Les enfants de Venise, Luca di Fulvio

Rome 1515. Shimon Baruch, un marchand juif, se fait agresser et voler une bourse remplie de pièces d’or, fruit d’une bonne affaire qu’il vient de conclure. Voulant se venger, il tue l’un de ses jeunes agresseurs, un attardé mental prénommé Ercole. Lui-même grièvement blessé à la gorge par Mercurio qui le laisse pour mort sur les pavés, Shimon Baruch se remet mais perd définitivement l’usage de la parole. Une fois la peur oubliée, sa volonté de vengeance est décuplée et il part à la recherche de Mercurio.  Ce dernier ne sait pas que Baruch a survécu et se croyant coupable d’un assassinat, il décide de s’enfuir.

Comme Mercurio, ses complices Zolfo et Benedetta ne voulaient pas donner la mort mais seulement voler pour manger. Livrés à eux-mêmes, n’ayant aucun endroit où aller, ils accompagnent Mercurio sur les routes du Nord en direction de Venise. En chemin, ils rencontrent par hasard Isacco, un escroc juif qui se fait passer pour un médecin, et sa fille Guidetta.

Le courant semble passer entre Mercurio et Giudetta, mais leurs routes se séparent peu avant Venise. Mercurio choisit en effet de ne pas abandonner Zolfo qui préfère suivre un moine fanatique prêchant la haine des juifs. Il faut dire que le jeune Zolfo a été traumatisé par la mort d’Ercole dont il rend responsable le marchand juif. Quelques temps plus tard, après avoir été recueilli par une veuve de Mestre qui deviendra sa mère d’adoption, Mercurio se rend à Venise, bien décidé à retrouver la belle Giudetta.

Le premier regard qu’ils échangent confirme ce que tous deux pressentaient : ils sont follement amoureux ! Peu importe, Isaaco n’entend pas donner sa fille à un petit voyou; il l’a amenée à Venise précisément pour qu’elle connaisse une autre vie que celle de l’escroc qu’il a toujours été lui-même. Et puis surtout, Mercurio est chrétien, tandis que Giudetta est juive… Pendant ce temps, Shimon Baruch, toujours assoiffé de vengeance, arrive à Venise et progresse dans ses recherches…

Venise au XVIème siècle, on s’y croirait ! Les remugles des murs rongés par l’humidité, l’eau croupie, la violence, le sang et la pauvreté qui plongent le plus grand nombre dans la déchéance, les manipulations du pouvoir qui décrète en 1516 l’enferment des juifs dans le Ghetto, de grands nobles qui ne sont que de mesquins personnages (mais pas tous, loin de là), les procès de l’Inquisition et leur lot d’injustices : Luca di Fulvio nous emmène dans un monde, le nôtre, où la vérité n’existe pas : elle est seulement celle que veulent et écrivent les puissants…

« Les enfants de Venise » est un formidable roman d’aventures, avec pour fil conducteur une histoire d’amour qui unit deux êtres épris de liberté. Mercurio est brillant : voleur d’une grande habileté, son imagination débordante et sa capacité à endosser tous les rôles l’amènent à adopter des déguisements plus vrais que nature. Giudetta est déterminée, courageuse, et n’hésite pas à braver les interdits quand elle sait que son combat est juste. Mercurio et Giudetta s’aimeront, s’épauleront, se sauveront.

Voilà donc une histoire romanesque comme on les aime, sur fond historique, avec une foule de personnages attachants qui ne livrent pas tout de suite leur vérité. Un roman qui se lit d’une traite et dont les 800 pages ne doivent pas vous effrayer !

Je remercie les éditions Slatkine et Cie de m’avoir fait découvrir ce roman et cet auteur.

 

Les enfants de Venise, Luca di Fulvio, traduit de l’italien par Françoise Brun, Editions Slatkine et Cie, avril 2017, 798 p.

 

Livre lu dans le cadre du mois italien chez Martine, et du challenge vénitien.

 

 

10 réflexions sur “Les enfants de Venise, Luca di Fulvio

  1. Je pense qu’il serait parfait pour cet été, à associer avec le Pavé de l’été de Brize, si elle renouvelle! Ou pourquoi pas aussi en prévision du mois italien 2018! En tous cas, ta présentation donne terriblement envie! Je suis sûre que j’aimerai ce roman. Merci beaucoup, Florence

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  2. Waouh ! On sent passer le souffle de l’aventure ! Je note (ça faisait longtemps que je ne commentais pas ici, à cause d’un manque de temps, mais je ne suis pas fâchée de revenir lire tes chroniques qui font toujours envie ;))

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    • Merci Ellettres, moi non plus, je n’ai guère eu de temps dernièrement. Je continue à te lire, mais je commente très peu (je vais m’y remettre). Quant à ce roman, en effet, cela fait du bien de se laisser porter par l’aventure, de temps en temps. Cela m’a aussi donné envie d’en savoir plus sur le ghetto de Venise et je viens d’enregistrer un documentaire qui avait l’air très intéressant sur Arte samedi dernier.

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