L’exception, Audur Ava Olafsdottir

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C’est à minuit, un 31 décembre, alors qu’il débouche le champagne pour célébrer la nouvelle année que Flocki, un mathématicien islandais, choisit d’annoncer à son épouse qu’il la quitte. Moment peu commun mais réfléchi : selon lui, chacun pourra ainsi commencer une nouvelle vie au matin du premier janvier ! Cela n’est pas aussi simple pour Maria, d’autant que Flocki la quitte pour son collègue, celui qui a réveillonné avec eux quelques heures auparavant. Alors, à la stupeur face à l’imprévu, s’ajoute celle de la découverte de l’homosexualité de son mari. Comment ne s’est-elle rendu compte de rien ?

Triste consolation pour Maria, Flocki lui dit en partant : « tu es la dernière femme de ma vie » ! Pendant le jour de l’An qu’elle passe seule avec ses jumeaux âgés de deux ans et demi, Maria compte les heures depuis le départ de son mari, incapable de réaliser ce qui lui arrive. Elle traverse tous les états psychologiques possibles en une telle circonstance, mais heureusement, Perla veille sur elle. En effet, sa voisine a compris qu’il se passait quelque chose d’anormal lorsque Maria est sortie, hagarde, en tenue de soirée légère dans le froid de la nuit islandaise, juste après l’annonce.

Perla est conseillère conjugale, et aussi écrivain ; ou plus exactement, nègre pour un auteur de polars à succès. Perla se révèle d’ailleurs au fil du récit beaucoup plus écrivain que conseillère conjugale, bien qu’elle remplisse ce rôle auprès de Maria, avec laquelle elle devient rapidement amie. Perla est quelqu’un d’exceptionnel, par sa taille d’abord puisque, atteinte d’une forme particulière de nanisme, elle ne mesure guère plus que les jumeaux de Maria. Par sa personnalité également, qui lui a permis de faire face à l’adversité et aux moqueries. Enfin par le rôle qu’elle joue aux côtés de Maria : accourue à son secours aux premières heures du drame, Perla craignait en effet que Maria ne se réfugie dans une solution définitive après l’abandon de Flocki.

De Flocki, il est finalement peu question. Il n’est pas le personnage central de ce roman. Son attitude est tantôt égoïste, tantôt amicale envers Maria. Et même si celle-ci découvre peu à peu que les infidélités de son mari durent depuis longtemps, elle ne recherche ni l’affrontement, ni la vengeance. Maria souffre trop pour cela. Elle reste pourtant optimiste, souriante. Elle s’occupe de ses enfants le mieux possible, parle beaucoup avec Perla, et se découvre aussi un père biologique… mais pour peu de temps. Elle s’efforce de retrouver la sérénité dans ce chaos qui l’entoure. Elle accomplit même le rêve d’adoption entamé des années auparavant avec son mari…

« L’exception » est un beau roman que je vous conseille, car il traite autant des affres de la séparation amoureuse que de ceux de la création romanesque. Les deux sont étroitement imbriqués dans un récit plein de sensibilité et de pudeur, avec un brin d’humour et quelques jolies phrases à découvrir.

 

 
L’exception, Audur Ava Olafsdottir, traduit de l’islandais par Catherine Eyolfsson, Editions points, Paris, Février 2016, 288 p. 

 

 

Lu dans le cadre du challenge nordique de Marjorie

challenge nordique 2016

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