Le charme nostalgique de Venise en hiver

 

Seule Venise Claudie GallayJ’ai découvert Claudie Gallay avec Une part de ciel, roman que j’avais beaucoup apprécié. Je n’ai pas été déçue par la lecture de Seule Venise dans lequel on retrouve la même atmosphère triste et nostalgique, mais pourtant calme et sereine. Un roman intimiste également, qui nous emmène dans la Sérénissime froide et humide de l’hiver, mais toujours aussi charmante : « des façades perdues, noyées, comme absorbées. Venise l’opaque. C’est ainsi qu’elle m’apparaît la première fois ».

L’héroïne a quarante ans, l’âge des bilans, et elle se retrouve seule, abandonnée par son compagnon dont on sait peu de choses, si ce n’est qu’il s’appelait Trevor et qu’elle l’aimait infiniment. Elle vide son compte en banque et quitte la France pour Venise, où elle arrive au petit matin après un long voyage en train de nuit. Elle s’installe dans une petite pension tenue par Luigi, un homme discret mais attentif qui nourrit dix-huit chats, et qui accueille un petit nombre de pensionnaires. Un jeune couple italien, Valentino et Carla, qui est danseuse, occupe la chambre de Casanova, tandis que la chambre bleue est celle d’un vieux professeur russe qui se déplace en fauteuil roulant. Il vit là depuis cinq ans et ne quitte son repaire que pour les repas. La nouvelle arrivée se voit attribuer la chambre aux Anges, une ancienne salle à manger encore décorée d’un lustre, d’une cheminée et d’un ancien chauffe-plat.

L’héroïne arpente la ville, la découvre petit à petit, de l’intérieur. On est bien loin de la Venise des touristes. La narratrice fait connaissance avec le vieux professeur, un aristocrate russe qui a quitté son pays alors qu’il était enfant pour fuir la révolution. Elle échange aussi de temps en temps quelques mots complices avec la jeune danseuse, qui ne s’entend pas si bien avec le beau Valentino. Elle rencontre enfin un libraire, dont la voix lui plait tout de suite et qui lui fait découvrir certains aspects méconnus de Venise.

L’héroïne n’est pas bavarde. Comme Carole d’Une part de ciel, elle ne s’encombre pas de mots et pourtant tout est dit, c’est-à-dire l’essentiel. Les relations amoureuses et familiales, et leurs difficultés, sont au centre de ce roman : qu’il s’agisse de la narratrice, de la jeune danseuse, du Prince russe, de Trevor, du libraire Dino, ou de Luigi, tout est vain. Le thème de l’attente est également partout présent, il y a Luigi qui attend le retour de sa fille et de ses petits-enfants, comme plus tard, dans Une part de ciel, Curtil fait attendre ses enfants depuis tant d’années… Heureusement, il y a aussi des moments joyeux, des liens qui se créent, des amitiés et même une fin heureuse pour certains des personnages. Seule Venise me laissera le souvenir d’un beau roman que j’ai refermé en étant emplie d’une douce tristesse.

Seule Venise, Claudie Gallay, Editions J’ai Lu, n°10273, Paris, février 2013, 253 p.

 

Lu dans le cadre du mois Venise et du challenge Il viaggio chez Eimelle, et du Challenge Vénitien.

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22 réflexions sur “Le charme nostalgique de Venise en hiver

  1. Je suis en train de lire Une part de ciel justement, mon premier Claudie Gallay… A ma grande surprise je dois dire que je suis envoûtée. J’avais l’intention de poursuivre avec Les Déferlantes, mais je note aussi celui-ci sur ma liste (de toutes façons, je crois que je vais tous me les faire !)

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    • J’ai également beaucoup aimé « Une part de ciel », un roman en effet très envoûtant. Je suis contente qu’il te plaise. « Seule Venise » devrait te plaire également. Je n’ai pas encore lu « Les déferlantes ». A noter pour 2016…

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