La fin de la solitude, Benedict Wells

 

Benedict Wells est présenté comme le jeune prodige de la littérature allemande : à trente-trois ans, il compte déjà plusieurs livres à son actif. « La fin de la solitude » est son quatrième roman, paru en 2016 en Allemagne. Les éditions Slatkine et Cie ne s’y sont pas trompées, qui en publient aujourd’hui la traduction française. Ce roman fait partie des belles surprises de la rentrée littéraire 2017.

« La fin de la solitude » est le récit d’une enfance difficile, qui avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Jules est le fils cadet d’une famille allemande de trois enfants. Chaque année, les Moreau, qui vivent à Munich, se rendent en France dans un village situé près de Montpellier, d’où le père est originaire : des racines françaises, mais qui ont peu imprégné les enfants qui se sentent étrangers et observent de loin les petits Français. Jules conserve quelques bons souvenirs de ces vacances en compagnie de son frère Marty et de sa sœur Liz, mais on sent tout de suite qu’un événement funeste plane sur la famille. Les souvenirs de France seront à jamais marqués par le drame qui, cette année-là, emporte les parents de Jules, réduisant à néant le bonheur d’une famille unie.

De retour en Allemagne, les enfants sont placés en internat. Ils sont séparés en raison de leurs différences d’âge. Pour Jules, enfant sensible, commence une période très dure, « un mélange de stupeur obscure et d’un épais brouillard, parfois traversé de brèves réminiscences ». Jules se trouve notamment marqué par le cadeau que lui avait fait son père, -un appareil photo coûteux- et plus encore par un conseil que celui-ci lui avait donné, insistant sur l’importance d’avoir « un véritable ami, une âme sœur », plus encore que de trouver l’amour.

L’enfance et l’adolescence de Jules se transforment en  quête pour trouver ce véritable ami. C’est alors qu’il rencontre Alva, jeune pensionnaire de son âge qui devient sa « famille de substitution ». Jules pense que cette amitié met définitivement un terme à sa solitude, mais les années passent et Alva s’éloigne de lui.

C’est sur un lit d’hôpital, immobilisé par un accident de moto, que Jules, la quarantaine, père de famille, fait défiler ces images du passé, et bien d’autres encore, pour tenter de répondre à une question qui le taraude : « qu’est-ce qui détermine une vie ? ».  Une plongée dans son enfance, sa vie de jeune adulte qui lui permet de trouver la sérénité, en même temps que la réponse à sa question.

Le roman de Benedict Wells est indéniablement triste et sombre, mais il est servi par une écriture lumineuse qui adoucit les coups du destin, en laissant affleurer des sentiments positifs. Jules rencontre de nombreux obstacles, son frère et sa sœur ne lui sont d’abord d’aucune aide, puis ils se rapprochent. Jules le regrette mais ne leur en tient pas grief : il comprend qu’eux aussi sont marqués par la tragédie et ont du mal à trouver leur place dans le monde.

La sensibilité de Jules, son empathie avec les autres, l’aident à surmonter des moments d’abattement profond ; à trouver « son âme sœur », comme le lui conseillait son père, même si Jules se trompe sur la nature du sentiment qu’il éprouve ; et enfin, à se forger une philosophie qui l’aidera à surmonter ce poison que représente une enfance difficile. A la fin, Jules est prêt, et nous ne doutons pas que sa vie sera désormais aussi lumineuse que sa personnalité.

« La fin de la solitude » a reçu en 2016 le Prix de littérature de l’Union européenne qui récompense les meilleurs écrivains émergents en Europe.

La fin de la solitude, Benedict Wells, traduit de l’allemand par Juliette Aubert, éditions Slatkine et Cie, Genève, août 2017, 288 p.

 

6ème participation au challenge de la rentrée littéraire chez Sophie. 

 

 

 

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