Archive | septembre 2017

Zéro, de Marc Elsberg

Comme l’auteur tient à le souligner dans son prologue, bien qu’il puisse être considéré comme une dystopie, « Zéro » est très peu éloigné de la réalité puisque toutes les technologies évoquées dans le roman existent bel et bien. L’auteur de « Black-out », qui est un expert scientifique en matière de nouvelles technologies avant d’être un romancier, veut attirer notre attention sur des réalités qu’il considère comme dangereuses et le thriller dystopique qu’il nous propose convient à merveille pour diffuser ce genre de message tout en étant captivant.

Cinthia est journaliste au Daily à Londres. Son quotidien se voit bouleversé lorsqu’une organisation mystérieuse qui se présente sous le nom de Zéro publie sur Internet les images en direct du Président des Etats-Unis, en train de jouer jouant au golf, entouré de sa famille. Des drones se sont en effet invités dans les vacances présidentielles et le suivent pendant de longues minutes, alors que le service de sécurité, paniqué, tente de mettre le président à l’abri, faisant ainsi la démonstration de son incompétence…

Le rédacteur en chef du Daily, Anthony Heast, décide de se lancer sur les traces de Zéro, un groupe d’activistes du Net désireux de sensibiliser la population à la surveillance de la société que les nouvelles technologies mettent en place insidieusement. Cinthia est, par nature, réfractaire à ces nouveautés qui sont selon elle bien loin de la modernité, en ce qu’elles limitent les libertés fondamentales. Elle comprend d’autant mieux la résistance menée par Zéro.

En revanche, elle n’a pas conscience des dérives qui menacent les jeunes et en particulier sa fille Viola. Et c’est parce qu’elle prête à Viola les lunettes connectées qu’elle essayait dans le cadre de son travail de journaliste qu’elle se trouve confrontée à la mort d’un ami de sa fille. Cinthia découvre alors avec stupeur que sa fille, comme les autres étudiants, vendent leurs données personnelles en échange de l’utilisation gratuite des « Act App », des applications qui les conseillent dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Après une rapide enquête, Cinthia se rend compte que ces applications, qui influencent leurs utilisateurs, ont parfois des conséquences dramatiques : le nombre de mort non naturelles apparaît d’ailleurs anormalement élevé chez les utilisateurs des « Act App » !  Cinthia se lance alors dans une course qui la conduit de Londres à Vienne, puis à New York, avec comme objectif la volonté de préserver son esprit critique à tout prix : pas facile en effet de ne pas se laisser aller à la facilité que permettent les nouvelles applications et que l’on tente de lui imposer de toutes parts !

Après « Black-out », Marc Elsberg signe un nouveau thriller qui vise avant tout à attirer notre attention sur les risques et les menaces que font peser sur le monde l’excès de surveillance et de transparence. Certes, j’avais été davantage impressionnée par « Black-out », mais c’est sans doute parce que je n’imaginais pas les menaces qui pesaient sur nous en cas de rupture de l’approvisionnement en électricité. Au contraire, les excès des nouvelles technologies en matière de surveillance et plus encore, de modification des comportements, sont un des sujets qui me préoccupent tout particulièrement, peut-être parce que je ressens avec beaucoup d’acuité leur intrusion dans notre vie. Je n’ai donc pas été surprise par ce que je lisais, mais plutôt admirative par la façon dont l’auteur illustre le message qu’il veut nous délivrer. Rien que pour cela, ce roman est donc à diffuser largement autour de soi !

Zéro, Marc Elsberg, traduit de l’allemand par Pierre Malherbet, Le livre de poche n°34486, avril 2017, 505p. 

 

Livre lu dans le cadre du challenge Polars et Thrillers chez Sharon et du challenge Objectif Pal chez Antigone

Frappe-toi le cœur, Amélie Nothomb

Une fois n’est pas coutume, cette critique sera très mitigée. J’ai choisi de ne parler sur mon blog que des livres que j’ai aimés, plus ou moins certes, mais au moins un peu. S’agissant d’Amélie Nothomb, je peux bien me lâcher, ma chronique ne lui fera pas de tort  ;)…

Amélie Nothomb, je l’ai découverte il y a très longtemps, lors de la parution de son premier roman « Hygiène de l’assassin », que j’avais beaucoup aimé, puis j’ai lu les suivants, pendant une dizaine d’années. Jusqu’à ce que je me rende compte que je les appréciais beaucoup sur le moment, mais qu’ils me laissaient sur ma faim. Sensation étrange, ils me paraissaient brillants mais superficiels. De plus, ma mémoire ne gardait rien de ces romans à part leur titre. Et puis j’ai eu l’impression qu’ils se ressemblaient tous, malgré leur originalité ou dans leur originalité justement.

Cette année, j’ai voulu réessayer, surtout après avoir lu et entendu partout que « Frappe-toi le cœur » était l’un des meilleurs romans d’Amélie Nothomb. Alors, certes, cela fonctionne à merveille : je l’ai lu d’une traite, prise dans l’histoire de cette mère jalouse de sa petite fille, au point d’être totalement indifférente à son égard. La mère est ensuite très présente pour le second enfant, un fils, ceci explique cela. Elle se révèle enfin fusionnelle avec sa petite dernière qui devient, on s’en doute, une enfant trop gâtée et déboussolée. Malheureuse, la fille aînée choisit d’aller vivre chez ses grands-parents. Devenue adulte, elle vit une amitié forte avec une femme brillante qui deviendra à son tour très jalouse…. La boucle est bouclée, je n’en dirai pas davantage, l’intrigue a déjà été largement évoquée. Et puis, encore une fois, j’ai oublié : j’ai lu le roman il y a trois semaines et je peux aujourd’hui difficilement développer. Mais heureusement, je m’en doutais et j’avais pris des notes pour cette chronique!

« Frappe-toi le cœur » se dévore en une heure trente et fonctionne comme une mécanique très bien huilée (je sais, je l’ai déjà dit) : c’est un conte cruel qui illustre un sentiment puissant et destructeur, la jalousie, qui balaie tout sur son passage. Le roman met aussi en exergue la perception que l’on peut avoir de ce sentiment : en fait-on parfois une interprétation erronée, ou la perception est-elle toujours conforme à la réalité ? Pour autant, l’auteure n’aborde pas ce thème directement, ce qui aurait pu être très intéressant. Quelles sont les causes ? Le pourquoi du comment ? Qu’est-ce qui fait que cela arrive… ? Autant de questions qui me laissent sur ma faim et qui me donnent à penser que décidément, Amélie Nothomb excelle à raconter, mais n’approfondit pas.

Les personnages m’ont paru artificiels et je n’ai pas réussi à y croire, tout englués qu’ils étaient dans leur excès. Trop tranchés, comme dans un conte. Peut-être parce que l’auteure est une conteuse hors pair. C’est peut-être un genre qui ne me convient pas… de toute façon, vous trouverez facilement un grand nombre d’avis positifs et plus !

 

Frappe-toi le cœur, Amélie Nothomb, Albin Michel, Paris, Août 2017, 169p.

 

5ème participation au Challenge 1% de la rentrée littéraire chez Sophie

 

 

Blogoclub : le rendez-vous du 1er décembre

Il y a ceux qui parcourent le monde en stop, ceux qui arpentent le Grand Nord, ceux qui marchent encore et toujours jusqu’à traverser des continents entiers, ceux qui préfèrent le vélo, ceux qui bourlinguent autour du monde et ceux qui se contentent de cheminer le long des sentiers français… et puis il y a ceux qui privilégient les rencontres, ceux qui s’intéressent aux animaux, ceux qui n’aiment que la neige et le froid …

Il y a ceux qui nous parlent du GR20, de l’Appalachian Trail, du chemin de Saint Jacques, de la route de la soie, du lac Baïkal, de l’Alaska… je pourrais continuer très longtemps, tant est riche la palette de tous ces aventuriers qui ont en commun l’écriture et les livres dont ils nous enchantent parce qu’ils nous emmènent sur leurs traces.

Vous l’avez deviné, le thème du prochain rendez-vous du Blogoclub sera les écrivains-voyageurs, pour prolonger les vacances jusqu’au début de l’hiver. Il y en a pour tous les goûts, et nous vous proposons, Amandine et moi, de nous envoyer vos suggestions de lecture. Nous ferons une liste des livres qui reviennent le plus souvent et vous n’aurez plus qu’à voter.

Nous attendons vos suggestions avec impatience ! Je rappelle que pour participer, il faut vous inscrire au Blogoclub via l’adresse mail ci-dessous. Si vous êtes déjà inscrit (e), vous venez de recevoir un mail et vous pouvez donc nous adresser vos suggestions par retour de mail.

A bientôt,

Amandine et Florence.

 

Si vous êtes inscrit (e) au Blogoclub, vous recevrez cette info par mail. Fonctionnement du Blogoclub, voir ici.

L’adresse mail du Blogoclub : lecturecommune@yahoo.fr

Eléphant, Martin Suter

 

Voir un éléphant de la taille d’une peluche, d’une belle couleur rose, et surtout vivant, ne peut être que le fait d’une hallucination ou des divagations d’un alcoolique invétéré ! Justement, Schoch en est bien un, et le jour où le sans-abri découvre, au fond de la grotte où il a élu domicile, un éléphant rose nain qui brille dans le noir, il se dit d’abord qu’il est grand temps d’arrêter de boire… Il lui faut ensuite un long moment pour comprendre qu’il s’agit bien de la réalité.

Ne sachant pas comment nourrir cet animal étrange, le SDF cueille de grandes herbes parsemées de boutons d’or sur les berges de la rivière voisine. Les fleurs, toxiques, rendent l’éléphanteau malade. Schoch le cache dans un grand sac et l’emmène chez Valérie, une vétérinaire habituée à soigner les chiens des marginaux. Schoch est alors loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer ; des hommes sont déjà sur ses traces, à la recherche de l’animal mystérieux qui est le fruit de manipulations génétiques et d’un concours de circonstances.

En effet, la couleur et la luminescence de l’éléphanteau sont l’œuvre de Roux, un généticien d’abord motivé par l’innovation scientifique. Quant à la petite taille de l’animal, elle est due au hasard, et Roux comprend vite qu’un éléphant rose minuscule est un jouet qui pourrait avoir des retombées commerciales considérables. Mais le birman Kaung, soigneur d’éléphants du cirque Pellegrini qui a fourni la mère porteuse, considère que l’animal est sacré et avec l’aide du Dr. Reber, vétérinaire du cirque, il décide de cacher l’animal avant même sa naissance, en faisant croire à sa mort in utero. Il ne faut en aucun cas que Roux entre en possession des cellules de l’éléphanteau qui lui permettraient de réaliser des clonages.

C’est le début d’une course poursuite qui nous entraîne de l’univers, par ailleurs très bien décrit, des marginaux de Zurich jusqu’à un camp birman dédié à la sauvegarde des éléphants. Un roman très prenant aux chapitres courts que la quatrième de couverture nous présente comme un « conte aussi fantastique que réaliste » et que je qualifierai en ce qui me concerne de tout à fait réaliste, puisque la technologie génétique évoquée existe déjà depuis plus d’une décennie. « Eléphant » est un thriller original et reposant, dans lequel l’auteur suisse germanophone Martin Suter nous propose une belle histoire, tout en nous amenant à réfléchir sur les dérives du progrès technologique et plus particulièrement des manipulations génétiques. A découvrir !

Eléphant, Martin Suter, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgois éditeur, août 2017, 356p.

 

4ème participation au challenge 1% de la rentrée littéraire 2017.

Des erreurs ont été commises, David Carkeet

C’est avec plaisir que je retrouve Jéremy Cook dans une troisième aventure. Après « Le linguiste était presque parfait » et « Une putain de catastrophe », le linguiste maladroit mais très observateur n’arrive décidément pas à se faire une place dans la société. Sans doute son habitude de disséquer les tics de langage et le comportement illogique de la plupart de ses congénères y est-elle pour quelque chose…

Pour l’heure, Jérémy est au chômage et les perspectives sont peu encourageantes. Ses travaux sur l’acquisition du langage sont au point mort et lorsque l’un des nouveaux collègues de sa femme Paula lui propose de rencontrer sa nièce de deux ans qui utilise la « réduplication partielle pour expliquer le pluriel « (la petite fille dit « boî-boîte » pour désigner plusieurs boîtes), Jérémy accepte sans enthousiasme.  C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’une famille très différente de la sienne, celle du « roi des noix »,  Ben Hudnut, à la tête d’une entreprise d’importation de noix florissante : un homme à qui tout réussit, travail, amour, famille, jusqu’au jour où…

D’abord méfiant, et toujours misanthrope, Jérémy Cook hésite avant de devenir ami avec Ben et de se laisser entraîner dans une nouvelle aventure, où le langage joue, comme toujours, un rôle essentiel. David Carkeet signe un roman très agréable, plein d’humour et qui met l’accent sur l’incommunicabilité entre les êtres. Un divertissement intelligent dont les répliques m’ont parfois fait éclater de rire !

Des erreurs ont été commises, David Carkeet, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Chabin, éditions Monsieur Toussaint Louverture, avril 2017, 344 p.

 

Livre lu dans le cadre du mois américain chez Martine.

 

 

Qui a tué Heïdi ? Marc Voltenauer

 

« Pourtant que ta montagne est belle… », disait la chanson. Mais la beauté n’empêche pas le mal de rôder, et c’est bien ce qui se passe dans les alpages bucoliques de Gryon, très beau village du Chablais suisse, où résident l’inspecteur Andreas Auer, attaché à la police de Lausanne, et son compagnon, Mikael Achard, journaliste. Nous avons fait leur connaissance l’année dernière dans le très réussi « Dragon du Muveran », premier roman du Suisse Marc Voltenauer.

L’auteur n’a donc pas tardé à nous offrir cette deuxième aventure dans laquelle nous retrouvons de nombreux ingrédients du premier volume, avec encore davantage de maîtrise. Marc Voltenauer est un admirateur des polars nordiques, -sa mère, suédoise, lui en a donné le goût-, et l’on retrouve dans ses romans le fonctionnement de ce type de polars, avec, toutefois, un ancrage local important fondé sur le mode de vie d’un village de montagne partagé entre le tourisme et l’agriculture. A Gryon, tous se connaissent et s’épient et pourtant, au sein de ce huis-clos parfois étouffant, certains parviennent à dissimuler des penchants bien peu avouables.

C’est le cas de « l’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère », redoutable psychopathe victime d’une mère castratrice, et dont on ne connaitra l’identité qu’à la fin du roman. Une intrigue qui se superpose à une autre, de dimension internationale, qui permet à l’auteur de débuter son roman à Berlin où nous découvrons un tueur à gage œuvrant pour le compte d’une mafia russe. Litso Ice, c’est le pseudonyme de l’homme, atterrit ensuite à Genève où il doit rencontrer un banquier qui a visiblement quelque chose à se reprocher, avant de se rendre à Gryon où il s’installe dans un magnifique chalet prêté par son commanditaire…

Quel est le lien avec Gryon ? La question se pose avec plus d’acuité lorsque survient le meurtre de Heïdi, qui n’a rien en commun avec l’héroïne du roman pour la jeunesse…  Quant à Andreas Auer, il mène son enquête en parallèle, ayant été suspendu pour quelques temps par sa supérieure. C’est donc en apparence seulement qu’il laisse sa coéquipière Karine seule, en proie à ses doutes. Mais cela n’empêche pas Andreas de déprimer ; il sent que quelque chose le ronge qu’il faudra chercher du côté familial. La sœur d’Andreas, qui participe au déroulement des événements bien malgré elle, pourrait nous en apprendre beaucoup sur l’enfance d’Andreas.  Mais cela, c’est pour le prochain roman… !

Je remercie beaucoup Marc Voltenauer de m’avoir fait bénéficier de cette lecture en avant-première et je n’ai qu’un reproche à lui faire : nous laisser dans l’attente d’une façon si cruelle ! Pour le reste, un style fluide et rythmé, une double enquête très prenante et l’impossibilité, pour moi du moins, de trouver qui est « « l’homme qui n’enivrait du parfum de sa mère », font de « Qui a tué Heïdi ? » un polar très convaincant qui se lit d’une traite ! Nul doute qu’une série est lancée, et j’attendrai la suite avec impatience.

Une dernière précision : je vous conseille de lire tout d’abord « Le dragon du Muveran » dans lequel l’auteur plante les personnages. Cela tombe bien, il sort demain en collection de poche, aux éditions Pocket.

 

Qui a tué Heïdi ? Marc Voltenauer, éditions Slatkine, Genève, août 2017, 448 p.

Le dragon du Muveran, Marc Voltenauer, Pocket, parution le 7/09/17, 608 p.

 

 

Participation n°3 au Challenge 1% de la rentrée littéraire 2017. Challenge polars et thrillers chez Sharon.

 

Blogoclub : L’homme de la montagne, Joyce Maynard

 

Pour ce premier rendez-vous du Blogoclub que nous organisons, Amandine et moi, en reprenant le flambeau de Sylire, nous avons choisi un roman de Joyce Maynard, auteure américaine très talentueuse, ce qui permet en outre, de faire coïncider notre RDV avec le début du mois américain chez Titine. Parmi les différents romans de Joyce Maynard, les participants au Blogoclub ont voté pour « L’homme de la montagne », qui a été chez moi un véritable coup de cœur que je vous laisse découvrir ci-dessous.

J’espère que ce roman vous a également plu. Je vous laisse déposer vos liens en commentaire de ce billet, car Amandine termine actuellement ses vacances et reprendra vos liens dans quelques jours.

 

Rachel et Patty sont sœurs et vivent en Californie chez leur mère, non loin de San Francisco, dans la « Cité de la splendeur matinale ». Le quartier revêt des allures de campagne et les jardins s’ouvrent directement sur la montagne et le parc national du Golden Gate, gigantesque, avec ses centaines de kilomètres de chemins de randonnée.

C’est dans ce parc que les deux sœurs passent le plus clair de leur temps à vagabonder, pique-niquer et inventer des jeux débordants d’imagination. Il est vrai qu’elles ne se sentent pas à l’aise dans la maison, où leur mère, depuis son divorce, passe toutes ses journées dans sa chambre.

Le père, l’inspecteur Toricelli, s’occupe pourtant de ses filles ; il vient souvent les chercher pour les emmener manger des pâtes à la sauce marinara. Ce policier d’origine italienne collectionne les conquêtes féminines, ce qui lui a coûté son mariage : c’est plus fort que lui, il aime sincèrement les femmes, cherchant toujours à les défendre, et il s’intéresse à elles aussi pour ce qu’elles ont à dire. Ses deux filles l’admirent beaucoup, et attendent avec impatience chacune de ses visites.

En cet été 1979, Rachel, l’aînée, a treize ans. Elle connaît les affres de l’adolescence, et se désole de ne pas avoir d’amie. Rachel partage donc tous ses moments de loisirs avec sa sœur Patty, de deux ans sa cadette ; elle invente des histoires, tout en espérant que bientôt, la vie deviendra aussi intéressante que le monde imaginaire qu’elle s’est construit avec Patty. C’est d’ailleurs d’une manière inattendue que la réalité prend le dessus, lorsqu’une jeune fille est découverte assassinée dans la montagne. Un crime étrange, précédé d’un viol, et dont le mode opératoire fait penser à celui d’un tueur en série.

Et c’est bien de cela qu’il s’agit, puisque les crimes de jeunes femmes se succèdent dans le parc national. La psychose grandit. Le père de Rachel et Patty est responsable de l’enquête, et Rachel devient vite populaire auprès de camarades de classes avides de détails scabreux. Mais la police se révèle impuissante face à celui qui est devenu « l’Etrangleur du Crépuscule ». Et l’échec du père devient aussi celui de ses filles, qui n’ont pas pu l’aider.

Le récit qui débute avec les souvenirs d’enfance de Rachel, héroïne principale du roman et narratrice, se transforme bien vite en véritable polar, bien que l’adolescence de Rachel et les sentiments variés qu’elle découvre soient constamment au premier plan. En effet, l’été 79 aura des répercussions sur la vie entière de Rachel…

Le roman de Joyce Maynard a été pour moi un véritable coup de cœur, difficile à classer dans une catégorie puisqu’il relève autant du roman d’initiation, du roman autobiographique, que du polar. L’auteur restitue à merveille l’atmosphère de la fin des années soixante-dix, avec de nombreuses références culturelles, et notamment musicales, à cette période. On ne peut s’empêcher d’être nostalgique face à la vie des jeunes de cette époque, sans activités programmées, libres d’exercer leur imagination pour remplir les deux mois de vacances estivales.

L’Homme de la montagne est un livre difficile à lâcher, d’autant qu’il est bien écrit par une auteure qui excelle dans la description des sentiments exacerbés « des filles de treize ans ». Patty, la sœur de Rachel, leur père Anthony, ainsi que leur mère, et même Margaret Ann, la possible belle-mère, sont également des personnages très attachants, bourrés de défauts, mais profondément humains.

L’homme de la montagne, Joyce Maynard, traduit de l’anglais (américain) par Françoise Adelstain, 10/18, septembre 2015, 360 p.

 

 

Les avis des autres participants :

Sur d’autres romans de Joyce Maynard :

 

 

Livre lu dans le cadre du Blogoclub chez Amandine et Florence (ici), et du mois américain chez Titine.