Rêves de femmes, Virginia Woolf

 

Aujourd’hui, le rendez-vous du mois anglais est consacré à un recueil de nouvelles. C’est l’occasion pour moi de découvrir quelques textes de Virginia Woolf, dans une lecture commune partagée avec Ellettres.

 

« Rêves de femmes » regroupe six courtes nouvelles de Virginia Woolf. Ces textes sont précédés d’un article très intéressant intitulé « Les femmes et le roman » dans lequel l’auteure prédit que « les femmes en viendront à écrire moins de romans, mais des romans de meilleure qualité » ; moins de romans, car elles auront eu entretemps l’opportunité de se tourner vers les autres genres, poésie, critique, histoire notamment.

Virginia Woolf espère ainsi l’avènement d’un âge d’or « peut-être chimérique où les femmes auront à leur disposition ce qui leur a été longtemps refusé -un peu de temps libre, un peu d’argent et un lieu à elles ». Si les deux dernières conditions peuvent être remplies de nos jours, le temps libre reste, quant à lui, un luxe pour les femmes…

La première nouvelle, « Un collège de jeunes filles vu de l’extérieur », ouvre ce recueil de manière très poétique : ces quelques pages visent simplement à nous révéler le geste tendre d’une jeune fille envers une autre, geste qui ouvre tout un monde de félicité. Tout est ici dans la suggestion, l’évocation poétique.

Dans la deuxième nouvelle, « Une société », un petit groupe d’amies fonde une « société de questionneuses » qui a pour but d’évaluer les œuvres des hommes : sont-ils assidus ? Ont-ils autant de mérite que les femmes qui « peuplent le monde », c’est-à-dire qui enfantent ?  C’est ici la féministe qui écrit.

« Dans le verger » est une rêverie peuplée de sons : Miranda est endormie dans le jardin, sous le pommier, et l’on ne sait pas si elle entend tous ces sons, si elle les vit dans son rêve, mais l’ensemble évoque un tableau onirique avec, nous dit la notice, des connotations proustiennes…

La quatrième nouvelle évoque des « moments d’être », qui sont des visions, des extases poétiques ou mystiques provoquées par une émotion profonde née d’un mot, d’une phrase… Derrière la délicatesse des sentiments, se cache une passion ardente.

Très différent, « Lappin et Lapinova » ressemble à un conte fantastique. Sur le thème du mariage, cette nouvelle se distingue des précédentes par son caractère cruel, comme l’est d’ailleurs le dernier texte du recueil, « Le legs », sur le même thème, mais en beaucoup plus ironique.

Je n’avais jamais lu de livre de Virginia Woolf et ce recueil constitue donc pour moi un préambule. Il révèle un monde délicat, poétique, et onirique, tandis qu’apparaissent également les préoccupations féministes de Virginia Woolf. Des nouvelles écrites à différents moments de la vie de Virginia Woolf, qui sont sans aucun doute représentatives de son œuvre, et qui sont à rapprocher de sa biographie mise à notre disposition à la fin du recueil. L’ensemble m’a plu et m’a donné envie d’en découvrir davantage. Je compte donc sur les lectures du mois anglais pour m’indiquer par quelle œuvre de l’auteure poursuivre ma découverte …

L’avis d’Ellettres ici.

 

Rêves de femmes, Six nouvelles, Virginia Woolf, traduction de Michèle Rivoire, Folio classique n°6424, janvier 2018, 139 p.

 

Lu dans le cadre du mois anglais chez Lou et Cryssilda.

 

 

 

21 réflexions sur “Rêves de femmes, Virginia Woolf

    • Moi, non plus, je ne les lis que lorsque je n’ai plus de roman sous la main. A tort, je sais bien, mais j’aime m’installer dans un texte pour un moment. Pourtant, de temps en temps, cela change de lire des nouvelles. Cela permet de découvrir l’écriture de V.Woolf.

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  1. Je n’ai lu que son roman Mrs Dalloway et j’ai le souveir de m’être ennuyée (c’est gênant de ne pas apprécier certains classiques). Ces nouvelles seraient sans doute plus abordables, si jamais je les rencontre un jour j’y penserai.

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    • Oui, à la lecture de ces nouvelles, dont certaines ont l’avantage d’être vraiment courtes, je peux comprendre que tu te sois ennuyée. Il faut que j’essaie un de ses romans pour voir si moi aussi, je succombe au sommeil !

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  2. J’aime beaucoup les articles écrits par Woolf (j’aime toute son œuvre de toute façon). Pour une première lecture de ses romans, je te conseille « Vers le Phare », mon préféré. J’ai aussi une tendresse particulière pour « La Traversée des apparences », son premier roman, mais il n’est pas très représentatif de son œuvre.

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  3. Hmm… Mrs Dalloway est certes emblématique de son style mais peu éventuellement rebuter, justement parce que les flux de consciences sont tels qu’on peut s’y ennuyer. Ce n’est pas forcément celui avec lequel je conseillerais de débuter (à moins d’avoir envie de sauter dans le grand bain tout de suite). C’est pareil pour Les Vagues ou Entre les actes, qu’il vaut mieux se garder pour le fin, pour savourer à fond l’aboutissement du style woolfien.
    Je préfère souvent conseiller de commencer par l’un de ses deux premiers romans, The Voyage out et Night and Day, qui contiennent déjà ce qui sera l’essence de son style si particulier mais dans une facture encore très calibré sur le canon du roman traditionnel. Ça permet d’aborder le truc en douceur en ayant encore les balises d’une histoire qui se déroule auxquelles se raccrocher.
    Le style de To the lighthouse, sinon, est déjà beaucoup plus abouti, mûr, mais me semble plus abordable que Mrs Dalloway.
    Sinon, petite perle à part dans l’oeuvre de Woolf, Orlando est une merveille d’ironie, d’humour, de poésie et d’originalité.
    Voilà ! J’espère que tu trouveras ton bonheur dans l’oeuvre de cette merveilleuse auteure que j’adore.

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  4. Chère Florence, désolée pour le retard de ma publication, j’ai été vraiment débordée ces derniers temps… Je l’ai quasiment écrite mais pas complétée. Du coup j’ai loupé la synchronicité de notre LC :/ Je vise une publi pour le 18 juin, jour des vintage classics. Je suis ravie que tu aies apprécié ce recueil autant que moi. C’est une jolie introduction à Virginia Woolf. Moi j’avais directement commencé Woolf par Les vagues ! Autant dire un texte très déroutant car aucune séparation n’est faite entre les flux de conscience des six personnages qui évoluent de l’enfance à l’âge mûr, mais absolument magique. J’ai ensuite enchaîné sur Les années, qui raconte l’histoire d’une famille sur plusieurs générations. C’est brillant, il y a autant de flux de conscience mais les personnages sont quand même plus délimités de l’extérieur que dans Les vagues. Orlando enfin, est un petit bijou de fantaisie et de drôlerie, peut-être plus facile à lire pour commencer. En ce moment je lis Mrs Dalloway et je savoure… Je prends note quand même des conseils de Lili sur les romans plus « accessibles » de Virginia Woolf 😉

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    • Pas de problèmes Ellettres, on a tant d’autres choses à faire aussi ! j’ajouterai ton lien le 18 juin. On reparlera de « Rêves de femmes » à ce moment-là. Je vais suivre les conseils de Lili, renforcés par ce que tu me dis de tes lectures : les deux premiers romans de Woolf + « Orlando » (qui me fait particulièrement envie avec ce que tu écris). Je poursuivrai ensuite avec « Les années » ou « Mrs Dalloway » qui est dans ma Pal. A lundi prochain !

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