Une très légère oscillation, Sylvain Tesson

 

Après avoir rassemblé et relu ses carnets, Sylvain Tesson a publié son journal intime concernant les années 2014 à 2017.  Moins universel que le recueil de textes que l’on avait découvert dans « Géographie de l’instant », ce journal aborde néanmoins de nombreux sujets de la vie quotidienne, qu’il s’agisse de politique, de philosophie, de géographie, de sujets de société, bref, d’observations très variées sur notre monde et ses défauts…

Pêle-mêle, Sylvain Tesson fustige la liturgie moderne des photos à tout-va et s’inquiète de l’avenir des récits de voyage. Il dénonce l’émotion permanente, à défaut de réflexion, qui nous est servie par les médias. Il nous invite, comme Karen Blixen, à nous inventer une devise en trois termes. Il nous rappelle le sort des chrétiens d’Orient, des Yazédis oubliés et le combat des Kurdes contre l’Islam radical. Il pointe le ridicule de certaines théories à la mode : celle du genre : et pourquoi pas celle du nombre ?

Marqué par son accident, Sylvain Tesson nous livre aussi sa philosophie face à la maladie ou l’accident, et la nécessité de « mépriser la souffrance, la considérer avec désinvolture, si l’on veut guérir ». Il se moque également de « l’art oratoire » moderne des euphémismes et l’applique avec humour à de grands épisodes de l’histoire. Il annonce la fin du monde rural : faite à l’été 2015, son analyse des problèmes de la ruralité en France, témoigne de sa sagacité.

Que dire de plus que ce que j’ai déjà souligné lors de mes lectures des ouvrages de Sylvain Tesson ? Je ne suis jamais déçue, j’aime à y retrouver son érudition et sa perspicacité nourrie de réflexion sur le monde et ses habitants, son style vif et sans détours, ainsi que son humour, parfois teinté de nostalgie ou de cynisme. Tesson est un idéaliste qui n’en peut plus de constater les imperfections du monde et la bêtise des hommes. L’écriture est pour lui une « bouée de sauvetage ». Ses textes sont pour nous un grand plaisir, une consolation et, comme « Géographie de l’instant », « Une très légère oscillation » est un recueil auquel se référer régulièrement.

 

Une très légère oscillation, Sylvain Tesson, Journal 2014-2017, Pocket, Paris, août 2018, 216 p.

 

Participation au Challenge objectif Pal chez Antigone.

 

6 réflexions sur “Une très légère oscillation, Sylvain Tesson

  1. Pingback: Objectif pal de février ~ le bilan – Les lectures d'Antigone

  2. Je n’ai lu qu’un titre de Sylvain Tesson mais j’en garde un beau souvenir. A chaque fois que je l’écoute, par ailleurs, je le trouve toujours très juste. Je me rappelle notamment qu’il avait dit dans un émission que le silence, la solitude et l’espace sont les nouveaux luxes et il a tellement raison. Je note ce titre !

    J’aime

Laisser un commentaire