Voici un roman qui ne figurait pas dans ma liste de lectures pour les vacances, mais qui représente une belle découverte faite en juillet dans une petite librairie de montagne : « Le Bout du Monde, nos plus belles années », éditée par une maison d’édition varoise « Parole Editions ». Ce roman d’Edith Reffet (1923-2008) a été publié à titre posthume par sa fille en 2008. Edith Reffet avait déjà publié quelques romans sous son nom d’épouse, Edith Kespi, notamment chez Flammarion en 1956. Elle est également l’auteur de livres pour enfants.
Edith Reffet était institutrice, une carrière qu’elle a commencée dans un village perdu au fond d’une vallée du Beaufortain, à une dizaine de kilomètres d’Albertville. C’est de cette première expérience qu’elle a tiré ce beau roman qui n’est qu’en partie autobiographique.
Après trois ans passés à l’Ecole Normale à Chambéry, Suzanne, la narratrice, obtient son premier poste d’institutrice en octobre 1943, dans un village au nom évocateur : « Le Bout du Monde ». C’est d’ailleurs un chemin à mulet qui permet d’accéder à l’école, située en lisière d’une magnifique forêt. Suzanne s’installe dans l’appartement de fonction au-dessus de l’école, seule. Elle n‘a que vingt ans. Orpheline, elle a été élevée par son oncle, et aidée par d’anciens amis de ses parents, propriétaires du bel hôtel Magnin à Albertville. Ce sont les parents d’Hélène, une jeune fille de son âge dont elle est très proche. Mais sa meilleure amie est Jo, rencontrée à l’Ecole Normale, une fille très belle, pleine de vie, trop parfois.
Suzanne vit ce premier hiver au Bout du Monde dans le plus grand isolement. Heureusement, elle trouve souvent refuge chez une vieille voisine presque aveugle, Mémé Mollard, qui est toujours là pour la rassurer. Les nuits d’hiver sont longues et noires au Bout du Monde, et les veillées chez Mémé Mollard sont l’occasion de rencontrer Roger, dont Suzanne tombe éperdument amoureuse. Mais Roger est aussi le Capitaine Vial, chef des maquisards de la région.
Montée au Bout du monde pour rendre visite à son amie Suzanne, Hélène y rencontre le Capitaine Vial et entre dans la Résistance à ses côtés. Deviendra-t-elle une rivale pour Suzanne, qui s’applique à faire taire sa jalousie ? Pendant de temps, Jo, nommée aux Fougères, un autre village de la région, descend régulièrement à Albertville où elle mène une vie dissolue. Elle finit par s’éprendre de Freidrich, un officier allemand qu’elle espère épouser après la guerre.
Dans ce roman tiré de son journal, l’auteure évoque avec justesse et sensibilité l’isolement vécu pendant ses années de jeunesse, la force de l’amitié et la naissance de l’amour. Le ton d’Edith Reffet est parfois grave mais jamais pesant et il est servi par une belle écriture.
On y rencontre des personnages attachants, comme la narratrice Suzanne, jeune fille d’une grande maturité, amie fidèle et sincère, amoureuse déçue qui a conscience de perdre les plus belles années de sa vie. Il y a aussi Hélène, jeune fille gâtée par la vie, droite et entière, secrète et farouche. Et surtout Jo, au caractère rebelle, qui aime passionnément la vie, ce qui lui fait commettre des erreurs fatales, jusqu’à la plus terrible de toutes.
Je vous recommande ce roman qui nous plonge dans l’atmosphère particulière des années de guerre en montagne, où les sentiments paraissent comme amplifiés par l’isolement et l’éloignement. Une auteure dont j’aimerais découvrir d’autres livres…
Le Bout du Monde, nos plus belles années, Edith Reffet, collection main de femme, Editions parole, Bauduen (département du Var), décembre 2010, 320 p.
celui-ci me tente énormément, je salive littéralement !!!
je m’empresse de le noter. je ne connais pas du tout l’auteure mais j’y vais les yeux fermés avec ta critique… 🙂
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Il m’a beaucoup plu en effet. J’ai rencontré l’une des filles de l’auteure cet été. Elle présentait ce livre et m’a convaincue de l’acheter et je n’ai pas été déçue. J’ai beaucoup aimé l’ambiance silencieuse de ce village de montagne, et le tempérament entier de ces trois jeunes filles, qui sont pourtant très différentes les unes des autres. Je viens de faire une petite recherche sur Internet et j’ai trouvé une autre critique de ce roman, avec laquelle je suis tout à fait d’accord. Si cela t’intéresse, voici le lien : http://www.lecteurs.com/article/le-bout-du-monde-nos-plus-belles-annees-dedith-reffet/700158
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ce lien est très intéressant
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Ton résumé me fait envie. J’aime énormément cette région savoyarde. Ça me fait aussi penser à « Une soupe aux herbes sauvages » qui est le roman autobiographique d’une institutrice dans les hautes Alpes…
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C’est vrai, je ne l’ai jamais lu mais j’en ai déjà entendu parler. Une bonne idée, certainement. Moi aussi, j’aime beaucoup cette région, comme l’ensemble des Alpes d’ailleurs.
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Une belle découverte, le hasard fait bien les choses.
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En effet, et comme deux autres romans de cette auteure ont paru à titre posthume assez récemment, je compte bien poursuivre ma découverte.
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