Archive | février 2023

Lady L. de Romain Gary

Publié en anglais en 1959, ce roman est ensuite traduit en français sous la supervision de l’auteur pour paraître au lendemain de la guerre d’Algérie, ce qui ne semble pas un hasard puisque Romain Gary y évoque l’action politique, le poids de l’idéologie et le terrorisme, même s’il situe l’action dans les milieux anarchistes français de la fin du XIX ème et du début du XX ème siècle.

Lady L. est une vieille aristocrate anglaise d’origine française qui fête ses quatre-vingts-ans avec sa descendance nombreuse (« ce troupeau : plus de trente têtes ») et haut-placée –parmi lesquels un ministre, un évêque, un lieutenant-colonel du régiment de la Reine, un président de la Banque d’Angleterre…-. Or, lorsqu’elle apprend que son pavillon doit être démonté pour faire passer une autoroute, elle décide de faire transporter ailleurs l’ensemble des objets qu’elle y a accumulés. Et c’est son fidèle Percy, le Poète-Lauréat, amant platonique hautement respectueux, qui l’aidera dans cette tâche. Reste à le préparer à ce qu’il va découvrir dans le pavillon. C’est en chemin que Lady L. lui révèle l’histoire de sa vie, inattendue et haute-en-couleur…

Lady L. est une lecture à plusieurs niveaux : divertissante et romanesque, intéressante par la problématique politique soulevée et la critique sociale, et en même temps, pleine d’humour. Roman Gary a dû beaucoup s’amuser en l’écrivant, pour notre plus grand plaisir !

Lady L., Romain Gary, Folio n°304, janvier 2022, 251 p.

Blanc, Sylvain Tesson

« Blanc » ne m’a pas emportée comme tant de romans de Sylvain Tesson l’ont fait. Et pourtant, tout y est : le périple, -cette fois une traversée des Alpes à ski de Menton à Trieste-, la nature et ses beautés, les références littéraires et historiques et cette belle écriture classique, qui porte tantôt la précision du géographe, tantôt l’émotion onirique du poète devant une nature qui le domine.

Alors pourquoi la recette a moins bien fonctionné pour moi ? Il y avait cette sensation de répétition trop présente, l’arrivée au refuge et le repos chaque jour tant attendu, la menace des avalanches, ainsi que le découpage en de nombreux chapitres très courts correspondant à un jour et une étape.

Certainement aussi, le fait que l’aventure ait été réalisée sur quatre années, de 2018 à 2021, pour des raisons bien compréhensibles, ce qui retire au lecteur l’impression d’être dans une traversée au long cours, avec des protagonistes coupés de la civilisation. Pour autant, « Blanc » est un très bon récit de voyage et je ne pouvais pas ne pas en parler. Peut-être ai-je simplement lu trop de livres de cet auteur, qui reste quand même parmi mes préférés…

Blanc, Sylvain Tesson, Gallimard, collection Blanche, septembre 2022, 235 p.