Pour le Blogoclub de septembre, qui colle traditionnellement au rendez-vous du mois américain organisé par Martine, nous avons décidé, Amandine et moi, de lire un roman humoristique américain ou canadien (puisque Martine a choisi cette année d’ouvrir le mois américain au Canada, qui est à l’honneur du festival America). Nous avons laissé à nos membres la liberté de l’auteur et du titre, espérant ainsi faire de belles découvertes.
Mon choix s’est porté sur un roman relativement court de John Fante, publié pour la première fois en français en 1987 et réédité récemment chez 10/18, « Mon chien stupide ».
Henry J. Molise est un raté : scénariste presque raté, écrivain raté, mais aussi mari et père raté ! Cela fait beaucoup pour un seul homme ! Il possède pourtant une belle et grande villa dans un quartier résidentiel californien situé au bord de la mer. Il a quatre enfants, et une femme, Harriet, que ses frasques n’amusent plus. Elle a d’ailleurs déjà quitté la maison à plusieurs reprises, mais Henry a toujours su la convaincre de revenir. Il faut dire que Henry ne mâche pas ses mots. Il n’hésite pas à insulter ses enfants -qui sont adultes mais vivent toujours à la maison- quand leur comportement ne lui plait pas ; on est d’ailleurs loin du politiquement correct actuel, et c’est tant mieux : la mauvaise foi remplace le respect, le cynisme met à mal le rêve américain !
C’est l’arrivée impromptue d’un chien dans le jardin de cette famille déjantée qui va mettre le feu aux poudres. Henry, qui regrette beaucoup son dernier bull-terrier, assassiné dans des circonstances particulières que je ne révèlerai pas ici, décide de garder l’animal, malgré l’opposition farouche de sa femme et de ses enfants. Il faut dire que celui qui est rapidement baptisé « Stupide » a un comportement libidineux qui manque de faire fuir presque tous les membres de la famille. Jusqu’à Henry lui-même, qui décide finalement de réaliser son rêve de toujours : abandonner son travail (et surtout le chômage), ainsi que sa famille pour se rendre à Rome d’où ses parents sont originaires : le retour aux sources comme solution à ses problèmes…
« Mon chien stupide » est un roman loufoque et ironique qui nous affiche le sourire aux lèvres pendant toute la lecture. Mais il est également un peu triste : je n’ai pu m’empêcher d’éprouver de la pitié pour Henry, qui est certes très agaçant, mais aussi désarmant. Misogyne et raciste, il est en plus passablement irresponsable car il ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actes. Il est le cinquième enfant de la famille, souvent plus stupide que son chien, et très malheureux quand il n’obtient pas ce qu’il veut ; mais il est par moments aussi attendrissant qu’un enfant qui découvre naïvement les conséquences inattendues de ses bêtises.
Mais surtout, John Fante soulève de vraies questions : quel est le sens de la paternité ? Que faire quand les enfants quittent le nid, quand les membres du couple n’évoluent pas de la même façon ? Le « rêve américain » existe-t-il vraiment ?
« Mon chien stupide » est un roman très bien écrit qui m’a donné envie de connaître davantage cet auteur dont la notice du livre indique que tous ses romans racontent une seule histoire, celle de l’immigré italien de la deuxième génération. Bonne pioche en tout cas que cette lecture drôle pour l’ouverture du mois américain !
Mon chien stupide, John Fante, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent, Editions 10/18, juin 2018, 188 p.
Les membres du Blogoclub ont lu :
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Grominou : La conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole.
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Eve : La conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole.
Lu mais il ne m’a pas plu tant que ça …
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Oui, je comprends. Il faut parvenir à se mettre dans l’ambiance …
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et bin cela semble bien…et surtout c’est court…;)
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Oui, cela se lit vite et cela change !
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Voici mon billet sur A Confederacy of Dunces de John Kennedy Toole:
https://jai-lu.blogspot.com/2018/08/a-confederacy-of-dunces-la-conjuration.html
Le roman de Fante est sur ma LAL depuis des lustres!
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Merci pour ta participation. Je l’ai commandé à la bibliothèque, alors je vais devoir le lire, même si je suis un peu refroidie par ce que tu en as pensé. Mais je vais le lire en français, alors je te dirai !
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Je n’ai pas lu celui-ci mais « demande à la poussière » qui était très bien aussi, je te recommande.
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Merci Antigone, je le note !
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Pingback: Billet récapitulatif du mois américain 2018 | Plaisirs à cultiver
Je suis tellement heureuse de lire ton avis si positif ! John Fante fait partie de mon panthéon d’auteurs américains et j’ai un très gros faible pour « Mon chien stupide ». Qu’est-ce que j’ai ri à la lecture de ce roman ! Un vrai bonheur !
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Ah voilà, je me sens moins seule ;=). Bon, je n’ai pas ri à ce point, mais le roman m’a bien amusée !
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j’aurais dû choisir celui-ci !!! mais « La conjuration des imbéciles » était dans ma PAL depuis si longtemps !
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J’ai raté le blogoclub cette fois-ci Je crois avoir lu « Mon chien stupide » il y a très longtemps, mais je n’en ai aucun souvenir… Tu traduis très bien son côté loufoque en tout cas 🙂
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