Bien qu’il n’ait pas revu son ami depuis quarante ans, Damian Baxter lui écrit pour lui demander une faveur. Il est vrai que les deux anciens étudiants de Cambridge furent jadis inséparables. Le narrateur, issu d’une riche famille aristocratique, aida alors le jeune Damian à se faire adopter par la haute société londonienne dont il ne faisait pas partie, en lui présentant des jeunes filles et en lui donnant accès à la « Saison », la fameuse période de bals et autres événements mondains. C’est donc grâce au narrateur que Damian put briller sous le feu des projecteurs…jusqu’à ce malheureux épisode des vacances au Portugal dans les années 1970, dont on ne sait rien, sinon qu’il marqua définitivement la fin de cette amitié qui se transforma ensuite en haine.
Damian Baxter est aujourd’hui un riche chef d’entreprise. Côté sentimental en revanche, ce fut moins brillant : Damian est seul et sans enfant, ce qui lui pose un problème. Gravement malade, il se sait condamné. C’est pourquoi il demande au narrateur de l’aider à réaliser sa dernière volonté. Il vient de relire une lettre anonyme reçue en 1990, dans laquelle une femme l’accusait d’avoir fait de sa vie un mensonge perpétuel, puisqu’elle avait toujours caché que Damian était le vrai père de son enfant.
Aussitôt, l’idée lui apparaît : cet enfant, qui doit avoir aujourd’hui une petite quarantaine d’années, est son seul héritier. Il demande au narrateur de le retrouver car lui n’en n’a plus la force. D’abord réticent, le narrateur se voit moralement contraint d’accepter. Il se lance donc sur les traces des jeunes filles avec lesquelles Damian a eu une relation à l’époque. Et nous voilà partis avec le narrateur à la rencontre de Lucy, Dagmar, Serena, Johanna, Terry et Candida…
Le narrateur nous entraîne dans une enquête qui l’amène à explorer son passé et celui de toute une jeunesse dorée, marmaille encore pleine de certitudes d’une classe désormais déclinante, la « so chic » gentry ! Julian Fellowes n’a pas son pareil pour évoquer une classe sociale qu’il connaît bien, mais dont il nous livre une critique juste, sans éprouver de nostalgie pour ce passé révolu, ni encenser pour autant les années de libération qui ont suivi, ni la période actuelle. Il souligne, dans chaque période, ce qu’il y a de mieux, et en met également en évidence les travers. L’auteur évoque également les réactions que nous avons face au temps qui passe, la façon dont nous nous adaptons ou non, et la grande violence que représentent finalement ces changements pour chacun d’entre nous.
« Passé imparfait » est un roman très prenant qui nous montre comment les choses se sont transformées en quelques décennies pour l’aristocratie incapable de s’adapter au choc des sixties, mais également pour les femmes de cette classe sociale, qui étaient jusqu’alors freinées par des conventions d’un autre âge. Une tout autre époque que celle qui a inspiré à Julian Fellowes le scénario de « Downton Abbey », mais aussi passionnante !
Passé imparfait, Julian Fellowes, traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz, Editions 10/18 n° 4930, mai 2015, 646 p.
Livre lu dans le cadre du mois anglais chez Cryssilda et Lou
je n’ai encore rien lu de cet auteur, donc pourquoi pas?
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Je me demandais à quoi pouvait ressembler ce roman … maintenant , je sais , merci
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Un agréable moment de lecture pour ma part, comme l’était le précédent de Julian Fellowes, Passé Imparfait !
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Je l’ai dans ma PAL. Je l’ai acheté l’année dernière mais je ne l’ai toujours pas sorti de ma PAL. J’adore ce type de roman où on décrit des mondes crépusculaires
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J’ai beaucoup beaucoup aimé ce roman, c’est très subtil et instructif, cette description de la haute société britannique et son évolution.
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Tout pour plaire !! C’est noté 🙂
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J’avais eu du mal à accrocher et je l’avais laissé de côté. Ton billet me donne envie de lui laisser une seconde chance…
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Oui, je comprends car l’auteur est assez bavard au début, il me semble. Je crois que le roman prend sa « vitesse de croisière » quand l’auteur entame le portrait de chacun des personnages féminins.
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