C’est à Ferney dans l’Ain, juste à côté de Genève, que Voltaire passa les vingt dernières années de sa vie. Longtemps sous tutelle de la Savoie, le château de Ferney, dont l’existence est attestée pour la première fois en 1312, fut détenu par des familles genevoises avant d’être acheté par Voltaire en février 1759.
Pourquoi à Ferney ?
En 1745, Voltaire est nommé historiographe du roi Louis XV, mais ce dernier ne l’aime pas. Voltaire n’hésite donc pas à se libérer en 1750, pour devenir chambellan du roi de Prusse, Frédéric II. Quelques années après, Voltaire se brouille avec le roi de Prusse et essaie de rentrer à Paris. Mais Louis XV ne veut pas de lui et Voltaire est à la recherche d’une demeure où il pourra s’installer, dans une grande ville où il trouvera de bons éditeurs.
C’est finalement sur l’invitation d’un des meilleurs libraires européens, Cramer, que le philosophe choisit Genève. Il séjourne d‘abord à Prangins et à Lausanne, puis acquiert près de Genève une très belle maison qu’il nomme « Les Délices », -et qui est aujourd’hui le siège de l’Institut et musée Voltaire. Mais des pasteurs et professeurs de théologie très influents à Genève interdisent plusieurs de ses ouvrages.
Voltaire achète alors le domaine de Ferney qui n’est pas rattaché à la république de Genève et qui se trouve assez éloigné de Versailles pour qu’il puisse enfin se sentir maître absolu chez lui. Il s’y installe en 1760 et entame aussitôt des travaux de reconstruction, puis cinq ans plus tard, il ajoute deux ailes au château. Le château conserve aujourd’hui l’apparence extérieure qu’il avait après les travaux d’agrandissements en 1766.
Le Panthéon au lieu de la pyramide
Voltaire a déjà soixante-quatre ans quand il achète le château de Ferney. Auteur de pièces de théâtre, il redoutait de subir le sort des comédiens, être enterré dans la fosse commune. Comme il espérait mourir à Ferney, il avait fait construire un tombeau en forme de pyramide, qui se trouve aujourd’hui accolé à l’église du domaine.
En 1778, Voltaire se rend à Paris pour assister à la représentation de sa dernière tragédie « Irène ». Il est accueilli triomphalement, mais l’agitation ajoute l’épuisement à la maladie. Voltaire succombe à Paris le 30 mai 1778. Il sera enterré à l’abbaye de Scellières, près de Troyes, puis transféré par l’Assemblée révolutionnaire au Panthéon en 1791 où il est depuis ce temps, le plus ancien hôte. Il sera rejoint en 1794 par Rousseau, son ennemi, qui y repose, juste en face de lui !
Un château qui a accueilli toute l’Europe des Lumières
Du château, on ne visite que quelques pièces : l’antichambre, la salle à manger et bibliothèque, qui ont été réunies en une seule pièce par Griolet, l’un des propriétaires du château au XIXème siècle, où se trouve encore le bureau du philosophe.
Le bureau de Voltaire, dans la salle à manger-bibliothèque
On peut également voir le salon dans lequel Voltaire recevait ses nombreux visiteurs, le cabinet des tableaux (ancienne chambre de Voltaire), et la chambre de Voltaire reconstituée dans ce qui était à l’origine le cabinet des tableaux. Les appartements de Mme Denis, sa nièce et maîtresse sont quant à eux vides. L’étage, et les communs au sous-sol, en mauvais état, ne se visitent pas.
Le salon où se pressa toute l’Europe des Lumières !
On peut également admirer le tableau que le philosophe avait commandé au peintre Duplessis : « Le triomphe de Voltaire ». Ce tableau ne possède pas une grande valeur artistique mais il retrace les évènements marquants de la vie du philosophe et comporte différents éléments assez visionnaires.
Le château est entouré par un très beau parc, qui offre une magnifique vue sur le genevois et les Alpes, avec en toile de fond, le Mont-Blanc. Sur ces photos, prises fin juillet, le parc a beaucoup souffert de la sécheresse.
De Ferney à Ferney-Voltaire
Voltaire a également aidé la population de Ferney, en asséchant les marais. Il a aussi favorisé l’implantation de nouvelles industries, notamment l’horlogerie de luxe, ainsi que la soierie. Ferney a ainsi connu un développement fulgurant dans les années qui précédèrent la Révolution française, passant de 150 à environ 1200 habitants !
C’est en 1878, à l’occasion du centenaire de la mort de Voltaire, que la commune de Ferney adopte officiellement le nom de Ferney-Voltaire à la demande de la population locale et après avoir reçu l’autorisation du Président de la République de l’époque, Mac Mahon.
Quelques informations pratiques
La château de Voltaire a été acquis en 1999 par l’Etat français et est aujourd’hui administré par le Centre des monuments nationaux.
Le château peut encore être visité jusqu’au 8 novembre. Il sera ensuite fermé pour trois ans, afin de subir d’importants travaux de rénovation, qui lui permettront de retrouver la configuration intérieure originelle. Cela sera possible grâce aux nombreux plans que Voltaire avait envoyés à Catherine II de Russie qui désirait alors se faire construire un château semblable à celui de Voltaire, et qui sont conservés à la Bibliothèque Nationale de Russie et au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Si vous êtes dans les environs de Genève, n’hésitez pas, c’est une visite qui vaut largement la peine : il suffit d’appeler l’office du tourisme de Ferney-Voltaire et de s’inscrire à l’une des visites guidées, car le château ne se visite pas individuellement. La visite dure une heure, et la guide, charmante, offre des explications claires et précises, fondées sur le précieux guide vendu à la boutique du château « Voltaire en son château de Ferney ». Le château sera notamment ouvert pour la journée du patrimoine. Après, il faudra attendre trois ans !
Voltaire en son château de Ferney, Christophe Paillard, Editions du patrimoine, Collection Itinéraires, Centre des monuments nationaux, 64p. (http://editions.monuments-nationaux.fr/fr/le-catalogue/bdd/livre/727).
Site du château de Ferney-Voltaire :
http://voltaire.monuments-nationaux.fr/
Site de l’office du tourisme de Ferney-Voltaire :
http://www.paysdevoltaire.com/fr/decouvrir/le-chateau-de-voltaire.html
Participation au Défi Le siècle des Lumières, chez Parthénia