Pietro est né à Milan, mais la montagne a toujours fait partie de sa vie. De celle de ses parents tout d’abord qui, bien qu’originaires de la campagne vénitienne, effectuaient de nombreux séjours dans les Dolomites jusqu’à ce qu’un événement dramatique les pousse à quitter leur région et à chercher refuge à Milan.
Mais l’appel de la montagne, qui triomphe toujours chez celui qui en est amoureux, réapparaît après quelques années et la mère de Pietro se met rapidement à rechercher un endroit où la petite famille pourra passer ses étés. C’est sur Grana, hameau situé dans une vallée profonde perpendiculaire au Val d’Aoste, que la mère de Pietro jette son dévolu et qu’elle loue un petit chalet sans prétention. Elle y passe les deux mois d’été avec Pietro, et Giovanni, le père, les rejoint en août lors de ses congés annuels. Ce père taciturne, souvent en colère contre le monde, entreprend d’initier son fils à la montagne, et pendant plusieurs étés, Pietro le suit, sans jamais avouer que ces randonnées, qui deviennent bientôt des courses en haute montagne, lui pèsent parce qu’il souffre du mal des montagnes.
Pietro est comme son père, peu communicatif, mais il devient tout de suite ami avec Bruno, le seul enfant de Grana qui, à onze ans, garde les vaches de sa famille dans les alpages. Et c’est cet ami, plus que son père, qui lui fait découvrir les beautés simples de la montagne. Leur amitié se renforce d’année en année, jusqu’à ce que le jeune Bruno commence à travailler comme maçon, tandis que Pietro se fait de nouveaux amis parmi la jeunesse dorée qui vient de la ville pour pratiquer l’escalade. Mais ce n’en est pas fini pour autant de cette amitié. Elle va perdurer au long des années, entre Bruno, celui qui reste au pays, et Pietro, celui qui part découvrir de nouvelles montagnes au loin, mais finit toujours par revenir à Grana.
Le roman de Paolo Cognetti nous parle de l’amitié entre deux garçons et de la passion pour la montagne. Mais au-delà de ces deux thèmes principaux, il évoque les difficultés de communication entre un père et son fils et l’importance de la transmission des valeurs. Il pose également différentes questions : peut-on intervenir légitimement dans la vie des autres, même si on est convaincu de faire le bien ? Qu’est-ce qui nous y autorise ? Avons-nous un chemin tracé ? Pourquoi aller chercher si loin le bonheur ? Et puis bien sûr, comment respecter la montagne, et plus généralement, la nature ?
Pietro respecte le principe édicté par son père : la montagne ne se parcourt qu’en été. L’hiver, l’homme se retire devant la neige, pour laisser la nature se reposer. Le père de Pietro exècre le ski et les installations sportives qui ont défiguré la montagne et le jeune Pietro reprend cette idée à son compte. L’auteur quant à lui, dénonce les excès du tourisme sportif en montagne, comme on peut d’ailleurs le lire dans son blog (si vous lisez l’italien, c’est ici).
Vainqueur en juillet 2017 du plus prestigieux prix italien, le prix Strega, (après avoir reçu en juin le prix Strega des jeunes qui est l’équivalent de notre Goncourt des lycéens), et tout récemment du prix Médicis étranger 2017, « Les huit montagnes » a de nombreuses qualités, tout en étant un roman tout à fait abordable pour le grand public et pour les jeunes. L’écriture est sobre et fluide, tout en étant très évocatrice. Pour qualifier la forme et le fond, un seul terme s’impose, l’authenticité : celle des valeurs évoquées, celle des sentiments, purs et jamais forcés, celle de la simplicité. Un récit profond et tendre, parfois triste et nostalgique, proche de la nature comme on l’était il y a plusieurs décennies, naturellement et simplement, et non de manière artificielle comme on l’est souvent aujourd’hui !
Bref, « les huit montagnes », c’est le roman de l’amitié, de la liberté et de la nature : un grand bol d’air rafraîchissant dans ce monde de fous !
Les huit montagnes, Paolo Cognetti, Stock, collection La cosmopolite, août 2017, 299 p.
12 ème lecture dans le cadre du challenge 1% de la rentrée littéraire 2017, Challenge Il viaggio chez Martine.
je me laisserais bien tenter! ma PAL va s’écrouler!
j’aurais bien aimé que Pamuk ait le Medicis étranger mais bon, on ne va pas chipoter, il a déjà le Nobel 🙂
J’aimeJ’aime
Je suis contente que Cognetti ait eu ce prix, d’autant que c’est un roman facile à lire, à la portée de tous. Quant à Pamuk, je ne l’ai toujours pas découvert…ma PAL est trop haute aussi !
J’aimeAimé par 1 personne
je l’ai bien aimé!!!! je ne regrette pas d’avoir cédé à la tentation 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Vraiment un très joli livre… Il me trotte toujours dans la tête depuis ma lecture cet été… une empreinte durable.
J’aimeJ’aime
En effet. Je regrette juste qu’il soit sorti trop tard pour avoir pu le lire alors que j’étais en vacances… à la montagne !
J’aimeJ’aime
Il plaît beaucoup de livre. J’espère pouvoir le découvrir avec le jury Elle
J’aimeJ’aime
J’espère que tu pourras le lire en effet!
J’aimeJ’aime
Un énorme coup de cœur pour moi aussi. Et tu en parles si bien que tu me donnes envie de le relire tout de suite !!!
J’aimeJ’aime
Merci Martine ! Je te retourne le compliment et je me permets d’ajouter le lien vers ton article au bas de ma chronique.
J’aimeJ’aime
Un roman que j’ai beaucoup aimé aussi !
J’aimeJ’aime
Nous avons souvent les mêmes goûts…!
J’aimeJ’aime
Même si je l’ai souvent eu entre les mains, je ne l’ai pas encore ramené à la maison… Je devrais peut-être me décider…
J’aimeJ’aime
Je trouve qu’il vaut la peine en effet… Si tu hésites, il vaut peut-être mieux le prendre en bibliothèque.
J’aimeJ’aime
Ambitieuse (ou inconsciente?) je l’ai acheté en italien, mais pas encore découvert. J’attends d’avoir fait quelques progrès linguistiques avant de me lancer!
J’aimeJ’aime
Inconsciente, certainement pas ! Ambitieuse, c’est plus difficile à dire, puisque je ne connais pas ton niveau d’italien. Je l’ai feuilleté cet été en Italie (j’avais hésité à l’acheter) et il ne m’a pas semblé très difficile. Tu prends des cours en ce moment ?
J’aimeJ’aime
Je participe à un café polyglotte et ai déjà lu des romans en italien. Je pense donc que je devrais m’en sortir! 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: « Les huit montagnes » de Paolo Cognetti – "Les livres d'Eve"
Pingback: Lire des romans de montagne | Le livre d'après
Rebonsoir, un écrivain que je ne connaissais pas. C’est un très bon roman avec des personnages que l’on regrette de quitter. On sent que Cognetti aime la montagne. A propos de montagne, il y a les romans policiers d’Antonio Manzin qui se passent dans le Val d’Aoste. Bonne soirée.
J’aimeJ’aime