La ferme des animaux, George Orwell

 

Dans la ferme du Manoir, vit un vieux cochon prénommé Sage l’Ancien. Comme son nom l’indique, il a beaucoup réfléchi au cours de sa longue existence. Un rêve le décide à réunir ses congénères et les autres animaux de la ferme afin de leur faire part de ses conclusions : les animaux vivent une vie de labeur et de servitude jusqu’à leur mort, alors que l’Angleterre, pays riche et fertile pourrait leur fournir de meilleures conditions de vie si seulement… ils se libéraient du joug de l’Homme, « seul véritable ennemi » et « seule créature qui consomme sans produire ». L’Homme en effet « distribue les tâches entre (les animaux) mais ne leur donne en retour que la maigre pitance qui les maintient en vie ».

Le germe du doute est semé dans les esprits des habitants de la ferme et, quelques mois plus tard, ils se soulèvent violemment contre Mr. Jones, le propriétaire de la ferme, et ses ouvriers agricoles. Les animaux chassent les hommes de la ferme, puis se réunissent sous la direction de Boule de Neige et de Napoléon, deux cochons qui révèlent aux autres qu’ils ont appris à lire au cours des dernières semaines. Il ne leur reste plus qu’à adopter, tous ensemble, les « Sept Commandements » qui constituent la loi de la ferme.

Les réunions vont bon train, la démocratie s’installe. Les animaux redoublent d’effort et triment avec joie depuis qu’ils n’ont plus de maître mais sont leur propre patron. Bien vite, les cochons, plus intelligents, prennent le dessus et le rêve se mue peu à peu en cauchemar : Napoléon évince Boule de Neige et l’accable de tous les torts ; il s’arroge des privilèges, s’entoure d’une cour, instaure un culte de la personnalité, fait courir des bruits puis une véritable propagande. La dictature a pris le relais depuis longtemps ; en tous cas, bien avant que les esprits ne s’en aperçoivent !

Publiée en 1945, cette fable animalière était une critique de la révolution russe et du régime soviétique. C’est aussi un cours de stratégie politique décrivant les étapes qui mènent au totalitarisme. Toujours d’actualité, ce court roman nous montre de quelle façon une révolution peut être confisquée par certains éléments qui l’ont mise en route ou y ont participé. On ne manquera pas de penser au mécanisme qui a conduit les révolutions arabes vers des régimes qui sont tout sauf démocratiques !

Orwell démontre une fois de plus sa lucidité et ses qualités de visionnaire mises en exergue dans son célèbre « 1984 ». « La ferme des animaux », comme « 1984 » et « Le meilleur des mondes » (d’Aldous Huxley), fait partie de ces ouvrages qui devraient absolument être étudiés en classe, tant ils ont à nous apprendre sur notre monde actuel. C’est concis, brillant, et en même temps, facile à lire. A recommander donc sans modération et pour tous !

La ferme des animaux, George Orwell, traduit de l’anglais par Jean Quéval, Folio n°1516, avril 2017.

 

Lu dans le cadre du mois anglais chez Lou et Cryssilda et du challenge Objectif Pal chez Antigone

 

21 réflexions sur “La ferme des animaux, George Orwell

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  2. Je me souviens avoir lu ça en dernière année de secondaire/lycée et ça m’avait fait réfléchir sur les dérives en politiques. Evidemment, ça avait été mis en lien avec de nombreux régimes totalitaires de notre cours d’histoire. J’ai davantage aimé 1984, du même auteur. Toujours la même dérive totalitaire mais on y voit l’importance de l’art, de la liberté de penser et de la langue comme moyen d’exprimer des idées.

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