Il était deux fois, Franck Thilliez

Grandiose, diabolique, génial, brillant, addictif… je pourrais aligner deux lignes de qualificatifs pour parler du dernier polar de Franck Thilliez qui parvient toujours à me surprendre : mais comment fait-il pour se renouveler de la sorte, tout en étant fidèle à ce que l’on aime chez lui ? Une intrigue parfaitement ficelée, avec des criminels qui rivalisent d’horreur et de folie, une construction magistrale, un sujet scientifique doublé d’une question sociétale ou culturelle, de nombreuses références et, comme dans « Le manuscrit inachevé », des palindromes et des énigmes qui invitent le lecteur à se creuser la cervelle. Une recette parfaite, mais il faut être un grand chef pour la réussir !

Et quand on sait que Thilliez aime à semer dans son texte quelques indices qui prendront leur signification plus tard, on essaie de freiner la lecture pour être plus attentif aux détails. Et pourtant, il est difficile de ralentir quand l’intrigue est si prenante. Cette fois, nous sommes à Sagas, une petite ville des Alpes coincée au fond d’une vallée sinistre, froide et sombre. Gabriel Moscato se réveille dans une chambre d’hôtel, tout aussi glauque que la vallée-n’y logent que des familles qui viennent visiter leurs proches détenus dans la prison voisine-, et se rend compte, stupéfait, qu’il ne se trouve pas dans la même chambre que celle où il s’était endormi. Le pire est à venir puisqu’il découvre dans le miroir de la salle de bains un visage amaigri et vieilli qu’il reconnaît à peine.

Moscato était venu dans cet hôtel retrouver sa fille Julie, disparue un mois plus tôt, en mars 2008. Or, nous sommes en novembre 2020. Moscato ne se souvient de rien, sa mémoire occulte soudainement douze ans de sa vie. Il pense être choqué par ce qu’il a vu pendant la nuit, une pluie d’oiseaux morts, bien réelle car elle a réveillé d’autres clients de l’hôtel. Le cauchemar continue lorsque Moscato apprend qu’il n’est plus gendarme et que ses anciens amis ou collègues ne veulent plus lui parler…

Je n’en dirai pas davantage sinon que Thilliez aborde le thème de la mémoire et celui, passionnant, de « l’art criminel » ou de la représentation de la mort par crime dans la peinture, la littérature ou d’autres domaines que vous découvrirez si vous lisez « Il était deux fois ». A cet égard, les références au polar en général et à des auteurs contemporains sont assez savoureuses.

Les lecteurs fidèles de Thilliez trouveront dans ce nouveau roman de nombreuses références au « Manuscrit inachevé », son roman paru en 2018, ainsi qu’une surprise de taille. Je leur conseillerai d’ailleurs de relire « Le manuscrit inachevé » ou au moins, d’en relire quelques résumés assez complets. Les autres découvriront « Il était deux fois » sans aucune incompréhension, c’est aussi cela le génie de l’auteur.

 

Il était deux fois, Franck Thilliez, Fleuve Editions, collection Fleuve Noir, avril 2020, 506 p (+ ?).

 

 

Participation au challenge polar et thriller chez Sharon

9 réflexions sur “Il était deux fois, Franck Thilliez

  1. j’adore cet auteur, ce livre est dans ma PAL bien-sûr, mais j’ai les 3 précédents aussi…
    je pense qu’il peut se lire indépendamment des autres, les protagonistes habituels se sont pas présent ou me trompe-je ?

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  2. Pingback: Franck Thilliez – Il était deux fois | Sin City

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