Archive | novembre 2020

Voyage au royaume de Naples, Dominique Vivant Denon

Peu avant mon voyage à Naples, et pour changer des nombreux guides que j’ai consultés, je me suis plongée dans un ouvrage écrit en 1778 par Dominique Vivant Denon. Né en 1747, ce dernier est connu pour avoir été le premier directeur du Musée du Louvre. Il fut aussi graveur, diplomate et écrivain. Il est l’auteur, entre autres, de récits de voyages en Italie ainsi qu’en Egypte. Il connaissait bien Naples où il avait passé plusieurs années en tant que secrétaire d’ambassade.

Après une rapide évocation des premiers jours de son « Voyage au royaume de Naples », de Marseille en Toscane, d’abord en bateau puis à pied, l’auteur nous invite à visiter la grande cité parthénopéenne de l’époque. La rue de Tolède, grande artère commerçante actuelle, est alors le lieu de résidence de la noblesse. En arrivant sur le port, nous découvrons le Castel dell’Ovo. La rade de Naples nous est présentée comme le plus grand port de l’univers. Il y a aussi à Naples « la plus belle chartreuse de l’univers ».

On note la « grande affluence », la « vivacité », les « embarras » car, « de toutes les villes de l’univers, Naples est celle où il y a le plus de voitures ». L’auteur critique le ridicule des obélisques, mais aussi le but incertain que poursuivent les voyageurs. Il souligne la paresse des napolitains et la jalousie qui les anime, mais il évoque aussi la légèreté et la gaieté qui les caractérisent. Il nous parle des crèches napolitaines, nous décrit le culte des morts. 

Enfin, Dominique Vivant Denon nous emmène à la découverte des environs de Naples, au pied du Vésuve, à Pompéi, Herculanum, puis dans les îles, et notamment sur l’île de Caprée -l’actuelle Capri-, et dans les mystérieux Champs Phlégréens.  Il dit de Caserta : « Je trouvai ce lieu fort triste ». Il termine son itinéraire en descendant de Naples à Reggio de Calabre, en passant par la Pouille, puis il se rend en Sicile, avant de rentrer en bateau à Naples.  Voilà un ouvrage passionnant, riche en références à l’antiquité romaine et aux auteurs latins, qui nous fait voyager dans l’espace et dans le temps.

 

Voyage au royaume de Naples, Dominique Vivant Denon, Préface de Pierre Rosenberg, Editions Perrin, 1997, 309 p.

 

Participation au challenge objectif Pal chez Antigone.

Lire des romans de montagne

C’est en constatant que les éditions « J’ai lu » republiaient les romans de Roger Frison-Roche que j’ai eu l’idée d’écrire une chronique sur les romans de montagne, ou qui se déroulent à la montagne.

Voici donc quelques-uns de mes livres préférés dans ce domaine, qu’il s’agisse de récits d’aventures ou de pure fiction. J’ai marqué une préférence pour les livres qui existent en collection de poche, et j’ai exclu les beaux-livres, car trop d’entre eux méritent que l’on s’y arrête.

Il en existe évidemment beaucoup d’autres, mais je n’ai mentionné ici que les livres que j’ai lus. J’espère que cela vous donnera des idées de lecture. N’hésitez pas à me recommander les vôtres en commentaire.

 

 

Le classique des classiques 

C’est la série des Frison-Roche, « Premier de cordée », « La grande crevasse » et « Retour à la montagne » et beaucoup d’autres. La trilogie nous conte l’histoire d’un jeune chamoniard qui rêve de devenir guide, comme son père, mais qui se résigne à l’hôtellerie et à ne pratiquer la montagne que comme loisir.

 

 

Les classiques au sens classique 

« La montagne magique » de Thomas Mann nous immerge dans l’ambiance désuète d’un sanatorium Suisse au début du XXème siècle.

 « La grande peur dans la montagne », du suisse Charles-Ferdinand Ramuz : un roman mystérieux, un peu fantastique, dans lequel jeunes et vieux se disputent au sujet d’une terre délaissée dans les alpages. Du même auteur, le très beau « Derborence » dans lequel un jeune berger et son oncle qui étaient en alpage sont tenus pour morts par les habitants du village après la survenue d’un énorme éboulement.

 

 

Des polars 

Là encore, nous partons en Suisse, avec « Avalanche hôtel » de Niko Takian, qui se déroule dans un hôtel abandonné des hauteurs de Montreux et qui restitue parfaitement l’atmosphère hivernale et mystérieuse des lieux.

Sans oublier les polars de Marc Voltenauer qui vous emmèneront non loin de là, à Gryon et aux alentours, en compagnie de l’inspecteur Auer. Les deux premiers polars, « Le dragon du Muveran » et « Qui a tué Heidi ? », sont de véritables « page-turner ». Les suivants également, mais le second se passe en Suède, et le dernier vient de sortir en grand format et se déroule en plaine, dans le Valais suisse.

 

Les romans du terroir 

J’avais découvert il y a déjà plusieurs années « La grande avalanche » de Patrick Breuzé, mais l’auteur a écrit beaucoup d’autres romans. Dans celui-ci, un jeune soldat rentre de la guerre, blessé, pour effectuer sa convalescence dans son village de Haute-Savoie, avant de repartir au combat. Victime d’un accident de montagne, il est néanmoins sauf et se réfugie dans un chalet coupé du monde. Il hésite alors à faire croire qu’il est mort pour ne plus repartir sur le front.

« Le bout du monde : nos plus belles années » d’Edith Reffet évoque l’isolement vécu par une jeune institutrice de montagne. On y retrouve l’atmosphère particulière des années de guerre en montagne.

 

Les récits de voyage 

Dans « La légende des montagnes qui naviguent », Paolo Rumiz nous apprend que le dépaysement est à notre portée, loin du tourisme de masse. Voici un récit d’une grande richesse qui parle aussi d’écologie, d’histoire, de toponymie…

« Victoire sur l’Everest » est un incontournable pour qui veut tout savoir de la grande expédition à la conquête de l’Everest en 1953. Ecrit par un des participants, John Hunt.

D’autres romans étrangers 

Paolo Cognetti, « Les huit montagnes » :   L’amitié entre deux garçons sert de prétexte à évoquer une passion pour la montagne. Un roman authentique couronné par des prix prestigieux.

 

Annemarie Schwarzenbach, « Le refuge des cimes » :  des personnages de la bourgeoisie helvétique et allemande sont confrontés à des difficultés existentielles nées de la crise de l’entre-deux-guerres et cherchent à échapper à la noirceur du monde d’en bas.

Erri de Luca, « Le poids du papillon » : déçu par ses rêves révolutionnaires, un homme revient vivre dans ses montagnes natales, quelque part au nord de l’Italie. Il braconne et abat des centaines de chamois… un texte magnifique.  

 

Il y en tant d’autres encore… lesquels me conseillez-vous ?

La loi des hommes, Wendall Utroi

Jacques est cantonnier auprès de la mairie d’Houtkerke, dans le Nord. Alors qu’il entretient la tombe centenaire d’un Anglais à la réputation mystérieuse, il découvre un carnet qui contient une longue histoire. Avec l’aide de sa fille qui s’occupe de la traduction, Jacques se passionne pour les révélations qui y sont faites : avant de prendre sa retraite en France, l’auteur du carnet, un certain J.Wallace Hardwell, enquêteur à Scotland Yard, a mis au jour un scandale démasquant de nombreux notables et même des membres de la famille royale.

Impossible d’en dire plus sans dévoiler des éléments importants de ce roman qui n’est pas tout à fait un polar, et qui n’est pas totalement un roman historique non plus. Le suspense est pourtant bien présent, de même que les éléments historiques qui nous emmènent dans les bas-fonds londoniens au XIX ème siècle, dans une incroyable histoire de trafic de petites filles de 12, 13 ans, livrées en pâture aux membres de la bonne société anglaise.  

On suit avec Jacques tout le déroulement de l’enquête menée par Wallace. C’est une très belle découverte que ce thriller historique qui explore les thèmes vieux comme le monde et malheureusement toujours actuels que sont la pédophilie et l’exploitation sexuelle, et qui pose la question de la majorité sexuelle. Et l’on s’aperçoit avec stupeur que, dans certains domaines, les lois n’ont pas radicalement changé depuis cette époque ! Un roman passionnant à ne pas rater chez Slatkine et Cie.

 

La loi des hommes, Wendall Utroi, Slatkine et Cie, octobre 2020, 398 p.

 

 

la tentation du pardon, Donna Leon

Le commissaire Brunetti reçoit une collègue de sa femme qui s’inquiète pour son fils adolescent et espère de Brunetti qu’il puisse enquêter aux abords du lycée et mettre un frein au trafic de drogue qui, d’après les rumeurs, semble y sévir. Quelques jours après, le père du jeune homme est retrouvé en pleine nuit, gravement blessé au pied d’un pont. Brunetti ne croit pas aux coïncidences et commence son enquête…

J’ai été un peu déçue par ce roman : Donna Leon s’essoufflerait-elle ? Il y a une assez grande inertie dans ce nouvel épisode ; on sait que les enquêtes de Brunetti sont lentes et que l’intrigue n’est pas ce qui attire principalement les lecteurs assidus, mais cette fois, je me suis un peu ennuyée. Bien sûr, les ingrédients qui font le charme des enquêtes du commissaire Brunetti sont toujours présents, notamment la ville de Venise qui est le véritable personnage principal des romans de Donna Leon. Mais la critique de problèmes sociaux ou politiques, ou la mise en avant de questions d’actualité comme les dérives du tourisme de masse, font ici place à la dénonciation d’une une escroquerie certes intelligente, mais banale pour le lecteur.

Il est vrai qu’au 27 ème tome, il peut devenir difficile de se renouveler. Le fait que le volume précédent ait été un excellent opus joue sans doute également. Si vous êtes un inconditionnel de Donna Leon, vous lirez sans doute « La tentation du pardon », surtout depuis qu’il est sorti en format de poche. Sinon, je vous conseille plutôt l’excellent « Les disparus de la lagune », son précédent ouvrage. Je ne sais pas si Donna Leon poursuit son œuvre : peut-être le prochain épisode se déroulera-t-il dans une Venise désertée par les touristes ? On suivra bien sûr, quand même …

La tentation du pardon, Donna Leon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Gabriella Zimmermann, Editions Points, collection Policiers, 312  p.

 

Lu dans le cadre du challenge polars et thrillers chez Sharon.