Après avoir commencé à lire les enquêtes de Pénélope et Wandrille par le quatrième tome (« Intrigue à Giverny », dont le thème me plaisait particulièrement), j’ai repris plus raisonnablement la lecture de la série à son origine et dans l’ordre.
Dans « Intrigue à l’anglaise », premier roman de la série, Pénélope accepte avec une pointe de regrets son premier poste au Musée de Bayeux. Elle est en effet nommée conservatrice adjointe du musée de la tapisserie, sous les ordres de Solange Fulgence, qu’elle déteste déjà. Pourtant, lorsque cette dernière est victime d’une tentative d’assassinat qui la plonge dans le coma, Pénélope relève le défi avec courage et se lance dans l’enquête. Elle est d’ailleurs rapidement chargée par le Directeur du Louvre d’enquêter discrètement sur la tapisserie de Bayeux et les trois mètres de toile manquantes !
Adrien Goetz met en place les ingrédients de ses comédies policières artistiques, qui m’avaient tant plus dans « Intrigue à Giverny » : un mélange d’histoire et d’histoire de l’art, à la fois ancienne et contemporaine. Ici, les amateurs apprécieront l’histoire de Guillaume le Conquérant et de la tapisserie de Bayeux. L’auteur entremêle habilement à l’intrigue l’affaire de l’exposition de la tapisserie à Paris sous le 1er Empire, et le rôle joué alors par Dominique Vivant-Denon, « Ministre des Arts » de Napoléon, ainsi que l’épisode du convoi organisé par les SS pour faire transporter la tapisserie de Paris à Berlin… Sans oublier la monarchie anglaise et les Windsor : d’ailleurs, l’intrigue se déroule fin août 1997, au moment de la mort à Paris de Lady Diana, mais ce n’est pas un hasard, bien sûr…
« Intrigue à Versailles » : Après avoir commencé sa carrière à Bayeux, Pénélope est nommée conservatrice du patrimoine au château de Versailles. Dès sa première journée de travail, un cadavre est découvert par une joggeuse américaine dans un des bassins du parc. Au même moment, Médard, chargé de la ronde du matin, trouve une « table à écrire » qui n’a jamais été là auparavant, dans la bibliothèque de la Reine. Il est encore plus stupéfait lorsqu’il se rend compte que du sang goutte de cette table : un doigt fraîchement coupé repose dans un des tiroirs…
Cette première matinée de travail est bien chargée pour Pénélope ! En plus, alors qu’elle n’a pas encore eu le temps de faire connaissance avec l’ensemble du personnel du château, elle doit recevoir un étrange Chinois, ancien rouge devenu richissime, qui désire reconstruire dans les environs de Shanghai une forteresse semblable au premier château de Versailles, tel qu’il était sous Louis XIII. C’est trop pour la jeune conservatrice, mais pour le lecteur aussi, car tout se croise et s’entrechoque, pour constituer finalement une intrigue plutôt hachée et peu vraisemblable.
J’ai donc été relativement déçue par cet épisode. L’auteur semble avoir trop à dire et on a l’impression qu’il a crée l’intrigue et ses développements au service des connaissances foisonnantes qu’il voulait mettre en avant. La période est passionnante, Port-Royal et le jansénisme sont des thèmes peu évoqués dans ce genre de romans, et Adrien Goetz a beaucoup à nous apporter, mais son roman aurait gagné à être élagué. De plus, au niveau du style, les enchaînements sont parfois abrupts et entravent la fluidité du récit.
Voilà un jugement assez sévère, et je me suis étonnée d’avoir tant apprécié le quatrième tome, qui est celui que j‘ai lu en premier et que j’ai beaucoup aimé : était-ce le fait de la nouveauté, du cocktail polar-histoire de l’art qui m’a particulièrement plu, ou de la période impressionniste que j’aime beaucoup ? Ou Adrien Goetz avait-il tenu compte de certaines critiques lors de l’écriture d’ « Intrigue à Giverny » ?
En tout cas, cette déception ne m’empêchera pas de lire la suite des aventures de Pénélope et Wandrille, principalement, vous l’aurez compris, pour les détails passionnants de l’histoire de l’art que l’auteur nous livre.
« Intrigue à Venise » : Pénélope est toujours en poste au Château de Versailles. Elle ne désespère plus d’être un jour nommée au Musée du Louvre, en particulier dans le domaine des tissus coptes, sa spécialité : Pénélope a simplement compris qu’il lui faudrait de la patience, mais qu’elle parviendrait un jour à ses fins.
Pour l’heure, Pénélope est envoyée à Venise, pour participer à un colloque consacré aux gondoles en tant qu’instruments de la conquête vénitienne. Elle espère bien, une fois sa communication présentée, pouvoir arpenter la ville et découvrir les nombreux trésors artistiques qu’elle ne connaît… que par les livres. En effet, bien qu’étant historienne de l’art et conservatrice du patrimoine, Pénélope n’a jamais mis les pieds à Venise, ce qu’elle s’évertue d’ailleurs à cacher avec talent.
A nouveau, ses projets vont être contrariés, lorsque le très sélect club des « écrivains français de Venise » prend peur. L’un des leurs vient de mourir tragiquement à Rome, alors qu’il se cachait à la Villa Médicis, se sachant menacé depuis quelques temps. Et il ne sera pas le dernier ! Pénélope découvre en effet un message de menace, accompagnant une tête de chat coupée, placé au pied du Colleone, la statue équestre de Bartolomeo Colleoni, devant l’église San Zanipolo à Venise.
Au même moment, Wandrille, son fiancé, réalise un reportage à Paris, sur les lieux parisiens qui évoquent Venise. Il se trouve avec Jacquelin de Craonne, l’un des membres du club des écrivains français de Venise, au pied de la copie du Colleone, dans la chapelle de l’Ecole des Beaux-Arts. Et tous deux découvrent le même message de menace, avec une tête de chat sanguinolente !
Pénélope et Wandrille se lancent dans cette enquête et se retrouveront bien vite sur la trace d’un tableau inconnu de Rembrandt, enjeu de cette course à travers Venise et les îles de la lagune, avec un petit détour par Rome et l’île de Stromboli.
J’ai préféré nettement cette troisième aventure à la seconde qui se déroulait à Versailles. Elle m’a paru moins dispersée, même si cela reste l’une des faiblesses des romans policiers d’Adrien Goetz. On a parfois un peu de mal à suivre le fil conducteur, et certains éléments sont un peu « tirés par les cheveux ». Néanmoins, l’intérêt reste complet pour l’aspect historique et artistique de ces romans, même s’il faut démêler ce qui est réel et ce qui est inventé. Au total, je dirai qu’il s’agit d’un bon divertissement qui a le mérite de donner envie d’en apprendre davantage sur la période historique et sur les œuvres d’art évoquées !
Intrigue à l’anglaise, Adrien Goetz, Le Livre de poche, Paris, n°31061, septembre 2008, 318 p.
Intrigue à Versailles, Adrien Goetz, Le Livre de poche, Paris, n°31709, septembre 2012, 415 p.
Intrigue à Venise, Adrien Goetz, Le Livre de poche, Paris, n°32881, septembre 2014, 307 p.
Challenge Destination PAL, chez Lili Galipette.
Intrigue à l’anglaise, je l’ai lu il y a quelques années et j’avais bien aimé.
J’aimeJ’aime
Oui, moi aussi, bien que l’histoire de l’Angleterre ne fasse pas partie de mes dadas. Du coup, j’ai beaucoup appris avec cette première enquête de Pénélope !
J’aimeAimé par 1 personne
Pas encore eu le temps de me plonger dans ces intrigues pourtant bien attirantes…
J’aimeJ’aime
Oui, des divertissements intelligents qui poussent à en apprendre davantage sur le sujet !
J’aimeJ’aime
J’ai l’impression que tu es un peu mi-figue mi-raisin, du coup j’hésite à découvrir cette série… Peut-être lirais-je ton coup de coeur, intrigue à Giverny 😉
Merci de ces critiques en série, c’est sympa !
J’aimeJ’aime
Oui, je suis un peu mitigée concernant la construction de l’intrigue, particulièrement dans le deuxième volume (Versailles) et le style. C’est dommage car sur le fond, c’est passionnant. Mais je pense que l’on peut passer au-dessus de ces bémols, si le sujet nous intéresse vraiment, c’est sans doute ce qui s’est passé avec moi concernant l’épisode de Giverny et celui de Venise…
J’aimeJ’aime
Je ne connaissais que celui de Giverny (qui me tente bien) je ne savais pas qu’il y en avait plusieurs !
J’aimeJ’aime
Oui, et je ne sais pas si l’auteur en prépare d’autres… En tous cas, Giverny reste mon préféré, ainsi que Venise, parce que ce sont quelques uns de mes centres d’intérêt.
J’aimeJ’aime
Pingback: Challenge Destination PAL : atterrissage, ma PAL d’arrivée | Le livre d'après