Le nouveau nom, d’Elena Ferrante

 

Le nouveau nom ferranteParmi les romans étrangers de la rentrée littéraire de janvier, la suite très attendue de « L’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante vient de paraître chez Gallimard. Dans « Le nouveau nom » (« Storia del nuovo cognome »), nous retrouvons les deux amies, Elena et Lila, où nous les avions laissées à la fin de « L’amie prodigieuse » : Lila vient d’épouser Stefano et les jeunes mariés vont passer leur nuit de noces à Amalfi.

A la rentrée, Elena retourne au lycée où elle poursuit ses études secondaires, tandis que Lila commence à travailler dans le magasin de Stefano. Elle dispose d’un bel appartement, pourvu de tout le confort moderne. Les activités commerciales de Stefano sont prometteuses, et Lila pense encore malgré tout avoir fait le bon choix en se mariant à seize ans. Elena, trop à l’étroit chez ses parents, vient souvent étudier chez Lila qui met une chambre à sa disposition.

Tout au long de ce second volume, nous allons suivre les deux amies, ainsi que leurs proches, pendant les années d’études d’Elena, au lycée, puis à l’Ecole normale de Pise, établissement prestigieux où elle sera admise. Désormais séparées, Elena et Lila se retrouvent régulièrement dans le « rione », leur quartier, puis passent un été ensemble, avec d’autres amis, dans la très belle île d’Ischia. Je ne peux en révéler davantage pour ceux d’entre vous, -ils sont nombreux-, qui attendent avec impatience ce roman.

Je n’ai pas été déçue car, dans ce second volume, l’histoire gagne en intensité et en maturité. On retrouve toutes les variations de l’amitié qui existaient pendant l’enfance, encore enrichies par la découverte du monde des adultes. Elena et Lila s’aiment, s’envient, se détestent et bien davantage encore ! Elles ne cessent de se rapprocher et de s’éloigner, au gré de l’évolution de leurs sentiments. L’auteur a le souci du détail et accorde une grande importance à la psychologie des personnages, très fine sous sa plume nuancée.

Ce second tome laisse également apparaître en toile de fond les questionnements sociaux sur lesquels Elena commençait déjà à s’interroger à la fin de « L’amie prodigieuse », alors qu’elle était en dernière année du lycée. Son accès à l’université marque encore davantage l’écart qu’elle ressent entre le milieu estudiantin et celui de son quartier populaire. Lila prend elle aussi conscience des différences sociales, mais de façon plus intuitive. Se dessine alors en creux l’évolution de l’Italie pendant les années soixante et jusqu’au début des années soixante-dix.

Nul doute que les lecteurs qui ont aimé « L’amie prodigieuse » apprécieront « Le nouveau nom » qu’il est difficile de lâcher, une fois commencé. Les deux tomes peuvent tout à fait se lire séparément, mais si vous êtes tentés par « Le nouveau nom », je vous conseillerais tout de même de commencer par le premier tome qui est maintenant disponible en collection de poche. D’abord parce qu’il vous sera ainsi plus facile de retenir et situer les nombreux personnages du roman, et ensuite parce que le premier tome évoque la naissance de la relation amicale entre Elena et Lila et l’ambiguïté profonde qui la caractérise, ainsi que certains épisodes essentiels, comme les projets d’écritures des deux amies et la rédaction par Lila du conte « La fée bleue », à un moment charnière de la vie de celle-ci, celui où elle arrêta d’aller à l’école, suivant ainsi la volonté de ses parents.

Le caractère complexe de Lila nous promet sans doute encore bien ses surprises. Lila suscite souvent l’antipathie, du moins en ce qui me concerne, et pourtant elle reste fascinante. Elena quant à elle, doute beaucoup, s’interroge, pour finir par s’affirmer tranquillement et avec beaucoup d’intelligence. Deux personnages admirablement réussis, sans parler de certains personnages secondaires, comme l’énigmatique Nino Sarratore…

J’attends donc avec impatience la suite, que je ne résisterai pas à lire très prochainement en italien : « Storia di chi fugge e di chi resta » que je traduirais littéralement, en attendant mieux, par « histoire de (celle) qui reste et de (celle) qui fuit » ( ?…).

Mais pour le moment, je souhaite une excellente lecture aux fans d’Elena Ferrante qui commencent à être très nombreux aussi de ce côté des Alpes !

 

Mon premier coup de cœur 2016 !

 

Le nouveau nom, Elena Ferrante, Gallimard, Paris, janvier 2015, 560 p.

 

Livre lu dans le cadre du challenge Il viaggio et du mois consacré à la littérature contemporaine italienne, chez Eimelle, ainsi que du challenge Leggere in italiano chez Pages italiennes

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15 réflexions sur “Le nouveau nom, d’Elena Ferrante

  1. J’avais adoré le premier tome que j’ai acheté à cause de la jaquette : « le livre que Daniel Pennac offre à ses amis ». J’ai lu et beaucoup aimé, en ai fait l’apologie lors de ma tournante de livres et une amie l’offre à présent à ses amis aussi. La contamination comme doit elle doit naitre, et essaimer, quand le livre est bon, tout simplement !

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    • En effet, les deux premiers sont excellents.J’ai aussi offert le premier plusieurs fois, et j’attends avec impatience cet été d’acheter les deux suivants en Italie en VO. Il paraît qu’ils sont aussi bons… on n’a pas fini de les offrir !

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    • C’est une idée intéressante, d’autant que l’auteure semble être une professeure d’université très calée en littérature… Cela dit, j’ai lu ce Balzac il y a déjà longtemps et je ne m’en souviens pas bien. Il faudrait que je le relise. Avez-vous un blog ?

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