Une journée d’automne, Wallace Stegner

 

Margaret enterre son mari. Cette femme de quarante-sept ans, vieillie prématurément, porte les traces de l’amertume qui gouverne sa vie depuis tant d’années. Elspeth, sa sœur cadette, admet que la tristesse ne la quittera plus. Quant à Malcom, il cache son chagrin dans sa chambre.

Flasback, dix-huit-ans plus tôt : Margaret rayonne de bonheur lorsqu’au bras d’Alec, son mari, elle se rend à la gare pour accueillir sa jeune sœur Elspeth qui arrive d’Ecosse ; celle-ci vient s’installer dans la ferme de sa sœur et son beau-frère, dans l’Iowa.

La jeune fille de vingt-deux ans découvre une magnifique propriété dotée du confort moderne et elle apporte son enthousiasme communicatif aux habitants de la ferme, Margaret et Alec, mais aussi Minnie la gouvernante, Ahlquist, l’ancien fermier devenu ouvrier agricole, qui travaille pour rejoindre femme et enfants en Norvège, son pays natal. Elspeth se sent proche d’Ahlquist, dont elle comprend la nostalgie et la solitude. Mais Margaret conseille à sa jeune sœur de ne pas trop se montrer en compagnie de l’ouvrier agricole, car elle doit tenir son rang et cela pourrait faire jaser…

« Une journée d’automne » est un court roman inédit en français de Wallace Stegner. Il s’agit pourtant de la première œuvre que le grand écrivain américain a publiée, en 1937, et dans laquelle il fait preuve d’une maîtrise remarquable. Ce roman est l’histoire banale d’un drame conjugal qui bouleverse plusieurs vies. Le puritanisme de l’époque empêche les protagonistes de communiquer. Margaret n’envisage jamais le pardon qui seul, permettrait à la vie de reprendre son cours : des vies gâchées par une rigidité d’esprit et une petitesse qui n’ont d’autre source que la peur du regard des autres et qui conduit à rejeter la vie-même, à condition de préserver l’apparence de la décence.

L’écriture est très évocatrice, qu’il s’agisse des paysages de l’Iowa et de la description de la ferme, -terres fertiles, paysages riants apportant bien-être et sérénité, malgré la menace subtile des sables mouvants-, ou des sentiments des personnages qui petit à petit basculent dans la colère, la tristesse puis l’amertume. Des personnages qui se trouvent à la fin physiquement marqués par la vie qu’ils ont menée, parce qu’ils ont accepté leur malheur et s’y sont complus, tandis qu’à l’extérieur, la nature est toujours aussi belle.

Une belle lecture, très émouvante.

 

Une journée d’automne, Wallace Stegner, traduit de l’américain par Françoise Torchiana, éditions Gallmeister n°114, septembre 2018, 150 p.

 

Lu dans le cadre du mois américain chez Martine, du challenge Objectif Pal chez Antigone.

 

13 réflexions sur “Une journée d’automne, Wallace Stegner

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