L’été est l’occasion de se (re)plonger dans l’œuvre de Marcel Pagnol : même si vous ne partez pas, -ou du moins pas dans le sud-, la magie opère rapidement et avec un peu d’imagination, vous entendrez les cigales et l’accent provençal. Pour se rappeler cette ambiance, rien de tel que de commencer par les films et notamment les deux premiers volets de la trilogie marseillaise, « Marius » et « Fanny« , revisités par Daniel Auteuil. Ce sont ces deux films qui m’ont donné envie de relire Pagnol dont je ne connaissais surtout les romans, notamment « Jean de Florette » et « Manon des sources », ainsi que les œuvres autobiographiques, « Le temps des amours », et « Le temps des secrets ».
J’ai donc choisi de commencer par le théâtre de Pagnol, et après « Topaze », j’ai lu avec un grand plaisir la Trilogie marseillaise, « Marius », « Fanny » et « César ». Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, je n’en dévoilerai que quelques éléments : nous sommes à Marseille sur le Vieux Port. César, patron du bar de la Marine, est aidé par son fils Marius, âgé de vingt-deux ans. Parmi leurs clients, les plus fidèles sont Panisse, maitre-voilier du Vieux Port, la cinquantaine élégante et aisée, Escartefigue, du même âge, capitaine du ferry-boat qui traverse quotidiennement le Vieux Port et M. Brun, jeune vérificateur des douanes originaire de Lyon, ainsi que Piqueoiseau, un mendiant. Les personnages féminins sont Honorine, belle marchande de poisson de quarante-cinq ans et sa fille, Fanny, dix-huit ans, qui tient un étal de coquillages tout proche du bar de la Marine.
Marius et Fanny se connaissent depuis leur enfance et leur amitié s’est transformée en un amour que Fanny cherche à faire éclater au grand jour. En effet, Marius ne donne pas libre cours à ce sentiment, car il rêve de partir à bord d’un grand voilier pour découvrir les îles sous le vent et d’autres destinations lointaines. Il attend en secret qu’une place se libère sur le voilier « La Malaisie », et se tient prêt à embarquer dès qu’on viendra le chercher.
Fanny décide quant à elle de provoquer le destin et attise la jalousie de Marius en acceptant de rencontrer Maître Panisse, riche veuf qui la courtise et voudrait l’épouser. Face au danger, Marius cède et renonce à l’appel du grand large, en tombant finalement dans les bras de Fanny. César et Honorine ne se doutent d’abord de rien, puis Honorine découvre, en rentrant plus tôt que prévu d’une visite chez sa sœur, Fanny et Marius endormis ensemble. Les parents se mettent aussitôt d’accord pour marier les deux amoureux …
Le deuxième volet, « Fanny » reprend l’histoire exactement où Pagnol l’avait laissée dans « Marius ». Dans « César », troisième partie, l’action se déroule vingt ans plus tard. Pagnol a écrit ce dernier volet directement pour le cinéma, avant d’en adapter le scénario pour le théâtre. Malheureusement, on attend toujours la version cinématographique moderne de Daniel Auteuil de ce troisième opus. Le faible succès des deux premiers volets a dissuadé les producteurs de le suivre, ce que je trouve vraiment dommage, car certains jeunes ont aimé Marius et Fanny et ne sont pas prêts à découvrir la suite dans la version cinématographique originale en noir et blanc beaucoup trop datée.

Reste donc le texte qui est un vrai régal. Certes, j’avais encore dans les oreilles l’accent marseillais qui ne m’a pas quitté pendant cette lecture, me donnant l’impression bizarre que je lisais « avé l’accent ». Mais le vrai plaisir est à puiser dans le texte de Pagnol, parfois si drôle, parfois très tendre. J’ai vraiment ri à plusieurs reprises. Un excellent moment de lecture, à conseiller à tous !


Marius, de Marcel Pagnol, pièce en quatre actes, Editions de Fallois, collection de poche Fortunio, n°7, Paris, 2004.
Fanny, de Marcel Pagnol, pièce en trois actes et quatre tableaux, Editions de Fallois, collection de poche Fortunio, n°8, Paris, 2004.
César, film réalisé en 1936, Marcel Pagnol, Editions de Fallois, collection de poche Fortunio, n°9, Paris, 2004.