Archive | février 2016

Le dernier battement de cœur, Simona Sparaco

Le dernier battement de coeur Simona SparacoVoici un roman que j’ai lu acheté en Italie en juillet 2013, sur les conseils d’une libraire. Le livre était alors en lice pour le prestigieux Prix Strega, l’équivalent de notre Goncourt. Il vient d’être traduit en français et publié aux éditions Michel Lafon.

Luce, enceinte de presque trente semaines, et Pietro, son mari, attendent de passer la dernière échographie avant la naissance de leur premier enfant. Pietro regarde les clichés des échographies précédentes en cherchant à qui peut bien ressembler Lorenzo. Celui-ci se manifeste d’ailleurs en donnant des coups de pieds à sa maman. Mais déjà, le lecteur sait que tout va basculer. En effet, détaillant ses préoccupations légères et futiles, comme la couleur de la chambre du bébé, la future maman de demande pourquoi nos pensées sont en général si insignifiantes, juste avant que ne se produise « l’impensable ».  Luce poursuit en décrivant la préparation de l’examen avec précision et froideur. La tension est bien présente.

Quelques minutes plus tard, le verdict est là : Lorenzo souffre d’un retard de croissance préoccupant, dû à une forme de dysplasie squelettique. Chacun réagit différemment face à  cet « impensable ». Pietro demande quel est le traitement à prévoir. Luce pleure et demande si c’est sa faute, si elle a fait quelque chose de mal pendant sa grossesse qui a bien pu les amener là. Fin du prologue.

La première partie du roman s’ouvre sur une lettre du courrier des lecteurs, adressée à Luce. Celle-ci est en effet journaliste et tient une rubrique dans un hebdomadaire où elle dispense des conseils de toutes sortes. Luce revient alors en arrière et raconte des épisodes de son enfance, sa rencontre avec Pietro, leurs difficultés pour concevoir un enfant. Elle évoque ensuite les jours qui ont suivi l’annonce de la maladie de leur enfant, les pensées qui défilent, et la douleur omniprésente.

Puis viennent les questions, la recherche d’informations et de traitements possibles. Et la mauvaise nouvelle, une fois de plus : l’enfant pourrait ne pas survivre. Enfin, le conseil de la gynécologue de ne pas mener la grossesse à terme. Luce voit le ciel lui tomber sur la tête, d’autant qu’en Italie, le délai légal pour un avortement thérapeutique est dépassé. Ce n’est pas le cas en Angleterre, comme on le leur explique : le couple peut encore y rencontrer un généticien pour un dernier examen avant la décision finale.

Luce dissèque tous les sentiments qui la traversent : douleur, peur, angoisse, indécision, culpabilité, solitude, incompréhension, et amour. L’auteur nous donne à voir le cheminement long et douloureux que doit endurer Luce, avant de renaître à la vie. « Le dernier battement de coeur » est une belle lecture, difficile et bouleversante, mais aussi pleine de courage, de sincérité, et finalement porteuse d’espoir. Un roman qui m’a amenée à m’intéresser au problème de l’avortement thérapeutique, qui pousse aujourd’hui encore des couples italiens à rechercher un hôpital à l’étranger quand les délais légaux sont dépassés dans leur pays.

« Le dernier battement de cœur » n’a finalement pas été primé en Italie, même s’il était finaliste pour le prix Strega. Plusieurs critiques italiens se sont accordés sur le fait que l’écriture du roman n’était pas littéraire, mais plutôt, « à la portée de tous », ce qui en Italie,  place d’office un auteur à l’écart de la littérature ! D’autres ont évoqué une écriture « pas particulièrement brillante », ce qui n’a pas empêché le roman de Simona Sparaco de conquérir de nombreux lecteurs de l’autre côté des Alpes. D’ailleurs, il est plutôt bien écrit, même si son intérêt ne réside pas là.

Le fait est que le thème de l’avortement, même pratiqué pour des raisons thérapeutiques, est encore tabou en Italie, où la religion garde une forte influence. Divers articles de la presse italienne ont salué ce roman, comme étant « nécessaire ». L’auteure a en effet expliqué qu’elle considérait qu’un des rôles de la littérature était de mettre en avant des questions éthiques difficiles. Et de ce point de vue, c’est une réussite totale : « Le dernier battement de coeur» est essentiel pour les questions qu’il aborde, et la façon dont il examine toutes les facettes du problème, le tout avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité.

 

Le dernier battement de coeur, Simona Sparaco, traduit de l’italien par Elise Gruau, Michel Lafon, Paris, janvier 2016.

 

 

L’utilité de l’inutile, de Nuccio Ordine

l'utilité de l'inutileComme souvent en temps de crise, l’idéologie utilitariste prend le dessus, notamment lorsqu’il s’agit de réduire les dépenses, mais pas seulement : c’est toute une culture privilégiant ce qui est « utile », au sens de directement quantifiable, qui est en train de se développer. Ainsi, les savoirs que sont par exemple les humanités sont aujourd’hui très souvent considérés comme inutiles parce qu’ils ont seulement une fin en soi et n’ont aucune implication pratique, étant purement désintéressés et gratuits. Ils sont pourtant essentiels, parce qu’ils « peuvent jouer un rôle fondamental dans la formation de l’esprit et dans l’élévation du niveau de civisme et de civilisation de l’humanité » (introduction p X).

C’est en ce sens que les humanités contribuent à rendre l’Homme meilleur, et sont donc tout à fait utiles, comme le souligne Nuccio Ordine, professeur de littérature italienne à l’université de Calabre, éditeur, et auteur de nombreux ouvrages consacrés, entre autres,  à la Renaissance et à Giordano Bruno.  C’est en effet précisément quand tout va mal que le superflu et l’inutile prennent tout leur sens : l’inutile n’a alors jamais été aussi utile, ainsi que le démontre l’auteur dans ce  « Manifeste » qui s’articule en trois parties consacrées respectivement à « L’utile inutilité de la littérature », au développement malheureux de « L’université-entreprise et les étudiants-clients », et à la valeur illusoire que revêt la possession, ainsi qu’aux multiples effets destructeurs de «l’avoir», qui de nos jours supplante trop souvent « l’être ».

Dans ce texte essentiel, Nuccio Ordine dénonce le fait que les disciplines humanistes, au premier rang desquelles la littérature, sont de plus en plus fréquemment marginalisées dans les programmes scolaires, comme dans les budgets des Etats. La littérature fait partie des savoirs qui ne produit aucun profit et pourtant, c’est en cela même qu’elle est essentielle :

(…) « c’est précisément le fait qu’elle est affranchie de toute aspiration au profit qui peut se révéler, en soi, une forme de résistance aux égoïsmes de notre temps, comme un antidote à cette barbarie de l’utilité qui a fini par corrompre jusqu’à nos relations sociales et nos sentiments les plus intimes » (p7).

L’auteur dresse ensuite un panorama des rapports entre la littérature et la notion de profit, allant d’Ovide, Dante et Pétrarque à Calvino et Cioran, en passant par le Shylock de Shakespeare, Don Quichotte, et Ionesco, sans oublier la poésie et notamment Baudelaire et la théorie de « l’Art pour l’art » chère à Théophile Gautier, ainsi que quelques philosophes comme Kant ou Heidegger, pour ne citer qu’eux.

Les réflexions que rapporte Nuccio Ordine sont d’une grande actualité. La nécessité et le profit représentent un poids qui réduit l’homme en esclavage et, plus grave encore, qui en fait une proie facile pour tous les fanatismes, principalement religieux. L’auteur s’intéresse ensuite aux conséquences désastreuses de l’application du principe de profit au monde de l’enseignement et de la recherche scientifique. Il se dit préoccupé par le fait que l’Etat se désengage économiquement de ces secteurs, comme en témoignent les réformes allant vers un abaissement généralisé des niveaux d’exigence, dans plusieurs pays européens. Les lycées et universités sont devenus des entreprises et les étudiants ne sont ni plus ni moins que des clients à satisfaire, Harvard en est l’exemple le plus criant.  Et de citer Victor Hugo qui déjà, critiquait les ministres de vouloir tailler dans les budgets de la culture, alors qu’en période de crise, il conviendrait plutôt de doubler les sommes consacrées aux sciences, aux arts et aux lettres.

Pour Ordine, l’homme instruit a réussi sa vie, et la connaissance, la curiosité envers le savoir, valent mieux que n’importe quelle réussite professionnelle. L’école et l’université doivent viser avant tout à « l’acquisition de connaissances qui, détachées de toute obligation utilitaire, nous font grandir et nous rendent plus autonomes » (p85).  La fonction éducative de l ‘enseignement, loin de se cantonner à la préparation à une  profession, ne doit pas oublier sa visée universaliste.

« Réduire l’être humain à sa profession constituerait donc une très grave erreur : il y a chez tout homme quelque chose d’essentiel qui va bien au-delà de son « métier ». Sans cette dimension pédagogique, absolument éloignée de toute forme d’utilitarisme, il serait bien difficile, à l’avenir, de pouvoir encore imaginer des citoyens responsables, capables de dépasser leur égoïsme pour embrasser le bien commun, se montrer solidaires, pratiquer la tolérance, revendiquer leur liberté, protéger la nature, défendre la justice (p86).

L’auteur n’oublie pas de défendre les langues classiques, et notamment le latin et le grec, malheureusement en déclin devant l’idéologie utilitariste, et dont la disparition fera place à « une humanité privée de mémoire qui perdra complétement le sens de sa propre identité et de sa propre histoire ». Tout comme la lecture des classiques, de plus en plus oubliée au sein des établissements scolaires au profit d’anthologies en tout genre qui offrent à l’élève l’illusion de la connaissance alors qu’il n’a  jamais lu en entier aucun des  grands textes fondateurs de notre civilisation. Enfin, Nuccio Ordine dénonce le rôle que l’administration concède à des professeurs-bureaucrates, alors que le professeur devrait à nouveau se voir confier le rôle de passeur de connaissance, de transmetteur de passion, ce qui présuppose bien sûr  gratuité et désintéressement.

Enfin l’auteur termine en reprenant la voix de nombreux classiques qui n’ont cessé de clamer que la possession n’est qu’une illusion dangereuse pour le savoir et pour les relations humaines. L’obsession de posséder met en danger le savoir et l’école, la créativité et l’art, ainsi que des valeurs fondamentales comme la dignité de l’homme, l’amour et la vérité.  A nous de combattre ce désir funeste en privilégiant la vie intellectuelle qui nous apporte davantage de satisfactions que la plupart des biens matériels.

Bon, vous l’aurez compris, le manifeste de Nuccio Ordine est sans aucun doute d’une grande utilité ! J’aurais aimé l’avoir sous la main pour le conseiller à cette maman qui a empêché sa fille de choisir le latin, parce que l’économie était, à son avis, beaucoup plus utile dans la vie !

 

L’utilité de l’inutile, Manifeste, suivi d’un essai d’Abraham Flexner, Nuccio Ordine, traductions de Luc Hersant et Patrick Hersant, Nouvelle édition augmentée, Les Belles Lettres,  Paris, 2015, 228 p.

 

Lu dans le cadre du challenge Il viaggio chez Eimelle

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Péchés mortels, de Donna Leon

péchés mortelsBien que ne faisant pas partie de la littérature italienne, puisqu’elles sont écrites en anglais, les enquêtes du commissaire Brunetti témoignent à merveille de la culture vénitienne et plus généralement de la réalité italienne contemporaine. Il est vrai que l’auteure, Donna Leon, est installée depuis 1981 à Venise.

Dans cet épisode écrit en 1999,  Donna Leon nous montre que l’Italie rime avec … Vatican, ce qui est toujours vrai aujourd’hui. La religion catholique revêt un poids considérable en Italie, que l’on fasse partie des fidèles ou des détracteurs… ce qui est le cas ici du commissaire Brunetti et de sa chère épouse, Paola. La question de savoir qui d’entre eux a choisi de donner à ses enfants une éducation catholique, loin d’être tranchée, s’immisce dans les conversations familiales, alors que Brunetti est confronté à une énigme qu’il décide de résoudre de façon officieuse, profitant de l’absence de son chef, l’inénarrable Patta !

Maria Testa, anciennement Suor Immacolata, une jeune femme qui vient de quitter les ordres, et qui travaillait jusqu’alors dans la maison de repos où réside la mère du commissaire Brunetti, s’adresse à celui-ci pour lui faire part de ses soupçons quant à la mort de cinq anciens pensionnaires. Peu après, elle est renversée par une voiture, alors qu’elle circulait à byciclette sur une route du Lido, où elle venait d’emménager et de trouver un nouvel emploi. Brunetti se rend au chevet de l’ancienne religieuse qui se trouve dans le coma et il décide de mener l’enquête. L’ombre de l’Opera Pia, une organisation religieuse redoutable, se dessine …

« Péchés mortels » emmène le lecteur au sein de milieux catholiques corrompus où règnent, comme dans toute autre activité humaine, l’argent et le pouvoir. Secondé par la brillante Ellettra, ainsi que par un Vianello tristement cynique et blasé, Brunetti réussit comme toujours à boucler son enquête dans une Venise qui se montre fidèle à son histoire… Un excellent divertissement !

 

Péchés mortels, Donna Leon, traduit de l’anglais par William Oliver Desmond, Points Seuil, 2001, 288p.

 

Lu dans le cadre du challenge Il viaggio chez Eimelle et du challenge vénitien chez Le livre d’après

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Superbe « Géographie de l’instant » !

 

géographie de l'instant

Me voilà de retour dans le domaine du récit de voyage avec le très beau « Géographie de l’instant » de Sylvain Tesson, paru en 2014 en édition de poche. Il s’agit plus précisément d’un recueil des bloc-notes que l’écrivain-voyageur a publiés entre 2006 et 2012, pour la plupart dans le magazine mensuel « Grands reportages ». Sylvain Tesson nous donne une belle définition de ces « instantanés » dans l’avant-propos de son ouvrage :

 « Qu’est-ce qu’un bloc-notes ?  Un herbier.  Sur le chemin, on cueille une aimable vision, dans un livre, on rafle une pensée. En ville, une scène de la vie quotidienne nous émeut, nous indispose. Sur un mur, une affiche clame un slogan absurde. Dans le ciel, un nuage prend la forme d’un visage aimé. À la radio, un homme politique achève de trahir l’honneur. Ces copeaux, tombés de la roue du temps, sont jetés sur un carnet de notes. Plus tard, à la table de travail, il s’agira d’ordonner la moisson. Chaque pièce, patiemment collectée, s’agencera pour former un motif, dessiner une ligne (…).  De l’harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l’instant.

Le bloc-notes c’est l’hommage que l’observation rend aux détails (…) ».

 Dans Géographie de l’instant, tout en se fondant sur une grande érudition, l’auteur aborde des sujets aussi divers que la morale, la liberté, la religion, la protection de la nature (oiseaux, insectes et action de l’homme entre autres), Internet, le temps, l’héroïsme, la littérature, les voyages, la vie en Sibérie, le nucléaire, la marche… Il nous livre ses réflexions sur ce qu’il a vu, lu, entendu, vécu au cours de ses pérégrinations dans différentes régions du monde, principalement l’Europe (dont la Belgique), l’Asie et le Moyen-Orient.

Géographie de l’instant, de par sa nature, ne se résume pas. J’ai donc choisi quelques unes des citations que j’ai relevées au cours de ma lecture (*) :

– «Cette certitude de la présence d’un ailleurs sauvage est comme le carreau de lumière dans la cellule du forçat. Voilà la valeur profonde de la sanctuarisation des espaces, de la mise sous cloche des étendues, de la défense du Wilderness : la possibilité d’un rêve » (p88).

– «Le voyage ralentit, épaissit, densifie le cours des heures. Il piège le temps, il est le frein de nos vies » (p130).

-« À ceux qui tiennent pour une faiblesse d’avoir le cœur affamé, pour un défaut d’avoir l’esprit trop curieux et pour une dispersion de vouloir plonger dans tous les livres, goûter de tous les vins, nager dans toutes les mers, leur lire la belle phrase de Camus tirée de l’Amour de vivre : « Il n’y a pas de limite pour aimer et que m’importe de mal étreindre si je peux tout embrasser » ( p131).

-évoquant une liste diplomatique sur laquelle est citée Mademoiselle X, professeure agrégée, Sylvain Tesson souligne l’ « opiniâtreté à croire qu’on change les choses en changeant les détails, les noms, les orthographes. L’obsession de maquiller la façade » (p143).

-sur le temps : «Le secret est de ne pas se projeter en dehors de l’instant vécu. Les nostalgiques se penchent au balcon du passé. Les dynamiques se tendent vers le lendemain. Pendant ce temps, le temps se passe d’eux » (p160).

 

Géographie de l’instant, Sylvain Tesson, Pocket n° 15645, Paris, mai 2014.

Géographie de l’instant, Sylvain Tesson, Editions des Equateurs, octobre 2012.

*Les numéros des pages citées correspondent à l’édition en grand format de 2012 ci-dessus.
 

 

Un hiver à Paris, de Jean-Philippe Blondel

un hiver à Paris, pocheEn septembre 1984, Victor, jeune provincial, entame sa deuxième année de classes préparatoires littéraires à Paris. Le première année fut difficile, il n’était pas parmi les meilleurs, mais il réussit à être de ceux qui furent autorisés à passer en khâgne dans le même établissement prestigieux, le lycée D. Assez solitaire, Victor ne s’était pas fait d’ami en hypokhâgne, où il se sentait décalé par rapport à la majorité des autres étudiants, parisiens et issus de milieux sociaux beaucoup plus favorisés que le sien, culturellement notamment.

Un mois et demi après la rentrée en khâgne, Victor décide, pour fêter son anniversaire, d’inviter Matthieu à dîner. Elève en première année, originaire de province également, Matthieu se retrouve dans la même situation que le narrateur un an plus tôt. C’est sans doute ce qui les rapproche, mais leur amitié naissante ne consiste qu’à échanger quelques mots à l’intercours.

Peu après, le drame se produit : incapable de résister à la pression, Mattieu se suicide.  Victor devient populaire au sein de son lycée, à cause de la mort de Matthieu précisément. La vie de Victor change alors totalement.

Pour ne pas gâcher la lecture de ceux qui n’ont pas encore découvert « Un hiver à Paris« ,  je n’en révèlerai pas davantage, sinon que ce roman m’a beaucoup touchée, principalement parce que je suivais les mêmes études que le narrateur au même moment, non pas à Paris, mais en province. J’ai donc retrouvé beaucoup d’éléments de l’époque, parfaitement restituée par l’auteur.

Néanmoins, si l’ambiance de compétition existait bel et bien dans mon lycée, elle était loin d’être aussi terrible qu’au sein du Lycée D. décrit par Jean-Philippe Blondel. Peut-être existait-il une grande différence entre Paris et la province ? Ou n’ai-je pas ressenti les classes préparatoires comme un lieu d’humiliation ? Je n’y ai en tout cas rencontré aucun professeur aussi odieux que Clauzet peut l’être dans « Un hiver à Paris », bien au contraire. Et si les élèves les plus « faibles » étaient « éliminés », c’est simplement parce que le rythme de travail ne leur convenait pas et qu’ils abandonnaient d’eux-mêmes les cours pour choisir une autre voie.

Le reste du roman, qui se déroule sur la côte atlantique, m’a un peu moins captivée, notamment en ce qui concerne le développement d’une amitié entre Victor et le père de Mathieu. Pour autant, j’ai dévoré « Un hiver à Paris » en une –longue- soirée. Ce roman d’initiation pose avec sensibilité la question des choix que l’on fait, de la difficile adaptation à un milieu social qui n’est pas le nôtre. Je ne connaissais pas Jean-Philippe Blondel, mais c’est un auteur que j’espère retrouver rapidement !

 

Un hiver à Paris, Jean-Philippe Blondel, Pocket n°16441, Paris, janvier 2016.