Dépaysement total avec ce roman policier historique qui nous transporte dans la Suède de la fin du 18 ème siècle. Si le pays reçoit des nouvelles des « Lumières » qui progressent en France, de ses excès et frayeurs, il se trouve quant à lui dans l’obscurité la plus totale : les bas quartiers de Stockholm vivent dans le dénuement, la violence, la vermine et connaissent même l’esclavage au sein des filatures. Bourgeois et nobles viennent ajouter la corruption à ce tableau peu reluisant et toutes les classes sociales se retrouvent unies dans une passion pour l’alcool qui corrompt les raisonnements et abrège les vies.
Mickel Cardell est un « boudin ». Il a servi dans l’artillerie durant la guerre de Russie du roi Gustav. Au cours d’une bataille, il a perdu son bras, ce qui lui a sauvé la vie et fait perdre son innocence, après qu’il eût compris pour quel homme il se battait. C’est Cardell que quelques enfants viennent chercher pour repêcher un cadavre flottant dans les eaux putrides du lac de Fatburen. Une fois ce travail accompli, Cardell appelle la garde nationale et Cécil Winge arrive sur les lieux. Cet homme de loi, encore jeune mais atteint de tuberculose, est épuisé. Bien que sa santé l’abandonne, il se laisse convaincre par le chef de la police de mener l’enquête lorsqu’il apprend que les sévices qui marquent le cadavre ont été pratiqués du vivant de celui-ci, à plusieurs mois d’écart. Winge sait qu’il ne peut enquêter seul et il parvient à convaincre Cardell de faire équipe avec lui dans cette enquête qui mènera ces deux hommes peu assortis des bas-fonds de Stockholm aux palais de l’aristocratie.
« 1793 » est un polar passionnant, extrêmement bien documenté et très bien écrit, qui arrive à nous faire ressentir l’atmosphère de la capitale suédoise pendant cette période dominée par la violence et l’horreur. Sa construction en trois parties qui d’abord remontent le temps, nous permet de comprendre peu à peu les relations entre les protagonistes de l’affaire. Le polar se termine sur une quatrième partie qui voit le dénouement de l’enquête.
« 1793 » se trouve en concurrence avec « Sur le toit de l’enfer » d’Ilaria Tuti pour le Prix Nouvelles Voix du Polar 2020 dans la catégorie « Polar étranger ». Les deux romans sont excellents tous les deux, mais très différents, et mon choix sera dicté clairement, en ce qui me concerne, par une simple question de goût.
1793, Niklas Natt Och Dag, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, Pocket n° 17372, mars 2020, 521 p.
je ne le connais pas donc je le note…
J’attends ta chronique sur « La montagne magique » avec impatience
je l’ai beaucoup aimé mais la liseuse sur laquelle il était a rendu l’âme l’an dernier alors je n’ai pas pu rédiger ma chronique toutes mes notes sont perdues 🙂
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