Alors que le narrateur rentre d’une excursion en voiture, la réflexion de la fille de ses amis, une enfant de neuf ans, le plonge dans des pensées douloureuses concernant la sépulture de la famille Finzi-Contini ; et l’emporte aussitôt dans un long récit nostalgique qui couvre une dizaine d’années, celles de l’adolescence, de la fin des années vingt au début de la guerre. Une jeunesse qui s’est déroulée dans les beaux quartiers de la ville de Ferrare.
Le fascisme, déjà bien installé en Italie, envahit alors progressivement tous les aspects de la vie quotidienne et conduira jusqu’à la promulgation des lois raciales par Mussolini en 1938. Au fur et à mesure que le danger grandit et menace les protagonistes qui appartiennent à la communauté juive de Ferrare, ceux-ci se renferment autour d’un petit cercle d’amis, dans le magnifique jardin de la propriété des Finzi-Contini.
Le narrateur est amoureux de Micol, la jeune fille de la famille. L’amourette d’enfance se transforme chez lui en un véritable amour que ne partage pas Micol. Obstiné, il continue à fréquenter la maison et devient ami avec Alberto, le frère de Micol puis avec Giampi Malnate, un ami d’Alberto.
« Le jardin des Finzi-Contini » est un très beau roman sur le passé et l’incertitude de l’avenir. C’est un texte qui a des accents modianesques par moments, proustiens également, mais dans ses thèmes uniquement car l’écriture est très différente. Elle est à la fois précise, évocatrice, et tout en retenue et en subtilité : les nombreux non-dits réduisent la période évoquée à un bonheur provisoire où l’on a l’impression que seules comptent les préoccupations sentimentales des personnages. Mais celles-ci ne sont détaillées que pour détourner l’attention de la menace qui plane douloureusement sur les Finzi-Contini et leurs amis.
« (…) pour moi, non moins que pour elle, ce qui comptait c’était, plus que la possession des choses, le souvenir qu’on avait d’elles, le souvenir en face duquel toute possession ne peut, en soi, apparaître que décevante, banale, insuffisante. Comme elle me comprenait ! Mon désir que le présent devînt tout de suite du passé, pour pouvoir l’aimer et le contempler à mon aise, était aussi le sien, exactement pareil. C’était là notre vice : d’avancer avec, toujours, la tête tournée en arrière. »
En effet, derrière la douceur, il y a la nostalgie du narrateur, derrière la sérénité apparente des belles journées d’été sur le court de tennis, il y a la cruauté d’un avenir que seul le narrateur connaît et dont lui seul a réchappé. Et ce qui frappe est, non pas l’insouciance, mais l’absence de réaction des protagonistes face au recul de leurs droits. Un trait de l’époque aussi et de la bonne société dans laquelle évoluent les personnages qui, pour intellectuels qu’ils soient, se taisent, sont aveuglés ou se résignent à abandonner progressivement leurs libertés. Nostalgique, beau, édifiant.
Coup de cœur 2020 !
Le jardin des Finzi-Contini, Giorgio Bassani, traduit de l’italien par Michel Arnaud, Folio n° 634, 1975, 373 p.
Olivier a lu « Dans le mur« de Giorgio Bassani, tiré du recueil « Le roman de Ferrare ». Vous pouvez lire sa chronique ici.
Participation au mois italien chez Martine et au challenge Objectif Pal chez Antigone.
Il me semble qu’il en existe une adaptation cinématographique (que je n’ai pas vu) mais la chronique me donne très envie de le découvrir….. Une ambiance, des thèmes qui m’intéressent 🙂
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J’espère qu’il te plaira! En tout cas, il m’a donné envie de découvrir les autres romans de Bassani et je crois que je vais acquérir « Le roman de Ferrare » qui contient six romans de l’auteur.
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je le note car l’histoire me plaît ! tout ce qui se passe dans cette période de l’Histoire en général je mets illico dans ma PAL 🙂
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Je pensais bien en effet que ce titre te parlerait.Je l’avais déjà lu quand j’étais étudiante et il m’a encore beaucoup plu. Un classique de la littérature italienne.
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je me suis procurée « Rapsodie italienne » au printemps car j’avais lu un roman sur un résistant italien qui m’a emballée et donner envie d’en savoir plus 🙂
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Je me souviens du film et de la belle Micol mais je ne sais plus si j’ai lu le livre ???
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Voilà qui semble bien intéressant !! 😉
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Pingback: Objectif pal de mai ~ le bilan – Les lectures d'Antigone
Je me remets à mon blog que j’ai délaissé depuis un moment. Je parcours mon blogroll et je tombe sur cet article. Moi aussi j’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai la chance d’être bilingue alors je l’avais lu en italien. Le style de l’auteur m’a beaucoup plu. Le livre est magnifique. J’avais aussi beaucoup aimé le film. J’essaye de revenir plus souvent chez toi ! A bientôt !
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Je lis également en italien. Tu peux aussi voir mes chroniques consacrées à mes lectures italiennes sur Pages italiennes https://pagesitaliennes.wordpress.com/). Bon retour et bonnes lectures ! A bientôt.
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lire tout Giorgio Bassani! (découvert en visitant Ferrare
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