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L’Italie au miroir du roman, Denis Bertholet

« On ne rêve pas aujourd’hui comme naguère ou jadis » et cela s’illustre particulièrement dans les romans non-italiens qui se déroulent en Italie. En effet, depuis près de trois siècles, des romanciers français, anglais, allemands, scandinaves, russes, américains… ont choisi de situer leur action dans ce pays qui les fascine. L’Italie est un mythe, en littérature, comme dans d’autres arts et Denis Bertholet, historien, éditeur et enseignant, a choisi de nous offrir un panorama très réussi de ces romans.

« L’Italie au miroir du roman » retrace donc l’histoire littéraire moderne des romans situés en Italie et étudie de quoi est faite la fascination des auteurs pour ce pays longtemps idéalisé. Le point de départ de cet essai se situe au XVIIIème siècle, au moment où le Grand Tour était en vogue parmi les élites européennes et où le roman tel qu’on le connait actuellement a pris son essor. Selon les époques, l’Italie a été tour à tour simple toile de fond, puis « pays incertain peuplé d’êtres inquiétants », avant de devenir le lieu par excellence de l’idéal esthétique, puis de l’idéal amoureux. L’Italie est également synonyme de nostalgie, c’est « là-bas » qu’on a connu la passion, artistique ou amoureuse, et qu’on a découvert le paradis sur terre, lequel « ne saurait appartenir au présent ».

L’image de l’Italie, telle qu’elle apparaît dans les romans européens, est le reflet de l’histoire des idées : après l’idéalisation, viendra la désillusion. Ce lieu par excellence des voyages de noces ne peut tenir toutes ses promesses. De même, lorsque la guerre et le totalitarisme s’installent, l’espoir disparaît et l’Italie elle-même ne « constitue plus un moyen d’évasion ». Elle deviendra plus tard un endroit envahi de touristes ; et pourtant le rêve italien n’a pas totalement disparu puisque, comme le souligne Denis Bertholet, « l’Italie reste un pays vivant » pour quelques romanciers français du début de XXIème siècle (Philippe Besson, Claudie Gallay, Laurent Gaudé…).

L’ouvrage de Denis Berthollet est passionnant pour qui aime à la fois la littérature et l’Italie. Facile à lire, suivant un plan chronologique, il propose un grand choix d’œuvres de Ann Radcliffe, Sade, Goethe, Stendhal, Dumas, Forster, Thomas Mann, Proust, Musil, Sartre, Aragon, Duras, Déon, Sollers… Il m’a remémoré des livres que j’ai beaucoup appréciés, comme « Les petits chevaux de Tarquinia » de Marguerite Duras, « La modification » de Michel Butor, ou, plus léger, « Mort à la Fenice » de Donna Leon. Il m’a surtout donné beaucoup d’idées de lectures, parmi lesquels « Le bonheur fou » de Jean Giono, « Oublier Palerme » d’Edmonde Charles-Roux, « Europa » de Romain Gary, et « Villa Amalia » de Pascal Quignard …

Un grand merci à Babelio et aux éditions Infolio !

 

L’Italie au miroir du roman, Denis Bertholet, Infolio éditions, CH-Gollion, juillet 2019, 238 p.

 

 

Théorie de la dictature, Michel Onfray

Même sur la plage, l’été n’empêche pas de penser et pour changer, j’ai eu envie de lire des essais. En haut de ma liste, le dernier livre de Michel Onfray, « Théorie de la dictature ». C’est aussi le premier livre que je lis de cet auteur, et s’il a attiré mon attention, c’est parce que Michel Onfray part de l’oeuvre de George Orwell, et notamment de ses deux romans, « 1984 », et « La ferme des animaux », pour bâtir une théorie applicable à ce qu’il considère comme « un nouveau type de totalitarisme ».

« 1984 » est le roman qu’il faut absolument lire, à mon avis, -avec « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley– pour comprendre notre époque et pour commencer une réflexion sur le rôle des avancées technologiques et du progrès. Orwell s’y livre à l’analyse d’une dictature imaginaire, qui reprend en fait les éléments de la dictature soviétique, et les transpose à un futur… qui est très semblable à l’époque que nous vivons. « La ferme des animaux » est également intéressant quant à la façon dont ce court roman décrit le déroulement d’une révolution menée par les animaux de la ferme, puis confisquée par les cochons au détriment des autres animaux.

 

Après une introduction dans laquelle Michel Onfray amène le sujet et évoque rapidement sa pensée politique et la situation actuelle de la France, « Théorie de la dictature » comporte deux parties qui sont en fait chacune une explication de texte des deux œuvres d’Orwell. Onfray y analyse en détail les éléments importants de « 1984 » et de « La ferme des animaux » et développe les principes qui sous-tendent les fictions politiques d’Orwell.

Je ne saurais dire s’il est préférable d’avoir lu les œuvres d’Orwell pour comprendre, tant l’ensemble est clair, complet et structuré (j’ai lu et étudié « 1984 » donc il m’est difficile de me prononcer). Au contraire, l’ensemble est assez long et un peu trop didactique pour ceux qui connaissent les romans d’Orwell. Pour les autres, il serait toutefois dommage de se contenter de l’analyse de Michel Onfray et de faire l’impasse sur « 1984 » qui, outre ses qualités sur le plan de la théorie politique, est avant tout une dystopie très réussie.

En fait, pour le lecteur averti, c’est-à-dire ici qui connait l’œuvre d’Orwell, l’intérêt du livre d’Onfray réside dans sa conclusion, dédiée au « progressisme nihiliste » dans laquelle il distingue progrès et progressisme à tout va :

« Ce qui nous est présenté comme un progrès est une marche vers le nihilisme, une avancée vers le néant, un mouvement vers la destruction. (…) le culte actuellement voué au progrès du simple fait qu’il est progrès par ceux-là mêmes qui, de ce fait, se disent progressistes, ressemble à une génuflexion devant l’abîme avant le moment suivant qui consiste à s’y précipiter – comme les moutons de panurge dans les flots… Le progrès est devenu un fétiche et le progressisme la religion d’une époque sans sacré, l’espérance d’un temps désespéré, la croyance d’une civilisation sans foi. »

Et l’auteur développe, thèses à l’appui : il explique et illustre comment notre liberté se voit « rétrécie », notre langue « attaquée », la « vérité abolie », l’histoire « instrumentalisée », la nature « effacée », la haine « encouragée » et comment un nouvel empire est en construction. Onfray fait bien souvent mouche. La lecture n’est pas difficile, fluide, à la portée de tous ceux qui s’intéressent un peu à l’histoire et à la politique : pas de concepts compliqués, pas de vocabulaire spécialisé. Et un lien indéniable avec l’actualité.

Les parties consacrées à l’attaque de la langue et à l’instrumentalisation de l’histoire m’ont évidemment particulièrement intéressée. La simplification de la langue que l’on constate régulièrement dans les reparutions ou nouvelles traductions, et plus grave, la généralisation d’un discours peu nuancé, amènent à des incompréhensions et malentendus fréquents et au final, à un appauvrissement de la pensée. Il n’y a qu’à penser à la nouvelle traduction de « 1984 » qui, entre autres, abolit le terme « novlangue » (et le remplace par « néoparler »), qui était pourtant passé dans le langage courant pour décrire un phénomène consistant à déformer une réalité par l’utilisation d’un nouveau mot ou d’une périphrase. Comment « 1984 » est lui-même victime de ce qu’il dénonce…

Au total, l’essai de Michel Onfray est une belle démonstration. Qu’on soit d’accord ou non avec l’auteur, il y a là matière à réflexion et discussion, du moins pour ceux qui acceptent encore cet exercice…

Théorie de la dictature, Michel Onfray, Robert Laffont, Paris, avril 2019, 230 p.

Lire ! Bernard et Cécile Pivot

 

Bernard Pivot et sa fille, Cécile Pivot, partagent l’amour de la lecture. Le premier se présente comme « un marathonien professionnel de la lecture », même si la retraite lui permet maintenant d’adopter une approche des livres différente. La seconde est admirée par son père en tant que lectrice « amateur » qui lit pour son seul plaisir, et ne peut s’empêcher de lire en toutes circonstances. Tous deux ont décidé de nous offrir leurs réflexions sur les différents aspects de la vie d’un lecteur : les lectures d’enfance, les rituels de lecture, choisir un livre, offrir un livre, lire en vacances, sacrées lunettes…

Père et fille nous livrent leur expérience, leurs découvertes, leur richesse née de la lecture, leurs conseils aussi. Bernard Pivot nous dit qu’«il ne faut prendre le livre qu’on va lire ni avec des pincettes, ni avec des gants. Il faut le saisir à pleines et chaleureuses mains, comme du bon pain ou une belle étoffe ».

Cécile Pivot nous révèle que le plus grand bonheur de la lecture pour elle, c’est « s’engouffrer dans la vie des autres et ne plus les lâcher d’une semelle jusqu’à ce qu’ils aient décidé de nous quitter ». Elle reconnait vivre par procuration et adorer cela. « Toutes ces existences qui ont traversé la mienne, l’ont même influencée, sont ma plus grande richesse », ajoute-t-elle.

J’ai particulièrement aimé le chapitre consacré à ce que l’on sacrifie pour lire, dans lequel Cécile Pivot avoue sans vergogne avoir souvent préféré la compagnie des livres à celle de ses amis. De même, le chapitre consacré aux dictionnaires qui me rappelle, à moi aussi, des souvenirs d’enfance, lorsque mon père, ma grand-mère, comme Bernard Pivot, le consultaient chaque jour, pas pour rechercher un mot, mais pour « flâner, baguenauder », un vrai plaisir pour l’auteur :

« Ouvrir un dictionnaire, c’est se jeter dans le foisonnement de la vie, dans l’exubérance du monde. C’est prendre le risque de se dire inculte. C’est aussi se donner la fierté de la découverte ou l’orgueil de l’attestation. C’est encore à chaque fois s’approprier des petits morceaux de l’héritage universel ».

Lire ! est aussi un ouvrage où l’on remarque le choix judicieux des illustrations proposées, photos, dessins, reproductions de tableaux, qui nous étonnent ou nous font sourire et sur lesquelles on aime revenir et s’attarder. Bernard Pivot dit avoir longtemps refusé de faire ce livre qui n’intéresserait que des lecteurs convaincus. Sans doute, mais c’est un bel éloge de la lecture.

 

Lire ! Bernard et Cécile Pivot, Flammarion, Paris, mars 2018, 190 p.

 

Zinc, de David Van Reybrouck

Dans ce petit essai, David Van Reybrouck nous raconte l’histoire d’un minuscule territoire germanophone, situé à l’est de la Belgique, à la frontière avec l’Allemagne actuelle et très proche des Pays-Bas. Lors du congrès de Vienne de 1815 qui a retracé les frontières de l’Europe d’alors, les discussions entre la Prusse et les Pays-Bas (auxquels appartenait la Belgique) achoppent sur cette étroite bande de terre où se trouvait la précieuse mine de zinc de La Calamine. La solution est trouvée un an plus tard, à la signature du traité d’Aix-la-Chapelle : la zone devient territoire neutre et, sous le nom de Moresnet-neutre, elle est administrée conjointement par la Prusse et les Pays-Bas. Un casse-tête pour ce que l’auteur présente comme « une part de tarte de 3.44km2 ».

Venant de Prusse, la jeune Maria Rixen s’installe à Moresnet-neutre, qui est alors une petite ville de 3400 habitants, vers l’automne 1902 et accouche d’un fils quelques mois plus tard. C’est à travers la vie de l’enfant, Emil Rixen, que l’auteur nous raconte le destin singulier de la petite ville. A sa naissance, l’enfant ne reçoit pas la nationalité de sa mère Maria, qui était prussienne, mais il est inscrit comme « sujet neutre ». Au cours de sa vie, il changera cinq fois de nationalité, sans jamais traverser de frontière ; « ce sont les frontières qui l’ont traversé », nous dit l’auteur, au gré des guerres et traités qui se sont succédé au cours du XXème siècle.

 

« Et le voilà Emil, au milieu de soldats allemands et d’anciens nazis, lui qui a donné à son fils le prénom du roi des Belges, et dont la femme a refusé la Mutterkreuz. Le voilà lui, l’homme qui a participé à l’occupation de l’Allemagne sous l’uniforme belge et à celle de la Belgique sous l’uniforme allemand, lui l’enfant adultérin, l’homme dont l’identité, tel un bloc de minerai de zinc, a été fondue et refondue si souvent qu’il en est résulté détachement et résignation. Un moderne Job, frappé et éprouvé par l’histoire. »

 

L’essai du flamand David Van Reybrouck est très intéressant, notamment parce qu’il attire notre attention sur la communauté méconnue et trop souvent oubliée des Belges germanophones. Il pointe aussi du doigt les questions relatives à l’identité, les frontières, le nationalisme. Je n’ai eu qu’un regret après avoir lu ce court essai : que l’auteur n’ait pas fait, du destin de Maria et Emil Rixen, un véritable roman;  certes, David Van Reybrouck a préféré traiter le sujet sous l’angle historique et géopolitique  -l’auteur est un essayiste avant tout-, mais son idée de s’appuyer sur la vie d’Emil Rixen contient un fort potentiel romanesque qui aurait prolongé le plaisir de la lecture…

Zinc, David Van Reybrouck, traduit du néerlandais (Belgique) par Philippe Noble, Actes Sud, novembre 2016, 76p. Prix du livre européen 2017.

 

Livre lu dans le cadre du mois belge chez Anne, rendez-vous avec un auteur flamand et du challenge Objectif Pal 2018 chez Antigone.

Blogoclub : Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson

« Dans les forêts de Sibérie » est un récit que j’avais lu pour la première fois lors de sa sortie en 2011, peu avant la création de mon premier blog et je n’ai donc jamais eu l’occasion d’en parler. Le Blogoclub me permet aujourd’hui de le faire et je me suis replongée dans la lecture du livre de Sylvain Tesson que j’ai apprécié tout autant, sinon plus que la première fois.

Lassé des voyages qui ne lui apportent plus la paix, l’auteur espère retrouver cette sensation dans l’immobilisme. Il s’était justement promis qu’avant ses quarante ans, il passerait quelques mois dans une cabane isolée, et un voyage au bord du lac Baïkal quelques années auparavant l’avait convaincu que l’endroit était idéal pour tenir sa promesse. C’est ainsi qu’en février 2010, il s’installe dans une cabane de neuf mètres carrés, au bord du lac, avec pour voisins proches, Sergueï et Natasha, les gardiens de la station scientifique de Pokoïniki, située à 50 kilomètres au sud !

A ceux qui s’interrogeraient sur ce choix de l’érémistisme, Sylvain Tesson avait décidé de répondre que c’est parce qu’il avait de la lecture en retard (nous savons tous ce qu’il nous reste à faire !). En effet, en plus d’une liste de produits d’épicerie non périssables, de vêtements, de quelques ustensiles et outils nécessaires à la survie en milieu hostile et de quelques agréments supplémentaires comme de la Vodka et des cigares, l’auteur a emporté une soixantaine de livres qu’il a choisis soigneusement : de quoi nourrir les réflexions de l’ermite naissant pendant ces six mois de retraite loin des fureurs de la ville.

« Le froid, le silence et la solitude sont des états qui se négocieront demain plus cher que l’or ».

Sylvain Tesson ne rejette pas le modernisme mais sélectionne juste ce qui est bon dans celui-ci ; ainsi, il équipe sa cabane de panneaux solaires qui alimenteront en électricité un petit ordinateur, qui lui fera vite défaut d’ailleurs. Faisant sienne l’idée du géographe Elisée Reclus pour lequel l’homme survivra dans « l’union du civilisé et du sauvage », Sylvain Tesson sait qu’il ne suffit pas, comme le font beaucoup de nos contemporains, de parler d’amour de la nature et de décroissance, il faut au contraire « aligner nos actes et nos idées ».

Comme à son habitude, Sylvain Tesson nous livre ses réflexions sur le monde. Il propose à celui qui se dit révolutionnaire ou veut l’être, de devenir ermite car celui-ci « ne demande ni ne donne rien à l’état. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement ». Il est heureusement possible, précise-t-il, d’atteindre « cet ascétisme révolutionnaire en milieu urbain », en se tenant à l’abri, dans « le murmure des livres ».

Chez Tesson, tout est prétexte à convoquer des références culturelles et des souvenirs de lectures. Les silhouettes des personnes qui l’accueillent évoquent pour lui un tableau de Bruegel. La forêt, cette « armée engloutie dont ne dépasseraient que les baïonnettes », lui rappelle une visite au musée de la Grande Guerre à Verdun… Il regrette d’ailleurs la perte générale du sens esthétique : « la ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation » nous assène-t-il fort justement.

Mais surtout, l’auteur apprend la contemplation et s’émerveille des ressources de ce bout de terre et d’eau glacées et nous livres des passages splendides consacrés à la nature, aux phénomènes météorologiques, aux animaux. Il fait l’éloge de l’immobilisme, du spectacle unique du lac dont les innombrables variations de la lumière emplissent sa journée au-delà de ses espérances.

« Dans les forêts de Sibérie » est une invitation à la contemplation, à la réflexion et à la recherche d’une liberté intérieure dont le monde moderne nous prive. L’auteur, adepte des aphorismes, a le sens de la formule et son récit est émaillé de considérations politiques, au sens premier, grec et noble du terme. Il nous révèle aussi le monde dans son état le plus pur. Il nous montre la nécessité, et la possibilité, de ne pas nuire, ni à autrui, ni à la nature.

Et puis, à défaut de me convaincre d’aller vivre au fond des bois, il m’a donné envie de lire et relire tant d’auteurs, aussi différents que Rousseau et Casanova !

Un coup de cœur !

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson, Folio Gallimard n°5586, Paris, 290 p.

 

 Un petit mot sur le film :

« Dans les forêts de Sibérie » a été librement adapté au cinéma par Safy Nebbou avec Raphaël Personnaz dans le rôle de Sylvain Tesson.  Un très beau film, avec de magnifiques paysages, qui n’a cependant que peu à voir avec le livre. On n’y retrouve évidemment pas la dimension de la réflexion, essentielle dans le récit.

Les avis des membres du Blogoclub :

Je vous invite à lire les avis des membres du Blogoclub, intéressants notamment parce qu’ils sont très différents les uns des autres. Le livre cette fois ne fait pas l’unanimité !

 

« Dans les forêts de Sibérie » :

-Amandine

-Claudia Lucia

Gambadou

-Itzamna

-Praline

-Sylire

Titine.

-Hélène a lu « L’usage du monde » de Nicolas Bouvier.

 

Le piéton de Rome, Dominique Fernandez

PR_FERNANDEZ.inddJ’ai découvert Dominique Fernandez par le magnifique roman biographique qu’il a consacré au Caravage, « La course à l’abîme ». Auteur très prolifique, Dominique Fernandez a également publié de nombreux essais et récits de voyage, dont beaucoup sont consacrés à l’Italie. « Le piéton de Rome » fait partie de ces derniers et reprend l’album intitulé tout simplement « Rome » que l’auteur avait publié en 2005, en l’enrichissant de souvenirs personnels. « Le piéton de Rome » est donc un « portrait-souvenir » à l’écriture élégante, dans lequel l’auteur nous livre sa vision de la capitale italienne qu’il arpente régulièrement depuis plusieurs décennies.

 

« ROMA est l’exacte inverse d’AMOR. Rome est à la fois un lieu où l’on aime et un objet d’amour. Personne ne peut ne pas aimer Rome ».

 

Animé par une passion inébranlable, l’auteur nous transmet son amour pour Rome tout au long de chapitres consacrés à la Rome antique, au Tibre, aux collines, villas et jardins, au Vatican… J’ai été particulièrement intéressé par son évocation de la société littéraire romaine et des déjeuners d’écrivains, bien sûr ! Dominique Fernandez y dresse un tableau haut en couleurs de la Rome des écrivains de la fin des années cinquante, période de la dolce vita qui fut très productive pour la littérature italienne : on croise ainsi Alberto Moravia, Pier Paolo Pasolini, Giorgio Bassani, et bien d’autres encore…

Pour le reste, qui constitue la majeure partie du livre, « Le piéton de Rome » est à lire sur place, pour préparer ou prolonger une visite historique et culturelle de la ville éternelle. Mieux qu’un guide, un ensemble de promenades érudites, comme l’itinéraire Caravage ou l’itinéraire Bernin, pour flâner intelligemment !

 

Le piéton de Rome, Dominique Fernandez, Editions Philippe Rey, Paris, Photos de Ferrante Ferranti, Paris, 2015, 229p.

 

Livre lu dans le cadre du challenge « Il viaggio » chez Eimelle et du challenge « Un giro a Roma » chez Taralli e Zaletti.

Challenge romantique

un giro a Roma

L’utilité de l’inutile, de Nuccio Ordine

l'utilité de l'inutileComme souvent en temps de crise, l’idéologie utilitariste prend le dessus, notamment lorsqu’il s’agit de réduire les dépenses, mais pas seulement : c’est toute une culture privilégiant ce qui est « utile », au sens de directement quantifiable, qui est en train de se développer. Ainsi, les savoirs que sont par exemple les humanités sont aujourd’hui très souvent considérés comme inutiles parce qu’ils ont seulement une fin en soi et n’ont aucune implication pratique, étant purement désintéressés et gratuits. Ils sont pourtant essentiels, parce qu’ils « peuvent jouer un rôle fondamental dans la formation de l’esprit et dans l’élévation du niveau de civisme et de civilisation de l’humanité » (introduction p X).

C’est en ce sens que les humanités contribuent à rendre l’Homme meilleur, et sont donc tout à fait utiles, comme le souligne Nuccio Ordine, professeur de littérature italienne à l’université de Calabre, éditeur, et auteur de nombreux ouvrages consacrés, entre autres,  à la Renaissance et à Giordano Bruno.  C’est en effet précisément quand tout va mal que le superflu et l’inutile prennent tout leur sens : l’inutile n’a alors jamais été aussi utile, ainsi que le démontre l’auteur dans ce  « Manifeste » qui s’articule en trois parties consacrées respectivement à « L’utile inutilité de la littérature », au développement malheureux de « L’université-entreprise et les étudiants-clients », et à la valeur illusoire que revêt la possession, ainsi qu’aux multiples effets destructeurs de «l’avoir», qui de nos jours supplante trop souvent « l’être ».

Dans ce texte essentiel, Nuccio Ordine dénonce le fait que les disciplines humanistes, au premier rang desquelles la littérature, sont de plus en plus fréquemment marginalisées dans les programmes scolaires, comme dans les budgets des Etats. La littérature fait partie des savoirs qui ne produit aucun profit et pourtant, c’est en cela même qu’elle est essentielle :

(…) « c’est précisément le fait qu’elle est affranchie de toute aspiration au profit qui peut se révéler, en soi, une forme de résistance aux égoïsmes de notre temps, comme un antidote à cette barbarie de l’utilité qui a fini par corrompre jusqu’à nos relations sociales et nos sentiments les plus intimes » (p7).

L’auteur dresse ensuite un panorama des rapports entre la littérature et la notion de profit, allant d’Ovide, Dante et Pétrarque à Calvino et Cioran, en passant par le Shylock de Shakespeare, Don Quichotte, et Ionesco, sans oublier la poésie et notamment Baudelaire et la théorie de « l’Art pour l’art » chère à Théophile Gautier, ainsi que quelques philosophes comme Kant ou Heidegger, pour ne citer qu’eux.

Les réflexions que rapporte Nuccio Ordine sont d’une grande actualité. La nécessité et le profit représentent un poids qui réduit l’homme en esclavage et, plus grave encore, qui en fait une proie facile pour tous les fanatismes, principalement religieux. L’auteur s’intéresse ensuite aux conséquences désastreuses de l’application du principe de profit au monde de l’enseignement et de la recherche scientifique. Il se dit préoccupé par le fait que l’Etat se désengage économiquement de ces secteurs, comme en témoignent les réformes allant vers un abaissement généralisé des niveaux d’exigence, dans plusieurs pays européens. Les lycées et universités sont devenus des entreprises et les étudiants ne sont ni plus ni moins que des clients à satisfaire, Harvard en est l’exemple le plus criant.  Et de citer Victor Hugo qui déjà, critiquait les ministres de vouloir tailler dans les budgets de la culture, alors qu’en période de crise, il conviendrait plutôt de doubler les sommes consacrées aux sciences, aux arts et aux lettres.

Pour Ordine, l’homme instruit a réussi sa vie, et la connaissance, la curiosité envers le savoir, valent mieux que n’importe quelle réussite professionnelle. L’école et l’université doivent viser avant tout à « l’acquisition de connaissances qui, détachées de toute obligation utilitaire, nous font grandir et nous rendent plus autonomes » (p85).  La fonction éducative de l ‘enseignement, loin de se cantonner à la préparation à une  profession, ne doit pas oublier sa visée universaliste.

« Réduire l’être humain à sa profession constituerait donc une très grave erreur : il y a chez tout homme quelque chose d’essentiel qui va bien au-delà de son « métier ». Sans cette dimension pédagogique, absolument éloignée de toute forme d’utilitarisme, il serait bien difficile, à l’avenir, de pouvoir encore imaginer des citoyens responsables, capables de dépasser leur égoïsme pour embrasser le bien commun, se montrer solidaires, pratiquer la tolérance, revendiquer leur liberté, protéger la nature, défendre la justice (p86).

L’auteur n’oublie pas de défendre les langues classiques, et notamment le latin et le grec, malheureusement en déclin devant l’idéologie utilitariste, et dont la disparition fera place à « une humanité privée de mémoire qui perdra complétement le sens de sa propre identité et de sa propre histoire ». Tout comme la lecture des classiques, de plus en plus oubliée au sein des établissements scolaires au profit d’anthologies en tout genre qui offrent à l’élève l’illusion de la connaissance alors qu’il n’a  jamais lu en entier aucun des  grands textes fondateurs de notre civilisation. Enfin, Nuccio Ordine dénonce le rôle que l’administration concède à des professeurs-bureaucrates, alors que le professeur devrait à nouveau se voir confier le rôle de passeur de connaissance, de transmetteur de passion, ce qui présuppose bien sûr  gratuité et désintéressement.

Enfin l’auteur termine en reprenant la voix de nombreux classiques qui n’ont cessé de clamer que la possession n’est qu’une illusion dangereuse pour le savoir et pour les relations humaines. L’obsession de posséder met en danger le savoir et l’école, la créativité et l’art, ainsi que des valeurs fondamentales comme la dignité de l’homme, l’amour et la vérité.  A nous de combattre ce désir funeste en privilégiant la vie intellectuelle qui nous apporte davantage de satisfactions que la plupart des biens matériels.

Bon, vous l’aurez compris, le manifeste de Nuccio Ordine est sans aucun doute d’une grande utilité ! J’aurais aimé l’avoir sous la main pour le conseiller à cette maman qui a empêché sa fille de choisir le latin, parce que l’économie était, à son avis, beaucoup plus utile dans la vie !

 

L’utilité de l’inutile, Manifeste, suivi d’un essai d’Abraham Flexner, Nuccio Ordine, traductions de Luc Hersant et Patrick Hersant, Nouvelle édition augmentée, Les Belles Lettres,  Paris, 2015, 228 p.

 

Lu dans le cadre du challenge Il viaggio chez Eimelle

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Histoire de Rome, de Pierre Grimal

histoire de Rome GrimalLorsque mon fils est rentré de l’école avec un devoir très intéressant, lire l’ « Histoire de Rome », de Pierre Grimal, cela m’a rappelé les années passées à m’acharner sur des thèmes et versions, et ce qu’il en reste aujourd’hui : outre certaines compétences linguistiques, un intérêt particulier pour tout ce qui touche à l’Antiquité, pour mon plus grand plaisir.

Je me suis donc plongée la première dans l’ouvrage de celui qui est encore aujourd’hui l’un des plus grands spécialistes français de cette période. Pierre Grimal fut en effet professeur de littérature à la Sorbonne, membre de l’Institut et membre de l’Ecole française de Rome. Décédé en 1996, il a laissé de nombreux livres sur la civilisation romaine, dont certains ont été publiés à titre posthume, comme cette « Histoire de Rome » qui constitue une excellente introduction à l’étude de cette période.

En guère plus de cent cinquante pages, l’auteur dresse un panorama historique de la question, de la fondation de Rome par Romulus -après la victoire sur sa rivale Albe-La-Longue- à la Royauté puis, pendant plus de quatre siècles, il décrit la République avant de nous raconter la mise en place de l’Empire, jusqu’à la chute de ce dernier. Peu de dates, mais les grandes étapes de la vie politique, militaire et sociale de Rome, le tout raconté comme s’il s’agissait d’un roman, avec en plus, la caution scientifique de Pierre Grimal.

Le livre de Pierre Grimal représente une bonne entrée en matière pour celui qui désire étudier l’Antiquité romaine ou avoir simplement un aperçu de l’histoire de Rome. Je le conseillerai à partir de quatorze ans, voire un plus tôt pour les férus d’histoire. En ce qui me concerne, cette « Histoire de Rome » m’a rappelé de nombreux épisodes jusque-là oubliés comme l’enlèvement des Sabines, les guerres puniques ou la traversée des Alpes par Hannibal et ses éléphants, ainsi que beaucoup de noms qui sonnent pour moi comme autant de petites madeleines : Scipion l’Africain, Cicéron et la conjuration de Catilina…

L’on retrouve également, dans certaines évocations de l’auteur, des similitudes entre l’Antiquité romaine et notre époque, preuve s’il en fallait, que l’histoire se répète et que son étude n’en est que plus nécessaire…

 

Histoire de Rome, Pierre Grimal, Editions Mille et une nuits,  Paris, mai 2013, 160p.

 

Livre lu dans le cadre du challenge Il viaggio chez Eimelle, (décembre : l’Antiquité), et du challenge « Un giro a Roma » du blog Taralli e Zaletti.

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A Paris, sur les traces de Modiano

paris de modiano beatice commengéAprès s’être intéressée à Nietsche, Henri Miller ou Rilke, Béatrice Commengé a choisi d’explorer les lieux parisiens de Patrick Modiano, ceux de sa vie, comme ceux de ses romans. Nous suivons ainsi le parcours de celui qui écrit pour retrouver un Paris qui n’existe plus, celui de son enfance, de son adolescence, mais aussi le Paris de l’Occupation que l’écrivain né en 1945 n’a pas connu. Béatrice Commengé met ses pas dans ceux de Modiano et explique :

« Sans cesse résonnent en moi les mots de l’écrivain. Obsession de la topographie, avec l’espoir que de sa précision surgira un peu de la vie qui se cache derrière un nom, un numéro, une rue, de cette vie qui n’est plus, mais qui a laissé sa trace ».

La promenade commence Quai de Conti devant la maison d’enfance de Modiano et explore l’univers du petit Patrick et de son frère Rudy qui disparaîtra trop tôt. Elle passe par le quartier latin que Modiano arpentait adolescent, puis se poursuit sur les traces de la mère de Modiano, la jeune comédienne Louisa Colpeyn, qui a rencontré le père de Modiano, pendant l’Occupation, dans un bel immeuble du XVIème arrondissement. L’exploration permet de croiser la figure mystérieuse du père, puis elle s’élargit, lorsque Patrick Modiano erre seul dans Paris, vers les boulevards de ceinture, sans oublier les « zones neutres » chères à l’écrivain, que Béatrice Commengé essaie de définir.

Au passage, on rencontre Raymond Queneau, Boris Vian, Jean Mermoz. On visite les cafés préférés de Modiano, comme Le Condé, les cinémas et même les arbres et leur bruissement, dont Béatrice Commengé souligne la place importante qu’ils occupent dans l’œuvre de Modiano.

Peu à peu, se dessine le Paris intime de Modiano : les lieux évoqués dans les romans de Modiano, souvent à plusieurs reprises, comme les échos multiples d’un même rêve. Béatrice Commengé parvient très bien à restituer l’atmosphère onirique des romans de Modiano à travers cette exploration menée pendant l’hiver 2015.

J’ai juste regretté que la mise en page ne soit pas plus aérée, ce qui est certes difficile compte tenu du petit format du livre. Et j’aurais beaucoup apprécié disposer d’une carte de ce Paris intime de Modiano qui est très vaste et s’étend à une quinzaine d’arrondissements. J’imagine que cela aurait pu être une aide précieuse pour les lecteurs qui ne connaissent pas, ou pas assez bien, certains quartiers de Paris. Cela dit, « Le Paris de Modiano » plaira sans doute à tous les inconditionnels de Modiano, ce qui est mon cas !

 

Le Paris de Modiano, Béatrice Commengé, Editions Alexandrines, Collection Le Paris des écrivains, Paris, mai 2015, 89 p.

 

Je remercie le site Babelio et son opération Masse critique, ainsi que les éditions Alexandrines, de m’avoir fait découvrir cet ouvrage. À noter que les éditions Alexandrines proposent d’autres titres très intéressants dans la récente collection « Le Paris des écrivains », ainsi que de nombreuses balades littéraires dans la collection « Sur les pas des écrivains ».

masse critique Babelio

 

 

 

Retour au meilleur des mondes

Retour au meilleur des mondes huxleyAldous Huxley (1894-1963) a écrit « Le meilleur des mondes«  en 1931 et cette contre-utopie futuriste est rapidement devenue un succès international. Trente ans plus tard, en 1958 exactement, Aldous Huxley revient sur ce succès en publiant « Retour au meilleur des mondes » dans lequel il constate que ce qui était pure imagination de sa part s’est en partie réalisé. Il décrit celles de ses prédictions qui ont pris forme sous ses yeux au cours des trois décennies qui se sont écoulées depuis qu’il a publié « Le meilleur des mondes ». Alors qu’ en 1931, il pensait que ce qu’il avait imaginé n’adviendrait pas de son vivant ni même du vivant de ses petits-enfants, force est pour lui de reconnaître qu’il était davantage dans la prémonition que dans la contre-utopie.

Dans « Retour au meilleur des mondes », l’auteur pointe du doigt les évolutions négatives de nos sociétés occidentales qui, selon lui, nous conduisent vers la dictature. Il dénonce tout d’abord la surpopulation, « ennemi biologique aveugle de la liberté », mais aussi la puissance née du progrès technique qui conduit à une centralisation des pouvoirs politiques et économiques ainsi qu’au développement d’une société toujours plus organisée et toujours plus contrôlée. Une société qui, selon Huxley, ne procure plus le bonheur mais au contraire, des maladies mentales nées d’une frénésie de travail entrecoupée de prétendus plaisirs. L’auteur dénonce également l’excès d’organisation qui brise la créativité, et fait naître la passivité. La population est alors déshumanisée ; vient ensuite le temps de la propagande qui met à mal la société démocratique. La propagande peut être rationnelle et viser à servir les intérêts de tous mais elle est aussi très souvent dictée par la passion :

« Si les politiciens et leurs électeurs n’étaient mus que par le dessein de servir leur intérêt à long terme et celui de leur pays, ce monde serait un paradis terrestre. En réalité, ils agissent souvent contre leur propre avantage, simplement pour assouvir leurs passions les moins honorables ; c’est pourquoi nous visvons dans un lieu de souffrances ».

Huxley analyse ensuite les différents modes de propagande qui conduisent à la dictature. Il décrit les procédés qui permettent de manipuler les foules comme les individus isolés. Il précise que nous sommes encore loin du conditionnement infantile tel qu’il le développe dans « Le meilleur des mondes », mais que les dirigeants vont bientôt commencer par pratiquer le lavage de cerveau.

L’auteur poursuit en critiquant l’absence de prise en compte des facteurs génétiques dans l’analyse de l’évolution des êtres humains modernes, et la trop grande importance accordée au milieu social et à l’éducation qui en découle. Heureusement, écrit-il, la standardisation génétique est encore impossible, -nous sommes toujours en 1958- notamment telle qu’elle existe dans « Le meilleur des mondes » .

En effet, « n’ayant pas la possibilité d’imposer l’uniformité génétique aux embryons, les dirigeants du monde trop peuplé et trop organisé de demain essaieront d’imposer une uniformité sociale et intellectuelle aux adultes et à leurs enfants ». Pour éviter cela, Aldous Huxley rappelle que seule l’éducation nous permettra d’être libres et aptes à nous gouverner nous- mêmes. Mais éduquer à l’examen critique peut conduire à la subversion et est donc risqué pour les pouvoirs en place, car il peut conduire au désordre social en permettant la contestation de la propagande officielle. Nous pensons ici au totalitarisme soviétique, mais pas seulement…

Huxley prédit que, faute de remédier à la surpopulation et à l’excès d’organisation, nos démocraties occidentales changeront de nature pour aller vers « une nouvelle forme de totalitarisme non violent ». Quant aux solutions à appliquer, Huxley pense que nous savons ce qu’il faudrait faire mais nous n’avons encore jamais été capables de le mettre en œuvre. Il conclut en appelant les humains à lutter pour leur liberté, car « c’est notre devoir« , dit-il, lorsque celle-ci est remise en cause.

« Retour au meilleur des mondes  » est un ouvrage édifiant, qui donne froid dans le dos à plus d’un titre. A lire après avoir lu, ou relu, « Le meilleur des mondes » et aussi « 1984″ de George Orwell auquel Aldous Huxley fait également référence.

 

Retour au meilleur des mondes, Aldous Huxley, traduit de l’anglais par Denise Meunier et révisé par Hélène Cohen, Plon, collection Feux croisés, 2013, 125 p.

Existe en Pocket, n° 1645, 2006.

 

Livre lu dans le cadre du mois anglais chez Lou, Titine et Cryssilda.

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