Les Disparus de la lagune, Donna Leon.

Curieusement, cette année, il me semble avoir peu entendu parler du nouveau volume de la série de Donna Leon. Pourtant, cette 26ème enquête, présentée sur la quatrième de couverture comme l’une des meilleures de la série (mais c’est ce que l’on a tendance à dire régulièrement, non ?), s’est révélée à la hauteur et je dirai même qu’elle m’a particulièrement plu, peut-être parce qu’elle ne se passe pas exactement à Venise, et donc qu’elle est assez dépaysante, même si le commissaire ne s’éloigne de sa chère ville que pour se rendre… dans la lagune ; et aussi certainement, parce que Brunetti va mal, et que cela ne semble pas seulement passager.

Et cela commence lorsque, pour dissimuler la réaction mal contrôlée d’un collègue lors d’un interrogatoire, le commissaire Brunetti est amené à simuler un malaise. Il joue tellement bien la comédie, si l’on peut dire, qu’il est transporté à l’hôpital où il est obligé de se soumettre à quelques examens. En discutant avec sa femme Paola de la supercherie, il se rend compte qu’il ne supporte plus du tout son métier. Surmenage, burn-out, simple fatigue passagère ? Le commissaire Brunetti décide de prendre quelques semaines de repos, seul avec quelques livres, dans une villa qu’une vieille tante de sa femme possède dans l’île de Sant’Erasmo.

Il y est accueilli par Davide Casati, un ancien ami de son père, qui s’occupe de la maison de la tante de Paola. Les deux hommes sympathisent et Davide propose à Brunetti de l’accompagner chaque matin à bord de son « puparin », une barque à deux rameurs, utilisée pour les régates notamment : l’homme doit se rendre dans différents endroits de la lagune pour s’occuper de ses ruches et récolter le miel. Brunetti est ravi car il avait l’intention de faire de l’exercice et les heures de rame lui seront d’un grand bénéfice, d’autant plus qu’elles sont accompagnées de longues discussions avec Davide.

Mais une nuit d’orage, Davide disparaît. Sa fille Federica pense qu’il est allé « parler » à sa femme au cimetière de San Michele, comme il en a l’habitude, mais il n’y a pas de traces de Davide là-bas. Le commissaire Brunetti prend l’affaire en mains et accompagne les garde-côtes dans leurs recherches. Le voilà parti dans une nouvelle enquête qui le mène à s’interroger sur la pollution dans la lagune, sur l’attitude volontairement criminelle de certaines entreprises industrielles des environs, comme sur les conséquences de la légèreté de tous en matière d’environnement pendant des années. Le thème est d’actualité !

L’enquête de Brunetti est officieuse, et aidé de Vianello, de la perspicace commissaire Griffoni, et de la Signorina Ellettra, ils vont mettre à jour beaucoup d’éléments avant de conclure que parfois, la vérité n’est pas bonne à dire. Les révélations de personnes impliquées à des degrés divers dans une vieille histoire qui a des retentissements désastreux sur le présent, plongent Brunetti dans un questionnement philosophique profond.

Encore une fois, notre cher commissaire révèle sa sincérité et son humanité. Le rythme lent du roman, au cours duquel Brunetti nous emmène avec lui ramer dans la lagune, pédaler sur la charmante petite île, partager repas et discussions avec les gens du cru, ainsi que les interrogations que le commissaire se pose grâce à la distance qu’il prend, font de ce nouvel épisode un des meilleurs en effet.

 

Les Disparus de la lagune, Donna Leon, traduit de l’anglais (américain) par Gabriella Zimmermann, Editions Calmann-Lévy, collection Noir, Paris, septembre 2018, 355 p.

 

9ème participation au challenge 1% de la rentrée littéraire 2018, participation au challenge Polars et thrillers chez Sharon, participation au Challenge vénitien ici.

 

16 réflexions sur “Les Disparus de la lagune, Donna Leon.

    • Je rêve d’avoir plein de soeurs grandes lectrices 🙂 ! Pour ma part, j’ai commencé la série vers le 15ème. Il m’en reste donc pas mal à lire aussi. Des lectures agréables, sans prétention, mais qui sont l’assurance de passer un bon moment.

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  1. Je l’ai lu et c’est un de mes préférés, sinon mon préféré. J’aurais tendance à dire, oui, que c’est le meilleur car le personnage de Brunetti incarne ici vraiment le projet de Donna Leon, à savoir montrer l’immensité de la corruption mondiale qui finira par détruire notre monde et qu’il ne reste, finalement, que l’humanité dont on peut faire preuve .
    Bon week end.

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    • Oui c’est vrai que dans ce volume, l’intrigue est tout à fait secondaire. Il semblerait que l’auteur aille désormais à l’essentiel. Loin de s’étioler au fil du temps, sa série se bonifie au contraire. Espérons que le suivant soit du même ordre !

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