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Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian

L’été qui débute, c’est pour certains le retour à la « grande maison », celle des familles et de l’enfance, celle qui reste quand le temps et les générations passent sans espoir de retour. Le narrateur de ce roman dont on n’a pas assez parlé est un jeune homme qui désire revoir la maison bretonne des vacances de son enfance. Il vient y retrouver les sensations et les émotions qui construisaient le bonheur d’alors.

« Chaque année, se rejouaient ici les mystères d’une vie entière résumée en quelques semaines. Il y avait d’abord la monotonie des jours qui se confondent. Puis l’attente, avant le basculement de la mi-août, la précipitation douloureuse de dernières soirées dans la lumière d’automne, déjà. La fin.

Août était le mois qui ressemblait le plus à la vie ».

Le narrateur nous conte avec poésie et pudeur ces semaines d’été qu’il passe dans la grande maison sur les traces de son enfance mais aussi à la recherche de ce qui l’en a éloigné pendant plusieurs années. C’est d’abord une succession de journées faites de plaisirs simples et familiaux, de goûters composés d’un morceau de baguette et d’un carré de chocolat, de paysages dessinés au gré des vagues et des massifs d’hortensias. Il y a la grand-mère absente et souriante à la fois, les cousins dont le visage change trop vite et les oncles et tantes qui assurent l’intendance de ce petit monde.

L’été d’alors était un été comme tous les autres mais il s’est terminé par un événement douloureux, métaphore du basculement de l’enfance à l’âge adulte. La nostalgie demeure pourtant et elle a besoin de s’exprimer. « Que reviennent ceux qui sont loin » est un beau roman, très émouvant, servi par une écriture délicate. Il a profité du bouche-à-oreille, espérons qu’il poursuivra son chemin en poche !

Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian, Gallimard, Paris, 2022, 181 p.