Une drôle de fille, Armel Job

 

Lorsqu’une femme élégante en imperméable beige pousse la porte de la boulangerie Borj à Marfort, près de Liège, Ruben et sa femme Gilda sont loin d’imaginer que le destin de leur famille va basculer, lentement d’abord mais surement. Mme Vandelamalle, c’est le nom de l’inconnue, se présente comme faisant partie de l’Oeuvre nationale des orphelins de guerre. Nous sommes en 1958 et cette organisation se trouve confrontée aux problèmes que posent les orphelins de guerre en devenant adultes : beaucoup ne font pas d’études et il faut pourtant leur assurer un avenir.

Après quelques circonvolutions, Mme Vandelamalle explique aux Borj qu’ils ont été choisis pour accueillir Josée, une orpheline qui sera parfaite pour les aider à la boulangerie. Après un premier mouvement de recul, les Borj finissent par se laisser convaincre de prendre la jeune fille en apprentissage. Celle-ci est d’ailleurs plutôt bien acceptée par Astrid, la fille des Borj, qui a le même âge qu’elle et par le fils plus jeune, Rémi, ainsi que par les clients de la boulangerie.

Chacun y trouve donc son compte, comme Gilda qui peut travailler un peu moins, ou Astrid, qui voit là une alliée, notamment quand elle obtient de ses parents la permission d’aller à une soirée du nouveau dancing, parce que Josée l’accompagne. Mais c’est là que Josée fait sa première crise d’épilepsie, événement marquant pour la famille qui ne voit plus Josée du même œil. Ruben, non plus d’ailleurs, qui découvre que Josée est une jeune femme à laquelle il n’est pas insensible.

Josée, cette jeune femme un peu simple, qui ne voit jamais le mal, arrive dans la famille Borj un peu comme un chien dans un jeu de quilles. Innocente, par sa seule présence, elle ne fait que pousser la noirceur de l’âme humaine à se révéler ; qu’il s’agisse de sa famille adoptive, des amies d’Astrid qu’elle côtoie via la chorale des « Libellules », ou des clients de la boulangerie, les mensonges et les mesquineries s’accumulent jusqu’à ce que Josée devienne le bouc émissaire de tous. Cette « drôle de fille », pauvre fille aussi, met en exergue les jalousies qui alimentent les rumeurs, transformant une petite ville en véritable enfer pour ceux qui en sont les victimes.

Mais comme tout n’est qu’affaire de communication, et comme les apparences restent toujours trompeuses, Gilda sait comment retourner les faits à son avantage. C’est sans compter Josée, instrument d’un destin qu’elle accomplira sans faillir.

Une intrigue très bien ficelée née d’une histoire vraie au sein de laquelle chacun s’illustre par sa médiocrité. « Une drôle de fille » est le deuxième roman d’Armel Job que je lis, après « Une femme que j’aimais », et il me donne très envie de poursuivre ma découverte de cet auteur !

 

Une drôle de fille, Armel Job, Robert Laffont, Paris, janvier 2019, 277 p.

 

Lu dans le cadre du mois belge 2019 chez Anne

 

 

9 réflexions sur “Une drôle de fille, Armel Job

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  3. Je l’ai d’une traite grâce à toi. Ceci hier. J’en ferai pour une fois la chronique prochainement. J’ai adoré le livre quant à l’étude psychologique des personnages, les non-dits, les secrets au sein d’un petit village, La condition féminine si souvent bafouée et à ce jour tant reste encore à faire. En 1958 j’habitais pas loin de l’expo et j’avais huit ans. L’histoire de la bière Piedbœuf m’a rappelée bien des souvenirs. Un luxe d’avoir une bouteille sur la table.

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