Voilà presque un mois que je n’ai pas publié de chronique, mais j’avais cet été décidé de beaucoup lire et de passer peu de temps sur Internet. Comme chaque année, j’aime participer au challenge « Pavé de l’été », et cette fois, plus qu’un pavé, c’est un « bloc » que j’ai lu et dont je suis ravie d’être venue à bout (au prix de quelques efforts c’est vrai). Mon prochain Thomas Mann sera « Mort à Venise », soit environ dix fois moins long que « La montagne magique »…
Nous sommes un peu avant la première guerre mondiale. Hans Castorp, est un jeune Allemand, orphelin mais néanmoins très aisé. Il se rend en Suisse, à Davos, afin de rendre visite à son cousin qui se trouve depuis de longs mois dans un sanatorium où l’on soigne la tuberculose. Hans y découvre un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence : la vie des malades est rythmée par des cures de repos en chaise longue qui leur permet de respirer l’air pur et bienfaisant qui règne en altitude, par de riches et fréquents repas et par des prises de températures aussi longues que répétitives.
Les pensionnaires du sanatorium forment un véritable microcosme constitué de représentants de l’aristocratie et de la bourgeoisie européenne. Tous souffrent de la tuberculose à des degrés divers et, si certains guérissent, d’autres restent au « Berghof » pendant des années ou ne survivent pas et disparaissent alors subrepticement…
Alors qu’il aurait dû rentrer à Hambourg au bout de trois semaines, Hans Castorp est sujet, peu avant son départ, à de faibles fièvres qui conduisent le médecin chef à lui conseiller de prolonger son séjour… Il restera sept ans à Davos (je ne divulgue rien car cela est annoncé dès les premières pages).
« La montagne magique », roman culte et chef d’œuvre de la littérature allemande, a attiré mon attention en librairie il y a quelques temps, parce qu’il venait de sortir dans une nouvelle traduction. Et je n’ai pas regretté ma lecture, même si le roman est parfois long (près de 1200 pages tout de même). Les digressions sont tellement diverses qu’elles ne peuvent pas toutes nous intéresser : sont passés en revue des sujets aussi variés que la médecine, la botanique, la politique, l’astronomie, la philosophie et bien d’autres encore.
L’auteur use de différents procédés pour écrire une sorte d’encyclopédie des savoirs du début du vingtième siècle : il nous fait part des réflexions du jeune Castorp, des enseignements de Settembrini, écrivain et pédagogue italien qui se fait un devoir d’instruire Castorp des bénéfices des progrès de la science, de la raison et des arts. Nous assistons également aux discussions enflammées que Settembrini a régulièrement avec Naphta, un jésuite qui a des opinions radicalement opposées aux siennes.
Roman en partie autobiographique, « La montagne magique » est difficile à définir : c’est à la fois une somme philosophique, un roman d’initiation qui échoue et se moque ainsi de ce genre, et le témoin de l’évolution politique et philosophique de Thomas Mann qui a écrit « La montagne magique » entre 1912 et 1924 et a changé d’opinion sur la guerre, entre autres, comme nous l’explique la traductrice dans une postface très éclairante. Et même s’il comporte de nombreuses connotations hermétiques pour le lecteur lambda, le roman a un grand intérêt aussi en tant que fresque qui illustre un monde ancien et une civilisation en déclin.
Enfin, pour moi qui ne connaît rien à la littérature allemande, à part Goethe et deux ou trois auteurs contemporains, il est intéressant de rapprocher le roman de Thomas Mann du « Candide » de Voltaire, auquel Hans Castorp ressemble par certains aspects. Et de l’œuvre de Proust qui était le contemporain de Thomas Mann. Le temps joue d’ailleurs un rôle très particulier dans « La montagne magique » où la perception qu’en ont les protagonistes est analysée, voire disséquée dans de longs passages.
Thomas Mann réussit le paradoxe de nous faire entrer dans un monde clos et monotone dans lequel règnent la maladie et la mort, et d’en faire un cocon qu’il est ensuite difficile de quitter. Il faut du temps, un peu de courage et de détermination, mais l’on retrouve dans ce roman tout l’intérêt et le plaisir des œuvres classiques. Comme l’on dit, à lire au moins une fois dans sa vie…
La montagne magique, Thomas Mann, traduit de l’allemand, annoté et postfacé par Claire de Oliveira, Le livre de poche n°35564, 2019, 1170 p.
Lu dans le cadre du challenge Pavé de l’été chez Brizes, et du challenge Objectif Pal chez Antigone.
j’ai adoré ce roman… Je l’ai lu via liseuse et « ebooks libres et gratuits » et la liseuse a rendu l’âme…
J’aimerais bien lire la nouvelle traduction 🙂
j’aime bien Thomas Mann …
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Je devais le lire depuis longtemps. il me reste à découvrir » La mort à Venise », ce sera plus rapide !
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J’aime beaucoup Thomas Mann – enfin, les Buddenbrook que j’avais adoré, et sa vie. Ce roman est dans ma liste de lectures depuis longtemps; tu me donnes envie.
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Et toi de lire les Buddenbrook ! Je le note. La production littéraire actuelle me déçoit un peu, je pense lire davantage de classiques…
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Un auteur qu’il faut que je découvre !
Merci pour cette chronique !
Bonne journée
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Merci à toi de ta fidélité. Il faut trouver le temps, mais Thomas Mann est à lire en effet !
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Il est sur ma liste des livres à lire mais je commencerais peut-être avec les Buddenbrock …quand j’arriverais à lire tout ce que j’ai prévu 🙂
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Idem pour moi ! Les Buddenbrook sera dans mes prochaines acquisitions.
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J’avais lu Mort à Venise. Un jour je lirai certainement cette montagne… 😉
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Une montagne en effet, dans tous les sens du terme. Et si j’ai commencé par le plus long des deux, c’est grâce au challenge Pavé de l’été !
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Longue histoire, cette « Montagne magique » et moi ! Au moins deux tentatives infructueuses dans ma jeunesse, au point que j’ai fini par me débarrasser du livre, en me disant que je ne lirais jamais. Mais, récemment, j’ai craqué parce que la nouvelle traduction était en promo numérique. Depuis, j’ai fait une nouvelle petite incursion … mais je dois décidément manquer du courage requis ^^ !
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Dommage. J’avais un peu peur au début mais je suis facilement entrée dedans. En revanche, je crois qu’en numérique, je n’aurais pas pu pour un livre aussi long.
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Bonsoir, quel beau choix comme Pavé de l’été 20. C’est ma maman qui m’avait incitée à lire ce roman. Je ne l’ai pas regretté. C’est un chef d’oeuvre qui se mérite. Thomas Mann avait bien mérité son prix Nobel. Bonne soirée.
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