Mattia Pascal vit dans un village de Ligurie avec sa mère et son frère Roberto. Tous trois mènent une vie aisée, grâce aux biens laissés par le père. Mattia Pascal promène sa paresse dans le village et à la bibliothèque où il exerce un travail peu prenant. Malheureusement, la mère a confié la gestion du patrimoine à un administrateur malhonnête qui détourne l’argent de la famille et la situation se dégrade rapidement.
Mattia Pascal est un antihéros : il se présente lui-même comme un homme laid, souffrant de strabisme. Il est également paresseux, il subit mais ne décide rien. Il finit par épouser Romilda, parce qu’elle est enceinte. Il n’est pas amoureux d’elle et n’est même pas sûr d’être le père de l’enfant. C’est le début pour Mattia Pascal d’une vie terne et triste, entre la mort de ses deux enfants en bas-âge, les difficultés financières et celles que lui crée sa belle-mère.
Après une nouvelle dispute de famille, il quitte soudainement le village. Il se rend à Nice, puis à Monaco où il joue au casino et gagne une petite fortune. Se sentant favorisé par le sort, il décide de rentrer chez lui, mais dans le train qui le ramène en Ligurie, il prend connaissance dans le journal de l’annonce de la mort de Mattia Pascal : le cadavre a été retrouvé dans une rivière qui traverse le terrain familial, puis identifié par ses proches.
Mattia Pascal saisit cette occasion pour prendre une nouvelle identité et recommencer une nouvelle vie dans laquelle il espère être enfin libre, d’autant qu’il est désormais riche. Sous le nom d’Adriano Meis, il commence à voyager en Italie, mais se trouve confronté aux difficultés de sa nouvelle vie. En effet, il se rend compte que sans papiers, il lui est impossible de vivre : il ne peut même pas adopter le chien dont il rêve. Adriano Meis finit par s’installer à Rome dans une pension de famille, mais là non plus, il ne peut mener une vie libre. Amoureux de la fille du propriétaire de la pension, il ne peut concrétiser ses projets qui se heurtent à sa situation clandestine. De même, lorsqu’il est victime d’un vol, il ne peut porter plainte…
Finalement, Adriano Meis décide de rentrer chez lui et de redevenir Mattia Pascal. Mais il est mort et déclaré comme tel …
« Il fu Mattia Pascal » est un roman en partie autobiographique que Pirandello a publié en 1904. L’action se déroule à la fin du XIXème siècle. Grand classique de la littérature italienne, le roman de Pirandello s’articule autour du thème de l’identité, sociale notamment. Le mensonge, la dissimulation, l’hypocrisie des relations sociales y sont mis en évidence. Pirandello s’interroge sur la condition humaine et nous montre que l’homme essaie de se conformer à la vision que les autres ont de lui, mais qu’au fond, il ne sait pas qui il est vraiment.
En ce qui concerne l’écriture, la langue est désuète, ce qui rend la lecture un peu difficile en italien. On rencontre quelques formes anciennes, comme cette lettre aujourd’hui disparue de l’italien moderne, le i-long (« la i lunga ») que l’on retrouve par exemple dans « la jella » (la sfortuna : la malchance). De même, certains termes ne sont plus usités aujourd’hui. Je conseille donc plutôt la version française.
Côté film, la transposition cinématographique de « Feu Mattia Pascal » est très ancienne, datant des années 30. Un téléfilm a été tourné pour la télévision italienne en 1985, que l’on peut trouver facilement sur You Tube. Malgré la présence de Marcello Mastroianni, je ne l’ai pas trouvé très intéressant, car il a été transposé aux années 80 et s’éloigne à de nombreuses reprises du roman. Cela prouve néanmoins que le sujet est éternel. A quand donc une nouvelle version de « Feu Mattia Pascal » ?
Il fu Mattia Pascal, Luigi Pirandello, Oscar Classici moderni, Mondadori, 2001, 240 p.
Feu Mattia Pascal, Luigi Pirandello, traduit de l’italien par Alain Sarrabayrouse, GF Flammarion, Paris, 1994.
Livre lu en VO dans le cadre du challenge Il viaggio, du challenge Italie 2015, du challenge Leggere in italiano et du challenge Un classique par mois.