François habite avec son père et ses deux frères aînés dans une ferme où il soigne les cochons. Il a dix-sept ans et vit dans la crainte de son père et dans le souvenir de sa grande sœur, Maryse, qui était la seule à lui témoigner de l’intérêt et de l’affection. Mais un jour, Maryse est partie, elle s’est dévêtue et a traversé la rivière. François ne sait pas pourquoi. Il ne l’a pas suivie, et n’a pas pu l’en empêcher non plus, parce qu’il n’avait pas les mots, parce que le père depuis toujours l’avait mis en garde : « si tu passes la rivière »… « Si tu vas de l’autre côté, gare à toi… ».
François s’est alors réfugié près des cochons, Oscar d’abord, puis Hyménée, la truie qu’il a choisie pour amie. Mais un jour, François parle à Roger, le prêtre du village, qui lui confie un livre. La curiosité éveillée, François retourne chez le prêtre, et avide d’histoires, lui demande bientôt de lui apprendre à lire. À la faveur de cette naissance à la vie un peu tardive, François se penche sur son histoire : n’a-t-il pas eu une mère lui aussi ? Pourquoi lui défend-on de traverser la rivière ? Quel secret lui cache-t-on finalement ? Dès lors, il n’a plus qu’un objectif : apprendre à lire pour déchiffrer les inscriptions sur les pierres tombales du cimetière et retrouver ainsi celle de sa mère, et ensuite, découvrir toute son histoire.
Geneviève Damas a trouvé le ton juste pour faire parler François, ce jeune homme pas tout à fait comme les autres, qui a grandi dans une famille violente et inculte, qui a un peu de « vent dans la tête » et beaucoup de naïveté, mais qui porte en lui tant de sincérité, d’amour et de joie de vivre. Des sentiments qui se révèlent peu à peu avec l’apprentissage de la lecture, et l’éveil au monde qui en découle. L’auteure signe là un beau premier roman plein de sensibilité et de tendresse, à l’écriture très maitrisée qui évolue au fur et à mesure des progrès et découvertes de François. Publié en 2011 par les éditions Luce Wilquin, « Si tu passes la rivière » a reçu plusieurs prix littéraires, dont le Prix Victor Rossel 2011.
Lecture commune : les avis de Laetitia et Julie.
Si tu passes la rivière, Geneviève Damas, Le Livre de poche, n°33483, Paris, septembre 2014, 158 p.
Lu dans le cadre du mois belge d’Anne et Mina
ça a l’air d’être un très beau livre. Le sujet m’intrigue en tout cas 😉
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Oui, si tu te décides, j’espère qu’il le plaira!
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Contente que tu aies aimé ce beau roman plein de tendresse !
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Ca fait plaisir de voir ce livre continuer sa route dans cette nouvelle édition et toujours plaire autant ; Luce Wilquin a eu l’œil, une fois encore, pour dénicher un très beau livre.
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Je n’avais pas particulièrement relevé l’évolution de l’écriture de Geneviève Damas tout au long du livre, en parallèle de l’histoire de François, et je suis d’accord avec toi!
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En effet c’est ce que j’ai ressenti. Au fur et à mesure que François apprend à lire, son vocabulaire s’enrichit, ses phrases s’allongent et il est capable de mettre des mots sur les mystères qui entourent sa naissance et je trouve que l’écriture rend bien cette évolution.
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Nostalgique de jolies histoires pas connes ? Peintre de caractères dans l’âme ? Amateur sans bornes des cochons ? Dégustez sans modération, avec gourmandise et en vous pourléchant les babines et le museau, cette prose délicate qui rend à l’animal la douceur de ses yeux, sa soie fragile, son corps puissant et son petit cœur sensible pour toucher une humanité qui semble alors plus optimiste, moins barbare et moins carnivore. Emportez ce livre avec vous pour vous régaler l’âme et l’esprit. Ah, quelle écriture ! Un des meilleurs bouquins de cette année-là ! Puis passez sans transition à un autre d’une puissance émotionnelle sans commune mesure « Le jour des corneilles » de Beauchemin, un canadien qui nous fait vivre le langage comme mode de survie. Vive la lecture.
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Oui, en effet c’est un excellent livre. Quant à Beauchemin, je ne connais pas cet auteur, mais je vais faire quelques recherches. Merci du conseil !
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Si vous lisez Beauchemin, vous serez secouée comme à la découverte d’un nouveau monde : une écriture inventée (compréhensive) mode de survie pour le narrateur. C’est tout simplement un OVNI littéraire !
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Ce livre me tente beaucoup. C’est tout à fait un sujet qui pourrait me plaire et si l’écriture est maîtrisée, alors il remportera sûrement mon adhésion.
Et pour reprendre le commentaire ci-dessus, Le jour des corneilles de Beauchemin est une vraie merveille !
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J’ai rajouté Beauchemin à ma liste ! Il fera sans doute partie de mes achats pour les vacances d’été…
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