parle à la fois du Paris de l’enfance et de la vie de Modiano, et de celui qui est évoqué dans les romans de l’écrivain. Et les deux se rejoignent souvent.
Mais c’est vrai qu’il vaut mieux connaître plusieurs livres de Modiano pour apprécier cet essai.
J’aimeJ’aime
Pingback: Challenge Destination PAL : atterrissage, ma PAL d’arrivée | Le livre d'après
Pingback: Villa triste, Patrick Modiano | Le livre d'après